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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Souvenirs d'école : le point de vue d'un pion...

La littérature a évoqué les acteurs du monde de l'école, les élèves mais aussi ceux que l'on appelle les pions.

thème, école, livres, littérature, Daudet, Pion, le petite chose

 

 Repères : thème de l'école : présentation

Cruauté

Le point de vue d'un surveillant d'internat appelé plus souvent Pion, montre à quel point l'antagonisme entre élèves et professeurs semble insurmontable dans le système éducatif  du XIXème siècle.

La Gazette vous offre un extrait choisi de ces moments terribles, si redoutés par le maître d'internat :

***

«Je pris donc possession de l’étude des moyens...

Je trouvai là une cinquantaine de méchants drôles, montagnards joufflus de douze à quatorze ans, fils de métayers enrichis, que leurs parents envoyaient au collège pour en faire de petits bourgeois, à raison de cent vingt francs par trimestre.

Grossiers, insolents, orgueilleux, parlant entre eux un rude patois cévenol auquel je n’entendais rien, ils avaient presque tous cette laideur spéciale à l’enfance qui mue, de grosses mains rouges avec des engelures, des voix de jeunes coqs enrhumés, le regard abruti, et par là-dessus l’odeur du collège... Ils me haïrent tout de suite, sans me connaître. J’étais pour eux l’ennemi, le Pion ; et du jour où je m’assis dans ma chaire, ce fut la guerre entre nous, une guerre acharnée, sans trêve, de tous les instants.

Ah ! les cruels enfants, comme ils me firent souffrir !... »

Alphonse Daudet, Le Petit chose, chapitre le Pion, 1868, Wikisource.

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P
Un auteur peut faire écho à un autre ... Voici ce que notait Marcel Pagnol sur les pions : " S'ajoutant à nos professeurs et à notre maître d'étude, il y avait d'abord les « pions », qui assuraient la police des récréations, surveillaient le réfectoire, « faisaient l'étude » du jeudi matin, et dirigeaient les « mouvements ». ? " (Marcel Pagnol, Le temps des secrets, 1960, collection Le Livre de Poche, page 314)
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P
Effectivement, pion "n'est guère un poste valorisant à tous niveaux " comme indiqué plus bas par l'auteure de l'article. J'ai été pion de collège pendant six ans et j'ai lu qu'au XIXème siècle, on parlait même de "chien de cour" pour désigner un pion de collège ; expression qui avec le recul s'applique bien à moi car je patrouillais beaucoup dans la cour de récréation, et il m'arrivait parfois d'aboyer après des élèves.
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P
Ancien surveillant d'externat, la lecture de cet article m'a renvoyé à mon passé de pion. Certes, je n'ai pas été confronté comme Daudet au XIXème siècle à de "méchants drôles" mais de façon plus douce, à des collégiennes très malines qui - souvenir cuisant et prégnant pour un ancien pion - me surpassaient et me bernaient constamment...
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L
La jeunesse possède hélas des trésors de malice …j’en suis désolée pour vous !
M
C'est si difficile de faire se rencontrer deux univers qui semblent opposés : le pion est d'emblée perçu comme un adversaire, un ennemi.Mais on doit garder présent à l'esprit que les cerveaux d'enfants sont immatures : avec le recul, j'ai honte de mon caractère dissipé en salle d'étude.Amicalement.
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L
<br /> On a tous des souvenirs d'école dont on est moins fiers... Le fait d'enfermer un professeur et le narguer pendant une heure, ce n'est guère un acte de bravoure surtout quand on est nombreux...Bien<br /> amicalement<br /> <br /> <br />
L
Dur métier !
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L
<br /> Ce n'est guère un poste valorisant à tous niveaux... et pourtant, on en a besoin pour la protection des élèves au sein de l'établissement ! Bonne soirée<br /> <br /> <br />