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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

L’argumentation dans "Pour un oui, pour un non" (Sarraute)

Bac : il s’agit pour Sarraute de redonner vie aux termes, de leur donner un sens plus authentique. On assiste à une sorte d’épurement du langage, au dévoilement de l’homme au travers de ses maladresses langagières. 

L’argumentation,‘Pour un oui, pour un non’, Sarraute, bac, dispute, théâtre

 

Repère : bac : Sarraute 

Rappel de la problématique et du plan :

Qu’est-ce que la dispute dans la pièce de Nathalie Sarraute met en scène?

1. Introduction ;

2. Un balancement continu :

2.1 Les personnages ;

2.2. L’action ;

2.3 La dynamique à l’œuvre ;

3. Les intentions de l’auteure :

3.1 Le rôle du temps et de l’espace ;

3.2 La ponctuation ;

3.3 L’argumentation de N. Sarraute ;

3.4 Les figures de style et les registres.

Il s’agit de montrer les constructions langagières des hommes. Au cœur de ces constructions, on trouve l’inauthenticité.

Caractère figé

L’inauthenticité résulte du caractère figé du terme qui perd tout son sens du fait de la norme sociale. Les préjugés sociaux sont la seule clé de lecture alors que le terme en lui-même est de l’ordre du subjectif et se prête ainsi à différentes interprétations. Tel est le cas si l’on regarde les quatre points d’achoppement de la dispute :

– c’est bien ça : il faut exclure toute idée psychanalytique avec le ‘ça’ dont l’auteur avait particulièrement horreur, sauf à considérer que cette enquête sur ce fameux ‘ça’, loin de régler le problème comme cherche à le faire la psychanalyse, l’aggrave. Cette tournure relève de l'appréciation subjective.

– la condescendance : le mépris des hommes ; il s'agit d'un critère subjectif.

– le bonheur : notion philosophique, là encore notons le critère subjectif,

– la vraie vie : notion philosophique, relevons le critère subjectif.

Dans tous les cas, il est question de concepts abstraits qui sont travaillés par les personnages dans cette dispute.

Sarraute entend redonner vie aux termes, débarrassés de leur tropisme, de leur donner un sens plus authentique.

On assiste alors à une sorte d’épurement du langage, au dévoilement de l’homme au travers de ses maladresses langagières. 

On a vu que H2 commet des abus de langage qui consistent pour lui à faire état de son propre univers. Chacun, en effet, habite un univers intérieur distinct : "Il n’y a aucune chance que je t’y trouve…/non ni là, ni ailleurs" (p. 39).

L’auteur insiste finalement sur la solitude existentielle de l’homme.

On note avec intérêt que la seule chose qui n'est pas discutée entre les amis : c’est l’expression à l’origine du titre de la pièce : pour un oui ou pour un non.

Que signifie donc cette expression ?

Désinvolture

L'expression pour un oui ou pour un non présente un sens passablement péjoratif.

Elle a pour synonyme un caprice, une désinvolture : on peut dire que l’amitié ne serait pas une vertu durable puisqu’elle pourrait être rompue sans motif sérieux.

Dans la pièce, cette expression est employée, en outre, comme un préjugé : c’est une critique sociale. "J'ai appris que j’avais un casier judiciaire où j’étais désigné même "celui qui rompt pour un oui ou pour un non" (p 28).

On retrouve ce même préjugé à la fin de la pièce où il est indiqué : "chacun saura de quoi ils sont capables, de quoi ils peuvent se rendre coupables : ils peuvent rompre pour un oui ou pour un non" (p. 50).

Cette expression aurait pu être discutée entre les amis.

Mais elle ne l’est pas.

On note, en effet, le fait qu’ils s’accordent parfaitement sur la définition.

Pourquoi?

Parce que cette locution est déjà binaire (oui/non) et ne peut logiquement engendrer une tierce notion.

Et pour autant, cette expression mériterait d’être discutée pour savoir si cette amitié peut être rompue avec ou sans motif.

Cependant, ils ne cherchent qu'une chose parfaitement futile : ils veulent seulement savoir s’ils seront condamnés à être vus comme des personnes rompant pour un oui ou pour un non : ils sont donc soumis à un impératif social.

C’est leur point commun, le seul dans toute cette dispute.

Ils ne peuvent pas échapper au regard de l'autre et de la société, c’est pour cela qu’ils cherchent paradoxalement à être d’accord pour ne plus se voir.

Et justement, ils n’y arrivent pas puisqu’à la fin de la pièce, ils sont incapables de s’entendre : la réponse est diamétralement opposée.

On assiste alors à une fragmentation de l’expression, à une libération de l’emprise sociale en quelque sorte.

C’est une liberté langagière.

Le titre de la pièce rend donc compte de cet éclatement, de cette vie…

Repère : les principales figures de style et les registres (Sarraute)

 

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