10 Avril 2025
Bac : et si vous profitiez des vacances pour acquérir enfin une méthode qui vous aide à analyser convenablement un commentaire de texte ? Si vous avez l'habitude de travailler avec l'IA, vous allez être démuni le jour du bac. Mais il n'est pas trop tard pour vous y mettre. Inutile de dépenser des fortunes par ailleurs, la Gazette vous propose gratuitement soit de vous reporter aux divers entraînements déjà effectués ou soit de suivre cet entraînement sur 6 jours. Il s'agit d'un exercice allant de l'étude du texte à l'élaboration de son plan avant le choix de la problématique concernant la scène 2 de l’acte I des Fausses Confidences (Marivaux). Vous êtes prêts ?
repères : temps des examens : exercices
Il vous est proposé de suivre un nouvel entraînement en 7 étapes qui vous mènera de manière progressive à travailler :
Aujourd'hui, il vous est demandé tout d'abord de bien lire le paratexte qui se situe avant le texte proprement dit que l'on a tendance à escamoter. Dommage ! Pourquoi ?
Le paratexte nous permet de comprendre le contexte de la scène, ce qui est utile pour une lecture efficace et pour faciliter la rédaction de l'introduction.
Vous aurez compris qu'il n'est plus question de ne pas l'exploiter, sauf à vouloir perdre inutilement des points...
Le voici :
Cette scène d'exposition met en lumière le valet Dubois qui est entré au service d'Amarinte, une jeune veuve riche et séduisante. Dorante, son ancien maître désormais ruiné, nourrit des sentiments amoureux pour la maîtresse de Dubois. Dans le but de favoriser cette entreprise amoureuse, Dubois concocte un plan astucieux : il décide de déguiser Dorante en intendant afin de faciliter leur rencontre.
Dans un deuxième temps, vous allez travailler le texte en le coloriant selon un code couleur qui vous permet :
1/ de comprendre le texte
2/ de l'analyser dans le même temps
3/ de ne pas faire de contresens.
4/ S'agissant d'une pièce de théâtre :
4.1. Comparez les temps de parole :
- qui parle ?
- qui parle le plus ?
- qui parle peu ?
4.2. Quels sont les éléments présents sur la scène ?
- où se situe-t-on ?
- que trouve-t-on sur cette scène ?
4.3. Examinez le jeu de scène :
- qui bouge ?
- qui est debout/assis ?
Quelle est donc la méthode utilisée par la Gazette ? Retrouvons le code couleur de l'acronyme : il s’agit de colorier le texte sous six angles à l'aide du moyen mnémotechnique suivant : cliquez sur chaque clef pour savoir ce que vous devez repérer...
Scène II
DORANTE, DUBOIS, entrant avec un air de mystère.
Dorante.
Ah ! te voilà ?
Dubois.
Oui ; je vous guettais.
Dorante.
J’ai cru que je ne pourrais me débarrasser d’un domestique qui m’a introduit ici et qui voulait absolument me désennuyer en restant. Dis-moi, M. Remy n’est donc pas encore venu ?
Dubois.
Non ; mais voici l’heure à peu près qu’il vous a dit qu’il arriverait. (Il cherche et regarde.) N’y a-t-il là personne qui nous voie ensemble ? Il est essentiel que les domestiques ici ne sachent pas que je vous connaisse.
Dorante.
Je ne vois personne.
Dubois.
Vous n’avez rien dit de notre projet à M. Remy, votre parent ?
Dorante.
Pas le moindre mot. Il me présente de la meilleure foi du monde, en qualité d’intendant, à cette dame-ci dont je lui ai parlé, et dont il se trouve le procureur ; il ne sait point du tout que c’est toi qui m’as adressé à lui : il la prévint hier ; il m’a dit que je me rendisse ce matin ici, qu’il me présenterait à elle, qu’il y serait avant moi, ou que s’il n’y était pas encore, je demandasse une mademoiselle Marton ; voilà tout, et je n’aurais garde de lui confier notre projet, non plus qu’à personne : il me paraît extravagant, à moi qui m’y prête. Je n’en suis pourtant pas moins sensible à ta bonne volonté, Dubois. Tu m’as servi, je n’ai pu te garder, je n’ai pu même te bien récompenser de ton zèle ; malgré cela, il t’est venu dans l’esprit de faire ma fortune. En vérité, il n’est point de reconnaissance que je ne te doive.
Dubois.
Laissons cela, monsieur ; tenez, en un mot, je suis content de vous ; vous m’avez toujours plu ; vous êtes un excellent homme, un homme que j’aime ; et si j’avais bien de l’argent, il serait encore à votre service.
Dorante.
Quand pourrai-je reconnaître tes sentiments pour moi ? Ma fortune serait la tienne ; mais je n’attends rien de notre entreprise, que la honte d’être renvoyé demain.
Dubois.
Eh bien, vous vous en retournerez.
Dorante.
Cette femme-ci a un rang dans le monde ; elle est liée avec tout ce qu’il y a de mieux, veuve d’un mari qui avait une grande charge dans les finances ; et tu crois qu’elle fera quelque attention à moi, que je l’épouserai, moi qui ne suis rien, moi qui n’ai point de bien ?
Dubois.
Point de bien ! votre bonne mine est un Pérou. Tournez-vous un peu, que je vous considère encore ; allons, monsieur, vous vous moquez ; il n’y a point de plus grand seigneur que vous à Paris : voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre affaire est infaillible, absolument infaillible. Il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l’appartement de madame.
Dorante.
Quelle chimère !
Dubois.
Oui, je le soutiens ; vous êtes actuellement dans votre salle et vos équipages sont sous la remise.
Dorante.
Elle a plus de cinquante mille livres de rente, Dubois.
Dubois.
Ah ! vous en avez bien soixante pour le moins.
Dorante.
Et tu me dis qu’elle est extrêmement raisonnable.
Dubois.
Tant mieux pour vous, et tant pis pour elle. Si vous lui plaisez, elle en sera si honteuse, elle se débattra tant, elle deviendra si faible, qu’elle ne pourra se soutenir qu’en épousant ; vous m’en direz des nouvelles. Vous l’avez vue et vous l’aimez ?
Dorante.
Je l’aime avec passion ; et c’est ce qui fait que je tremble.
Dubois.
Oh ! vous m’impatientez avec vos terreurs. Eh ! que diantre ! un peu de confiance ; vous réussirez, vous dis-je. Je m’en charge, je le veux ; je l’ai mis là. Nous sommes convenus de toutes nos actions, toutes nos mesures sont prises ; je connais l’humeur de ma maîtresse ; je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis ; et on vous aimera, toute raisonnable qu’on est ; on vous épousera, toute fière qu’on est ; et on vous enrichira, tout ruiné que vous êtes ; entendez-vous ? Fierté, raison et richesse, il faudra que tout se rende. Quand l’amour parle, il est le maître ; et il parlera. Adieu ; je vous quitte ; j’entends quelqu’un, c’est peut-être M. Remy ; nous voilà embarqués, poursuivons. (Il fait quelques pas, et revient.) À propos, tâchez que Marton prenne un peu de goût pour vous. L’amour et moi, nous ferons le reste.
Les Fausses Confidences de Marivaux (Acte I, scène 2)
repère à suivre : l'analyse corrigée du texte avec la méthode (épisode 2)