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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Bouvard et Pécuchet, les nouveaux "gentlemen farmers" (Flaubert)

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Repères : thème du ridicule : l'étude

Il a été indiqué dans l'article précédent la rencontre des deux vieux garçons, Bouvard et Pécuchet et le projet de leur vie : s'installer à Chavignolles pour mener des expériences scientifiques.

***

L'horticulture

Nos deux personnages décident de faire le tour de leur propriété, composée d'une ferme et de champs. Il reste qu'ils considèrent comme la priorité absolue l'entretien du jardin. Ils se lancent à corps perdu dans l'horticulture en se basant sur des connaissances purement théoriques. Pour les villageois, le spectacle de deux parisiens en bras de chemise fait sourire, tout autant que leurs techniques agricoles insolites. Ils font des plantations diverses et variées : tout leur semble si prometteur..Ils sont plein d'espoir et forment de nouveaux projets.

«Puisqu’ils s’entendaient au jardinage, ils devaient réussir dans l’agriculture ; – et l’ambition les prit de cultiver leur ferme. Avec du bon sens et de l’étude ils s’en tireraient, sans aucun doute. » (chapitre 2, page 34)

 

L'agriculture

Les deux hommes finissent par reprendre en effet l'exploitation agricole après avoir eu le sentiment -justifié- de se faire duper par les fermiers. Ils décident de se partager le travail. Pécuchet continuera à prendre soin du jardin tandis que Bouvard reprendra la ferme. Les deux hommes qui ne chôment pas s'instruisent mutuellement de leur réussite et de leurs échecs. De leurs échecs surtout, car rien ne fonctionne vraiment comme ils l'espéraient.

Du côté de Pécuchet, les plantations tournent rapidement court : « Les boutures ne reprirent pas ; les greffes se décollèrent ; la sève des marcottes s’arrêta, les arbres avaient le blanc dans leurs racines ; les semis furent une désolation. Le vent s’amusait à jeter bas les rames des haricots. L’abondance de la gadoue nuisit aux fraisiers, le défaut de pinçage aux tomates.

Il manqua les brocolis, les aubergines, les navets – et du cresson de fontaine, qu’il avait voulu élever dans un baquet. Après le dégel, tous les artichauts étaient perdus. » (chapitre 2 page 43)

Du côté de Bouvard, les choses ne vont guère mieux. Surtout depuis que « le délire de l'engrais » (page 47) l'a pris : « Bouvard souriait au milieu de cette infection. Une pompe installée dans un tombereau crachait du purin sur les récoltes. À ceux qui avaient l’air dégoûté, il disait : Mais c’est de l’or ! c’est de l’or. – Et il regrettait de n’avoir pas encore plus de fumiers. Heureux les pays où l’on trouve des grottes naturelles pleines d’excréments d’oiseaux ! Le colza fut chétif, l’avoine médiocre ; et le blé se vendit fort mal, à cause de son odeur. » (chapitre 2, pages 47 et 48)

 

Par ailleurs, avec une conception toute personnelle des choses, Bouvard saigne abusivement les animaux qui meurent lorsque les cochons -eux- prolifèrent en dévastant tout autour d'eux. Tout ceci finit par avoir un coût très élevé et un incendie finit par détourner les deux hommes de l'exploitation de la terre. Les apprentis fermiers ne pensent évidemment pas à tirer de leçons de leurs mésaventures.

Loin de se décourager, ils se lancent dans une nouvelle expérience tout aussi stupéfiante...

 

Repères à suivre : l'étude : Bouvard et Pécuchet, de la chimie à la médecine

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