11 Juin 2025
Bac 2025 : exerçons-nous au commentaire composé en fonction du sujet qui vient juste d'être donné dans un centre étranger. Il s'agit de l'analyse d'un extrait des Essais au chapitre intitulé "Sur l'inégalité des hommes" de Montaigne. Il vous sera proposé tout d'abord l'analyse avec la méthode des 6 GROSSES CLEFS © puis de trouver le bon plan.
repères : temps des examens : sujet corrigé
La Gazette vous a proposé durant l'année des entraînements que vous pouvez retrouver aisément.
Nous voici arrivés au temps des examens : les premiers sujets des centres étrangers viennent de tomber : découvrons ensemble l'extrait du chapitre intitulé "Sur l'inégalité des hommes" tirés des Essais de Montaigne.
Durant toute cette semaine, il vous sera proposé de travailler méthodiquement ce texte pour l'analyser sans faire de contresens et pour en dégager un plan et une problématique.
Il s'agit de la littérature d'idées :
Découvrez le texte et suivez les différentes consignes pour vous permettre de bien l'analyser, avant de trouver un plan.
OBJET D’ETUDE : La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle |
Michel de Montaigne [1553-1592], Essais, « Sur l’inégalité entre les hommes», Livre I, Chapitre 42, translation en français moderne du texte de l’édition de 1595 par Guy de Pernon, 2016, pp. 379-389.
Fin observateur de la nature humaine, Michel de Montaigne confronte souvent sa pensée à celle des Anciens. Dans les lignes qui suivent, il invite le lecteur à réfléchir avec lui et à remettre en cause une mauvaise habitude des hommes.
Mais à propos de l’appréciation des hommes, il est étonnant de voir que, nous mis à part, il n’est aucune chose qui ne soit estimée autrement qu’en vertu de ses qualités propres. Nous vantons un cheval parce qu’il est vigoureux et adroit.
Nous vantons un cheval pour sa vitesse,
pour les palmes facilement remportées,
et ses victoires dans le cirque qui l’applaudit (1) ,
Mais nous ne le vantons point pour son harnais (2). Nous vantons un lévrier (3) pour sa rapidité, non pour son collier ; un faucon dressé pour son vol, et non pour ses courroies et ses lacets (4). Pourquoi, s’agissant d’un homme, ne procédons-nous pas de même en l’estimant pour ce qui lui appartient en propre ? Il mène grand train, il a un beau château, tant de crédit et tant de rente : tout cela est extérieur et non en lui-même. Vous n’achetez pas un chat sans le voir ; si vous marchandez un cheval, vous lui ôtez ses harnais, vous l’examinez nu et à découvert. Et s’il est couvert, comme on le faisait autrefois quand on le vendait aux Princes, ce n’est que sur les parties les moins importantes, pour qu’on n’aille pas s’intéresser à la beauté de son poil ou à la largeur de sa croupe, mais que l’on considère surtout ses pattes, ses yeux, ses pieds, qui sont les éléments les plus importants.
La coutume, pour les rois qui achètent un cheval,
Est de l’examiner couvert, pour que, comme trop souvent,
S’il a belle tête et le pied mou, il ne se laisse attirer
Par une belle croupe, une jolie tête, une fière encolure (5).
Lors pourquoi, pour juger un homme, le jugez-vous tout enveloppé et comme empaqueté ? Il prend bien soin de ne nous montrer que les éléments qui ne sont pas les siens, et nous cache ceux par lesquels seulement on peut vraiment estimer sa valeur. Ce que vous recherchez, c’est le prix de l’épée, non de son fourreau ; et peut-être bien que vous n’en donnerez pas un sou quand vous l’aurez dégainée. Et comme le disait plaisamment un Ancien : « Savez-vous pourquoi vous estimez qu’il est grand ? C’est que vous comptez aussi la hauteur de ses patins (6).» Le socle ne fait pas partie de la statue. Mesurez cet homme sans ses échasses (7) ; qu’il mette à part ses richesses et ses titres, qu’il se présente en chemise : son corps est-il apte à ses fonctions, sain et plein d’entretien ? Quelle âme a-t-il ? Est-elle belle, élevée, et bien pourvue de tous ses éléments ? Est-elle riche de par elle-même, ou tient-elle cela d’autrui ? La chance y est-elle pour quelque chose ? Est-ce que, les yeux grands ouverts, elle affronte les épées que l’on tire ? Est-ce qu’elle se moque de savoir par où la vie peut s’en aller, par la bouche ou par le gosier ? Est-ce qu’elle est sûre d’elle-même, calme et contente de son sort ? C’est là ce qu’il faut voir, c’est par là que l’on peut juger des différences extrêmes qu’il y a entre nous.
Cet homme est-il sage et maître de lui ?
La pauvreté, la mort, les fers, ne le font-ils trembler ?
Peut-il tenir tête à ses passions, mépriser les honneurs,
Rond et poli comme une boucle sur laquelle tout glisse,
Et contre laquelle échouent toujours les coups du sort ? (8)
Un tel homme est alors cinq cents brasses (9) au-dessus des royaumes et des duchés ; il est à lui-même son empire.
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Coloriez selon le code couleurs avec la méthode des 6 GROSSES CLEFS : durée 30 mn (maximum)
Rappel : s’agit de colorier le texte sous six angles à l'aide du moyen mnémotechnique suivant :
6 GROSSES CLEFS
Gr : grammaire C : Conjugaison
OS : oppositions le : champ lexical
SE : les 5 sens FS : figures de style
Mais à propos de l’appréciation des hommes, il est étonnant de voir que, nous mis à part, il n’est aucune chose qui ne soit estimée autrement qu’en vertu de ses qualités propres. Nous vantons un cheval parce qu’il est vigoureux et adroit.
Nous vantons un cheval pour sa vitesse,
pour les palmes facilement remportées,
et ses victoires dans le cirque qui l’applaudit (1) ,
Mais nous ne le vantons point pour son harnais (2) . Nous vantons un lévrier (3) pour sa rapidité, non pour son collier ; un faucon dressé pour son vol, et non pour ses courroies et ses lacets (4) . Pourquoi, s’agissant d’un homme, ne procédons-nous pas de même en l’estimant pour ce qui lui appartient en propre ? Il mène grand train, il a un beau château, tant de crédit et tant de rente : tout cela est extérieur et non en lui-même. Vous n’achetez pas un chat sans le voir ; si vous marchandez un cheval, vous lui ôtez ses harnais, vous l’examinez nu et à découvert. Et s’il est couvert, comme on le faisait autrefois quand on le vendait aux Princes, ce n’est que sur les parties les moins importantes, pour qu’on n’aille pas s’intéresser à la beauté de son poil ou à la largeur de sa croupe, mais que l’on considère surtout ses pattes, ses yeux, ses pieds, qui sont les éléments les plus importants.
La coutume, pour les rois qui achètent un cheval,
Est de l’examiner couvert, pour que, comme trop souvent,
S’il a belle tête et le pied mou, il ne se laisse attirer
Par une belle croupe, une jolie tête, une fière encolure (5) .
Lors pourquoi, pour juger un homme, le jugez-vous tout enveloppé et comme empaqueté ? Il prend bien soin de ne nous montrer que les éléments qui ne sont pas les siens, et nous cache ceux par lesquels seulement on peut vraiment estimer sa valeur. Ce que vous recherchez, c’est le prix de l’épée, non de son fourreau ; et peut-être bien que vous n’en donnerez pas un sou quand vous l’aurez dégainée. Et comme le disait plaisamment un Ancien : « Savez-vous pourquoi vous estimez qu’il est grand ? C’est que vous comptez aussi la hauteur de ses patins (6) .» Le socle ne fait pas partie de la statue. Mesurez cet homme sans ses échasses (7) ; qu’il mette à part ses richesses et ses titres, qu’il se présente en chemise : son corps est-il apte à ses fonctions, sain et plein d’entretien ? Quelle âme a-t-il ? Est-elle belle, élevée, et bien pourvue de tous ses éléments ? Est-elle riche de par elle-même, ou tient-elle cela d’autrui ? La chance y est-elle pour quelque chose ? Est-ce que, les yeux grands ouverts, elle affronte les épées que l’on tire ? Est-ce qu’elle se moque de savoir par où la vie peut s’en aller, par la bouche ou par le gosier ? Est-ce qu’elle est sûre d’elle-même, calme et contente de son sort ? C’est là ce qu’il faut voir, c’est par là que l’on peut juger des différences extrêmes qu’il y a entre nous.
Cet homme est-il sage et maître de lui ?
La pauvreté, la mort, les fers, ne le font-ils trembler ?
Peut-il tenir tête à ses passions, mépriser les honneurs,
Rond et poli comme une boucle sur laquelle tout glisse,
Et contre laquelle échouent toujours les coups du sort ?(8)
Un tel homme est alors cinq cents brasses (9) au-dessus des royaumes et des duchés ; il est à lui-même son empire.
À suivre : résumez maintenant les points principaux vus à partir des 6 grosses clefs (durée : 15 mn maximum)
Grammaire :
4 paragraphes = 4 idées à regrouper en 2 partie
Tournures négatives : procédés rhétoriques destinés à argumenter par la raison : convaincre et non persuader par l'utilisation de moyens logiques : négation = postulat de doute : plus efficace que l’affirmation
Pour susciter l'adhésion du lecteur : également
références classiques par le jeu des citations latines : rappel du fondement de la sagesse des Romains remis à l'honneur à la Renaissance.
Oppositions :
Sens : 3 sens dans le texte
Conjugaison : mode/temps
Champs lexicaux :
Figures de style :
Les registres :
Recherche du plan
Ensuite cherchez le plan à partir du plan type : CII GARE (15 mn) :
1/ Suivez le modèle CIIGARE et commencez par remplir vos sous-parties à partir du résumé des 6 grosses clefs en notant 1A/1B/1C et 2A/2B et 2C = 1 couleur/sous-partie, mais couleur que l'on peut fractionner pour entrer dans plusieurs sous-parties, mais sans jamais se répéter. ex: figures de style et grammaire à diviser ...
2/ donnez ensuite des titres à vos 6 sous parties (déterminant, nom et adjectif : pas trop long)
3/ donnez enfin les titres généraux à vos deux parties I et II : interdiction d'utiliser les mêmes termes que les sous-parties (cf.synonyme)
Titre I |
Titre II |
I.A Cadre spatio-temporel
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II.A Genre : originalité du texte par rapport au genre littéraire considéré (théâtre//théâtre, roman//roman etc.) |
I.B Intérêt évident du texte dans la littérature générale
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II.B Argumentation de l’auteur |
I.C Impressions : les sens
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II.C Registres du texte |
Plan CIIGARE
1° Commencez donc par remplir vos sous-parties à partir du résumé des 6 grosses clefs en suivant le modèle 1A/1B/1C et 2A/2B et 2C = 1 couleur/sous-parties, mais couleur que l'on peut fractionner pour entrer dans plusieurs sous-partie mais sans jamais se répéter.
Renaissance : Montaigne Redécouverte de l’antiquité références classiques : fondement de la sagesse des Romains (Tacite) antiquité, héros, cheval, éducation morale Mode indicatif : présent de Vérité Générale/ Imparfait : référence aux auteurs de l’antiquité romaine, |
A. Genre (originalité dans son genre littéraire) Répétition et redondance : insistance, stratégie pour convaincre futur et futur antérieur : hypothèses Mode subjonctif : réflexion Tournures négatives : procédés rhétoriques destinés à argumenter par la raison : moyen logique : postulat de doute : plus efficace que l’affirmation : adhésion Phrases interrogatives : quel/quelle/ pourquoi est-ce que Connecteurs logiques : mais (conjonction de coordination), parce que, Connecteurs de temps quand (de temps), comme autrefois conclusif : c’est là/ tout cela propositions complexes : la plupart du temps : effet raisonné, réfléchi : alternance des subordonnées, juxtaposées et d'infinitives 1/ subordonnées, a)subordonnées conjonctives complétives b)subordonnées conjonctives circonstancielles : : parce que/quand/comme c)subordonnée conjonctives interrogatives indirectes : si /si : hypothèses d)prop. relatives : qui/qui 2/proposition infinitive : pour (but) 3/ propositions juxtaposées : effet discursif, spontané, accumulation d’idées : Il mène grand train, il a un beau château, tant de crédit et tant de rente : tout cela est extérieur et non en lui-même :
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B intérêt du texte rôle du corps Animaux : corps et aptitude Homme/animaux- Homme/épée (chose) Rapidité/collier - son vol, et non pour ses courroies et ses lacets : aptitude et apparence
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B.Argumentation de l’auteur vantardise Hommes/un homme-, cacher/révéler = extérieur/intérieur Achat/vente/marchandez/ payer prix : commerce Corps/âme : homme : corps et âme Accumulation : démonstration, insistance, exhaustivité : effet général Comparaison : Métaphores : personnification : âme |
C Sens vue : apparence : rôle trompeur, vie en société : extérieur et non l’intériorité Toucher : l’épée : distinction sociale de l’homme éduqué : mort et référence aux héros de l’antiquité et conforme à l’idéal de la Renaissance (gentilhomme) Goût : sens humain : jouissance rabelaisienne gosier
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C Registres registre épique : antiquité, héros, cheval, registre lyrique : citations latines, accumulation poétique registre didactique : citations latines (fondement de la réflexion reprise par Montaigne) registre satirique : critique l’homme : richesse et titres, la vantardise ( patins et échasse) |
Il ne vous reste plus qu'à trouver le titre des sous-parties :
A.Le contexte humaniste
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A. Argumentation par la raison
|
B une comparaison percutante
|
B.critique de l’homme
|
C les sens en éveil
|
C Registres variés
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Enfin le titre des deux parties :
I. La sagesse antique |
II. La satire de l'homme moderne |
A.Le contexte humaniste
|
A. Argumentation par la raison
|
B une comparaison percutante
|
B.critique de l’homme
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C les sens en éveil
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C Registres variés
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NB : Le plan CIIGARE peut aussi se transformer en 3 parties (avec 2 sous-parties/partie) :
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Problématique
Pour finir, il reste à trouver la problématique à partir des I et II ou III : 3 propositions
Comment Montaigne perçoit-il ses contemporains ?
Quelle est la vision de Montaigne de l’époque moderne ?
Avec quelle vision Montaigne peint-il de son époque ?
Rédaction :
Le travail préparatoire est enfin achevé. Pour être dans les temps, il ne doit pas dépasser 1H15 en tout (coloriage, résumé, recherche du plan et problématique).
Il vous reste suffisamment de temps pour rédiger puisque vous avez tout prévu.
Bon courage !