Analyse-Livres & Culture pour tous
29 Septembre 2009
Le thème de la passion dans la poésie nous mène à la découverte de à Phillis de Marbœuf et la plainte de Marcelline Desbordes-Valmore, Qu'en avez-vous fait ?
Repères: thème de la passion : vers et prose
Deux poésies vous seront proposées, l'une qui compare l'amour à la mer et l'autre qui sous la plume d'une femme prend forme d'une complainte.
Pierre de Marboeuf, poète du 17ème siècle, a eu l'idée ingénieuse de comparer la passion amoureuse pleine de tourments à la mer capricieuse : la beauté du sentiment et le grand large ne doivent pas faire oublier le péril qu'ils font courir...
Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère et l'amour est amer,
L'on s'abîme en amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Pierre de Marbeuf (1596-1645)
La plainte d'une amante délaissée...
Vous aviez mon coeur
Moi, j'avais le vôtre :
Un coeur pour un coeur,
Bonheur pour bonheur !
Le vôtre est rendu,
Je n'en ai plus d'autre ;
Le vôtre est rendu,
Le mien est perdu !
La feuille et la fleur
Et le fruit lui-même,
La feuille et la fleur,
L'encens, la couleur,
Qu'en avez-vous fait,
Mon maître suprême ?
Qu'en avez-vous fait,
De ce doux bienfait ?
Comme un pauvre enfant
Quitté par sa mère,
Comme un pauvre enfant
Que rien ne défend,
Vous me laissez là
Dans ma vie amère,
Vous me laissez là,
Et Dieu voit cela !
Savez-vous qu'un jour
L'homme est seul au monde ?
Savez-vous qu'un jour
Il revoit l'Amour ?
Vous appellerez,
Sans qu'on vous réponde
Vous appellerez,
Et vous songerez!…
Vous viendrez rêvant
Sonner à ma porte,
Ami comme avant,
Vous viendrez rêvant,
Et l'on vous dira :
« Personne !… elle est morte. »
On vous le dira,
Mais, qui vous plaindra ?
Marceline DESBORDES-VALMORE, Élégies (1825)
Repères à suivre: Bibliographie