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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Le commentaire composé façon ChatGPT

Bac  et IA  : ChatGPT et l'épreuve de  français au bac. Voici un test effectué par la Gazette avec le poème Une Charogne de Baudelaire. Vous trouverez la question posée ainsi que le commentaire composé effectué par le Chatbot. L'IA peut-il nous aider à mieux comprendre un texte, à l'analyser correctement ? Peut-il enfin remplacer le cerveau humain ? À vous de me le dire dans un commentaire...

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ChatGPT

repères : temps des examens : exercices

Entraînement par IA

Comme vous le savez, la Gazette propose des entraînements durant l'année sur le commentaire composé et la dissertation.

Cette fois-ci, elle a choisi de solliciter, comme bon nombre d'élèves, ChatGPT pour l'analyse d'un poème de Baudelaire. 

L'exercice a pour objet de vous permettre de mesurer les bénéfices et/ou les inconvénients de l'intelligence artificielle.

Il faut expérimenter le système utilisé couramment sans se voiler la face ou émettre des jugements de valeur.

C'est ce que je vous propose très concrètement, sans a priori : on sait que les enseignants se plaignent de l'utilisation de l'IA dans les devoirs donnés.

Voyons si en français, on a raison de craindre son effet.

De manière plus générale, la question qui se pose est celle de savoir si l'IA peut remplacer votre cerveau et si l'épreuve de français a encore un intérêt à plus ou moyen terme.

C'est à vous de vous en rendre compte en lisant la copie de ChatGPT !

Dans un prochain article, je vous donnerai ma position sur la question avec l'étude entreprise avec ma propre méthode.

Question

Voici la question posée avant l'insertion du poème dans son intégralité : 

Peux tu me faire le commentaire composé de ce poème :

Baudelaire

Une charogne

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,

Ce beau matin d'été si doux :

Au détour d'un sentier une charogne infâme

Sur un lit semé de cailloux,

 

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,

Brûlante et suant les poisons,

Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique

Son ventre plein d'exhalaisons.

 

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,

Comme afin de la cuire à point,

Et de rendre au centuple à la grande Nature

Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

 

Et le ciel regardait la carcasse superbe

Comme une fleur s'épanouir.

La puanteur était si forte, que sur l'herbe

Vous crûtes vous évanouir.

 

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,

D'où sortaient de noirs bataillons

De larves, qui coulaient comme un épais liquide

Le long de ces vivants haillons.

 

Tout cela descendait, montait comme une vague,

Ou s'élançait en pétillant ;

On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,

Vivait en se multipliant.

 

Et ce monde rendait une étrange musique,

Comme l'eau courante et le vent,

Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique

Agite et tourne dans son van.

 

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,

Une ébauche lente à venir,

Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève

Seulement par le souvenir.

 

Derrière les rochers une chienne inquiète

Nous regardait d'un oeil fâché,

Epiant le moment de reprendre au squelette

Le morceau qu'elle avait lâché.

 

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,

A cette horrible infection,

Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,

Vous, mon ange et ma passion !

 

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,

Après les derniers sacrements,

Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,

Moisir parmi les ossements.

 

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine

Qui vous mangera de baisers,

Que j'ai gardé la forme et l'essence divine

De mes amours décomposés !

Baudelaire, Les Fleurs du mal, Spleen et Idéal, (1857)

 

Copie de l'IA

Voici la copie de ChatGPT :

Le poème "Une charogne" de Charles Baudelaire, extrait de Les Fleurs du mal (1857), s'inscrit dans le cadre plus large de la poésie baudelairienne, où l'évocation de la beauté et de la sensualité est souvent confrontée à la réalité brute de la mort, de la décadence et de la pourriture. Il s'agit ici d'un poème qui mêle une forte charge symbolique à une esthétique macabre, tout en explorant des thèmes profonds de la condition humaine. Le commentaire composé de ce poème peut se structurer autour des axes suivants :

1. La confrontation entre la beauté et la dégradation : une esthétique du grotesque

Le poème s’ouvre sur une scène d’une grande puissance visuelle : une charogne en décomposition, découverte lors d’une promenade d’été. Dès les premiers vers, Baudelaire nous invite à "rappeler" l'image d'un corps en décomposition, une charogne "infâme", dont la beauté apparente s'effondre au contact du réel de la dégradation.

  • Le contraste esthétique : Le poème commence par une description violente de la charogne, qui contraste immédiatement avec l’idée d’un "beau matin d'été si doux". Ce décalage souligne la confrontation entre la beauté et la dégradation. Le terme "infâme" est particulièrement fort, il désigne non seulement la pourriture physique mais aussi une corruption morale.

  • La charogne comme reflet de la beauté humaine : Cependant, cet objet repoussant devient un miroir de la condition humaine. En effet, Baudelaire invite son lecteur à voir dans cette dégradation corporelle une métaphore du destin inéluctable de tout être humain : la mort et la pourriture. La "charogne" n'est pas qu'un simple cadavre animal, elle est l'image de l'homme, de la beauté en déclin.

2. Une sensualité morbide : l'irruption du désir dans la mort

L’esthétique macabre du poème n’empêche pas Baudelaire d’y injecter une sensualité étrange, qui fait le lien entre le corps humain et la mort. Cette sensualité se déploie dans des images fortes et provocantes.

  • Les métaphores sexuelles : La charogne est décrite dans des termes clairement sexuels : "Les jambes en l'air, comme une femme lubrique", "Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique". Ces métaphores déplacent l’image de la décomposition vers un champ d’expression sexuelle. Le corps putréfié est ainsi perçu comme une image de la sexualité déviante et dégradée. Le poème met en scène une vision de la sensualité qui n’est pas celle d’un corps pur et beau, mais d’un corps qui se transforme en une chair décomposée.

  • L'ironie et le cynisme : Le poème joue sur un paradoxe cruel : le corps mort, sur le point de se décomposer totalement, suscite chez le poète une admiration ambiguë, voire une sorte de fascination. En cela, la sensualité devient un vecteur de la mort et de la dégradation, et l’on pourrait y voir une critique de l’hypocrisie de la société bourgeoise, qui dénie la dimension charnelle et mortelle du corps humain.

3. La nature et l'imaginaire baudelairien : une symbiose entre mort et création

Le poème évoque également une réflexion sur la nature, la création artistique et la destinée des êtres humains, en recourant à plusieurs images puissantes qui mettent en lumière la relation entre la vie et la mort, le corps et l’esprit.

  • Le rôle du soleil et de la nature : Le soleil est présent dans le poème comme une force créatrice, mais aussi destructrice. Il "rayonne sur cette pourriture", comme pour la "cuire à point", métaphore qui souligne l'idée que la nature est à la fois le creuset de la vie et de la mort. Il y a une indifférence de la nature à l'égard de la décomposition, une sorte de cycle immuable où la beauté de la nature s'associe à la ruine du corps.

  • La musique de la décomposition : Les bruits des mouches, des larves, la "musique étrange" qui se dégage de la décomposition sont une manière pour Baudelaire de montrer que la mort n'est pas silence, mais un bruit organique, une pulsation. La nature se fait entendre à travers la décomposition, et le poème suggère que, dans cette musique, il y a quelque chose de rythmique et presque artistique, une forme de création qui émane de la pourriture.

  • La réflexion sur l'art et la mémoire : L’idée d'une "toile oubliée" fait écho à la manière dont l'art capture l'instant, mais aussi à la notion de souvenir, d’éphémérité. La charogne, par son apparition dégradée, se transforme en une "ébauche lente", dans un processus de transformation, de décomposition qui renvoie à l'idée baudelairienne de la beauté éphémère et dégradée.

4. L’inexorable destinée humaine : la fin de la beauté

Le poème se clôt sur une résonance particulièrement forte, où la beauté humaine, personnifiée sous l'image d’un être aimé, est comparée à la charogne, une sorte d'invitation à méditer sur la vanité de l'existence humaine et la dégradation inéluctable de la beauté.

  • Le renversement du regard amoureux : L’appel à la "reine des grâces" à la fin du poème est bouleversant. L’élévation d’un être aimé au statut de "reine des grâces" contraste avec l’inéluctabilité de la mort, qui est déjà inscrite dans le corps. Cette transformation du corps humain en charogne suggère une réflexion sur la fugacité de la beauté et sur la manière dont l'amour, dans son élan passionné, peut se heurter à la finitude de l'existence. L’image de la "vermine" qui mangera le corps est une représentation crue de la dégradation du corps aimé, un corps voué à la pourriture.

  • L’amour et la mort : La dernière phrase du poème est à la fois dérangeante et sublime : "j’ai gardé la forme et l’essence divine de mes amours décomposés". Elle exprime la confrontation entre le désir, la mort et l’amour. La "forme et l’essence divine" du corps aimé, tout en étant mangée par la vermine, reste dans la mémoire du poète. Ce paradoxe entre la dégradation physique et la préservation de l’amour dans la mémoire peut être vu comme une manière pour Baudelaire d’explorer l’idée que la beauté, même en se décomposant, garde en elle une essence métaphysique qui échappe à la simple matérialité de la mort.

Conclusion

Dans "Une charogne", Baudelaire pousse la poésie vers une confrontation crue entre l’art, la beauté et la mort. La charogne devient un lieu de réflexion sur l’éphémère et la transformation, une métaphore de la condition humaine qui condamne chaque être vivant à la dégradation physique, mais aussi un moyen pour l’artiste de transcender cette réalité à travers la poésie. Le poème interroge ainsi la relation complexe entre la beauté, le désir, la mort et la création artistique, tout en portant une réflexion sur la nature irréversible de la décomposition et de la finitude humaine.

 

 

 

 

 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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