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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Le temps et l'espace dans « Pour un oui ou pour un non » (Sarraute)

Bac : seule la confrontation des mots compte dans une conjugaison figée entre le passé et le présent : il n’y a pas de futur possible. On assiste à la mise en évidence du caractère figé des mots à l’image des personnages eux-mêmes figés dans une temporalité bouchée. À l’inverse, l’espace considéré comme un univers mental opposé a pour fonction de signifier l’impossibilité pour les hommes de se comprendre dès lors qu’on se confronte aux mots. Battus en brèche, ces derniers conduisent à la plus profonde des solitudes.

Les intentions ,« Pour un oui ou pour un non », (Sarraute),bac, dispute, théâtre

 

 

Repère : bac : Sarraute 

Rappel de la problématique et du plan :

Qu’est-ce que la dispute dans la pièce de Nathalie Sarraute met en scène?

1. Introduction ;

2. Un balancement continu :

2.1 Les personnages ;

2.2. L’action ;

2.3 La dynamique à l’œuvre ;

3. Les intentions de l’auteure :

3.1 Le rôle du temps et de l’espace ;

3.2 La ponctuation ;

3.3 L’argumentation de N. Sarraute ;

3.4 Les figures de style et les registres.

Après avoir vu le balancement dans cette œuvre, il est temps de comprendre les intentions de l’auteure. Nous le ferons aujourd’hui au travers du rôle du temps et de l’espace.

Structure

Notons, en tout premier lieu, que cette pièce n’est pas découpée en actes ou en scènes, ce qui habituellement offre un cadre spatial (un ou plusieurs lieux au cours des actes, par exemple) et un axe temporel (une progression de l’action dans une journée au moins).

Ici il n’en est rien par la volonté même de l’auteure.

Le rôle du temps

On peut voir que cette pièce est dénuée de temporalité : on ne sait pas à quelle époque nous nous trouvons, ni le moment où cela se passe et nous n’avons par ailleurs aucune notion de durée : la durée de l’amitié ou même de leur éloignement initial, etc.

Nous ne sommes pas en présence de connecteurs de temps, si ce n’est pour évoquer le passé. Là encore l’imprécision est de mise : «l’autre jour» (p.24).

C’est, en outre, une pièce qui joue sur l'opposition passé/présent.

Relevons que la conjugaison dans cette pièce est essentiellement figée à l’indicatif avec l’imparfait, «je voulais te demander» (p 23), le passé composé, «que s’est-il passé?» (p 23), ou le présent «non, je sens qu’il y a quelque chose» (p 23). La relation d’amitié est questionnée au présent à l’aune du passé.

Nulle référence au futur si ce n’est lors de l’épisode avec les voisins «cela ne vous prendra pas longtemps» (p. 31) puisque l’existence de cette relation est précisément sous caution.

Nous avons aussi du conditionnel qui permet d’échafauder des hypothèses : «il m’a dit que peut-être il pourrait demander à quelqu’un…» (p. 33). Enfin nous trouvons également du subjonctif qui est le temps de la pensée, de la résolution : «Cette fois vraiment je crois qu’il vaut mieux que je parte.»

Il s’agit d’une volonté claire de Nathalie Sarraute de décontextualiser totalement cette pièce qui vise l’épure. Seule la confrontation des mots compte. Pourquoi adopte-t-elle cette perspective?

L’entreprise littéraire de l’auteure est attachée à une seule chose : la mise en évidence du caractère figé des mots à l’image des personnages figé dans une temporalité bouchée.

Et quoi de mieux que de les mettre en valeur en rendant abstrait tout ce qui peut faire écran, comme les références au temps et à la durée.

Le rôle de l’espace

S’agissant du cadre spatial, on note paradoxalement sa grande importance : là où le temps est escamoté, l’espace, lui, est omniprésent. Nous sommes ainsi à l’intérieur d’un lieu propice à la conversation. Mais c’est aussi un endroit où la tension se fait palpable. Nous sommes dans un huis clos propice à l’émergence d’une dispute théâtralisée.

Mais c’est par petites touches que l’auteure expose le cadre : on est encore dans l’entreprise d’imprécision déjà caractérisée : «là-bas» (p.33), «ici» (p.34), etc.

 Il faut attendre la page 40 pour que le cadre enfin se précise : H2 ne dit-il pas «tu comprends pourquoi je tiens tant à cet endroit?» (p.40).

Mais ce qui intéresse en réalité Nathalie Sarraute, c’est moins l’espace concret que celui intérieur à l’homme. Elle nous brosse ainsi l’univers mental des deux amis : chacun vit dans son propre monde : «Il n’y a aucune chance que je t’y trouve…/non ni là, ni ailleurs» (p. 39)

«Il faut absolument que tu viennes  (...) est-ce toujours là quelque part hors de nos frontières?" (p. 39)

Le rôle de l’espace a pour fonction de signifier l’impossibilité pour les hommes de se comprendre dès lors qu’on se confronte aux mots. Battus en brèche, ces derniers conduisent à la solitude.

 

concret

abstrait

rôle du temps

Pas de durée exprimée,

brièveté de la pièce

conjugaison : opposition passé/présent

pas de futur

 

 connecteurs de temps flous : 

 

“depuis tant d’années” (p.23)

“toujours été très chic” (p.24)

“l’autre jour” (p.24)

 

 

 rôle du lieu

À l’intérieur d’un lieu : huis clos chez H2 : “‘tu comprends pourquoi je tiens tant à cet endroit?’ (p. 40) 

didascalie : ‘Regarde dehors’ (p.39)

 

 H2 dit rien ne me fera quitter ‘mon trou, j’y suis trop bien’ (p.46)

 

H2 dit : ‘quand je suis chez toi c’est comme la claustrophobie/Du mal à reprendre vie.’ (p. 48)

 

cf. didascalies :

— ” sort et revient avec un couple» (p.31)

 - «se dirige vers la porte. S’arrête à la fenêtre». 

 

 

connecteurs de lieu flous :

«tu étais à l’autre bout du monde» p.24

 

«là-bas, chez lui…» (p 33) 

 

«J’avais moi aussi une place ici chez eux» (p. 34)

 

deux univers intérieurs séparés : 

 

«Il n’y a aucune chance que je t’y trouve…/non ni là, ni ailleurs» (p. 39)

 

«Il faut absolument que tu viennes  (...) est-ce toujours là quelque part hors de nos frontières? p. 39

 

 repère à suivre : La ponctuation

 

 

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