16 Janvier 2025
Bac : l’acte 3, du Menteur de Corneille voit l'action se situer toujours place royale, mais en début de soirée. Le thème mensonge et comédie se décline autour de Dorante et de Clarisse, s'agissant du mensonge, mais aussi autour de la feinte avec Isabelle et de Lucrèce. Enfin c'est à ce stade de la comédie que le 2e quiproquo s'installe.
repère : le bac : Corneille
Retrouvez l'analyse conforme au parcours mensonge/comédie du Menteur de Corneille, selon la progression suivante :
1. l'introduction à l'œuvre : contexte, origine et nature de la pièce
Continuons, si vous le voulez bien, l'étude de la comédie à l'aide du tableau explicatif des scènes de l'acte III : pour cela, je vous rappelle le code couleur choisi pour vous aider à vous repérer :
vérité
mensonge
quiproquo
artifice
Vous trouverez, après le tableau, l'analyse.
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À l’acte 3, l'action se situe toujours place royale, mais en début de soirée. Le thème mensonge et comédie se décline autour de Dorante et de Clarisse, s'agissant du mensonge, mais aussi autour de la feinte avec Isabelle et de Lucrèce. Enfin c'est à ce stade de la comédie que le 2e quiproquo s'installe. Reprenons, si vous le voulez bien.
Dorante
Dorante qui s'est battu vaillamment en duel avec Alcippe finit par confesser un faux aveu : il indique, en effet, qu'il ne s'agissait pas de Lucrèce à la fête grandiose, mais d'une femme mariée (sc 2v 764). Là où la fête a conduit à la jalousie d'Alcippe, la fête mène maintenant à la réconciliation entre les deux amis : c'est un effet comique puisque dans les deux cas, c'est le même mensonge qui est maintenu.
Le héros cornélien continue dans sa lancée en dissertant sur l'art de mentir qu'il dispense à son valet Cliton. Pour lui, quatre éléments sont nécessaires : “Il faut promptitude, esprit, mémoire, soin, /Ne se brouillez jamais et rougir encore moins.” (Sc 4 v.935).
Clarice
De son côté, Clarice ruse en décidant d’aller chez Lucrèce, sa voisine (scène 3). Nous avons aussi le 2e quiproquo qui se met en place depuis celui de l’acte I, scène 3 au cours duquel Dorante se méprenait entre les deux jeunes filles. D’ailleurs, Clarice alimente ce quiproquo en se faisant passer pour Lucrèce aux yeux de Dorante.
Elle le met à l'épreuve en évoquant ses trois mensonges. Mais elle en crée un second, sans le savoir, dans la mesure où elle ne sait pas que Dorante les confond. On obtient ainsi un double quiproquo qui est parfaitement symétrique. Clarice ne sait pas qu’en réalité les déclarations d’amour à Lucrèce lui sont destinées.
Jalouse, elle le congédie, en le traitant de menteur. On a donc un double quiproquo réciproque, dans ce trio amoureux. L'effet comique repose sur le procédé utilisé par Dorante qui consiste à dire la vérité. Cette dernière n'est pas comprise pire, elle lui est reprochée sans qu'il en comprenne les raisons. Il se trouve ainsi victime de la vérité qu'il a combattue jusqu'alors. Il est découragé, ce qui n’est pas dans sa nature.
Lucrèce
On a aussi une feinte inattendue de Lucrèce et jusque là était silencieuse.
On apprend à la scène 3 dans la bouche et d'Isabelle que Lucrèce s'est empressée de rédiger la lettre de rendez-vous. La suivante laisse ainsi entendre que l'amitié des deux amies se trouve aux prises avec une rivalité amoureuse. Dorante ne laisserait pas indifférente Lucrèce. Ce point nous est confirmé à la scène 5 lorsqu'elle enjoint son amie de parler à sa place : « “Mais parle sous mon nom, c'est à moi de me taire” (Sc 5 V 942).
Lucrèce joue donc un rôle actif dans le travestissement de la vérité. Elle assiste aussi à la scène en silence prenant pour elle les mots d’amour prononcés par Dorante. « Plût à Dieu », aveu d’amour assorti de la didascalie, « en elle-même » au vers 1033.
Notons aussi le rôle d’Isabelle.
Isabelle
C'est à elle qu’échoit le rôle d'expliquer l'art de la séduction à la place de Dorante. Elle tente de convaincre sa maîtresse que les mensonges de Dorante constituent un aveu d’amour (sc 3 v 859).
Vérité
Dans notre thème mensonge et comédie, il convient de relever l'importance dans cet acte des moments de vérité qui font avancer l’action.
On a ainsi Le duo d'amis, Alcippe et Philiste. Le premier ne peut pas croire au mensonge de Dorante compte tenu de sa vaillance durant le duel. Cela constitue un brevet d’honorabilité : « La valeur n'apprend point la fourbe en son école/Tout homme de courage est homme de parole.” (Sc 2 v 813/814). On retrouve le rapport aristocratique entre la parole donnée et le courage.
Mais il n’est pas partagé par Dorante puisque s’il est effectivement brave, il ne peut s’empêcher de mentir. Et Philiste partage ce point de vue avec Dorante puisqu’il a découvert toutes ses affabulations, “machine” (Acte III, scène2).
Nous avons aussi les 3 mensonges de Dorante (soldat/durées -4 ans et 1 an- mariage secret) qui sont mis à jour par Clarice et connus dès lors de Lucrèce ainsi que leurs deux servantes. Dans un prochain article, nous verrons l'avancement de l'action à l'acte IV
Repère à suivre : compréhension de l'acte IV