8 Mars 2025
Bac : Il faut noter l’originalité de cette pièce en son ultra-ponctuation qui fonde le principe même de la dispute : de nombreux points d’interrogation souvent en série pour montrer la véritable enquête, sans compromissions, mais aussi l’ironie, de nombreux points d’exclamation pour faire apparaître les tensions et l’ironie, et surtout l’omniprésence des points de suspension soulignant le caractère spontané de la réflexion, mais également les hésitations, les non-dits, la gêne, la cruauté autant de sentiments éprouvés par les deux amis.
Qu’est-ce que la dispute dans la pièce de Nathalie Sarraute met en scène ?
2. Un balancement continu :
3. Les intentions de l’auteure :
3.1 Le rôle du temps et de l’espace ;
3.3 L’argumentation de N. Sarraute ;
3.4 Les figures de style et les registres.
Après l'examen du rôle du temps et de l’espace, il est temps de comprendre les intentions de l’auteure en nous intéressant à l'ultra ponctuation du texte.
On rappelle que cette pièce a été d’abord créée pour la radio. Elle a donc été conçue pour être écoutée : on comprend alors l’importance de la ponctuation, qui s'analyse en une véritable partition musicale, pour percevoir les émotions exprimées par les personnages. Les intonations sont donc rendues essentielles à la compréhension du texte.
Il faut donc noter que l'ultra ponctuation fonde la cohérence même de la dispute :
Type |
Sens premier |
Sens second |
Points d’interrogation
|
Questionnement, enquête « Pourquoi ? dis-moi pourquoi ? » (p.24) |
Ironie « Quelle forêt ? Quelle princesse ? tu divagues » (p.38) |
Points d’exclamation |
Humeur, tension « Je n’étais pas jaloux ! » (p.37) « Non ! » (p.50) |
Ironie « Peur ? Peur ! » (p.46) |
Guillemets |
Locution mise en exergue : mot « condescendant » (p.30) « raté » (p.46) « celui qui rompt pour un oui ou pour non » (p.28) Discours direct : « suis-je la plus belle, dis-moi « (p.38) |
Ironie : "malgré moi les guillemets arrivent" (p 43) |
Points de suspension |
Réflexion en cours, mais hésitations, non-dits, gêne, critique "c’est biiien… ça…"(p27) |
Ironie : "On en trouve partout… tiens ici tout près… mes voisins… des gens très serviables… des gens très bien… tout à fait de ceux qu’on choisit pour les jurys… intègres." (p31) |
Point |
Phrase déclarative "De Verlaine. C’est ça"(p 40) |
Ironie : "C’est dommage que tu ne m’aies pas consulté, j’aurais pu te conseiller sur la façon de rédiger ta demande." (p 29) |
Silence
C’est également une pièce faite de silences comme l’indiquent les deux dernières didascalies à la fin de la pièce.
Le silence reste un langage au-delà des mots : c’est un desserrement des contraintes sémantiques. Il permet ainsi de prendre du recul, de faire baisser la tension : "H2, l’observe un instant. S’approche de lui, lui met la main sur l’épaule : pardonne-moi…" (p. 39)
À l’inverse, le silence permet également de passer à l’action :
"H2 : oui je vois. Un silence. À quoi bon s’acharner ?" (p.48)
Mais cette action mûrie par le silence peut très bien aboutir à l’inaction comme à la fin de la pièce :
"Un silence
H2 : oui ou non ?...
H1 : Ce n’est pourtant pas la même chose…
H2 : En effet : Oui. Ou non.
H1 : Oui
H2 : Non ! (p. 50)"
Dans l’article suivant, nous verrons l’argumentation de l’auteure.
Repère à suivre : l’argumentation de l’auteure.