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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Bac 2025 : sujets donnés de commentaire composé

Bac : dernier entraînement avec des sujets de commentaire donnés dans des centres étrangers :

Lisez ces textes et travaillez vos compétences à l'aide de la to-do list prévue à cet effet avant de découvrir, durant la semaine, l'analyse et le plan de la Gazette.  À vos crayons !

bac 2024, épreuve anticipée, francais

 

repères : temps des examens : sujets corrigés

Dernier entraînement

La Gazette vous a proposé durant l'année des entraînements que vous pouvez retrouver aisément.

Nous voici arrivés au temps des examens : les premiers sujets des centres étrangers viennent de tomber.

Voici trois sujets de commentaire composé tirés des œuvres suivantes :

Durant toute cette semaine, il vous sera proposé un dernier entraînement sur ces deux sujets pour que vous soyez à l'aise le jour de l'examen.

Il vous est demandé de vous reporter à la to-do list  avant de colorier les deux textes selon la méthode des GROSSES CLEFS © et avant que vous ne vous lanciez dans le plan type CIIGARE.

Par ailleurs, relisez les fiches de révision :

Musset

Le comte et la marquise se connaissent bien. Il est venu lui rendre visite, alors qu'elle attend des amis. Il a quelque chose à lui dire…

"(...)

Le comte.

Vous riez de tout ; mais, sincèrement, serait-il possible que, depuis un an, vous voyant presque tous les jours, faite comme vous êtes, avec votre esprit, votre grâce et votre beauté…

La marquise.

Mais mon Dieu ! c’est bien pis qu’une phrase, c’est une déclaration que vous me faites là. Avertissez au moins : est-ce une déclaration, ou un compliment de bonne année ?

Le comte.

Et si c’était une déclaration ?

La marquise.

Oh ! c’est que je n’en veux pas ce matin. Je vous ai dit que j’allais au bal, je suis exposée à en entendre ce soir ; ma santé ne me permet pas ces choses-là deux fois par jour.

Le comte.

En vérité, vous êtes décourageante, et je me réjouirai de bon cœur quand vous y serez prise à votre tour.

La marquise.

Moi aussi, je m’en réjouirai. Je vous jure qu’il y a des instants où je donnerais de grosses sommes pour avoir seulement un petit chagrin. Tenez, j’étais comme cela pendant qu’on me coiffait, pas plus tard que tout à l’heure. Je poussais des soupirs à me fendre l’âme, de désespoir de ne penser à rien.

Le comte.

Raillez, raillez ! Vous y viendrez.

La marquise.

C’est bien possible ; nous sommes tous mortels. Si je suis raisonnable, à qui la faute ? Je vous assure que je ne me défends pas.

Le comte.

Vous ne voulez pas qu’on vous fasse la cour ?

La marquise.

Non. Je suis très bonne personne, mais quant à cela, c’est par trop bête. Dites-moi un peu, vous qui avez le sens commun, qu’est-ce que signifie cette chose-là : faire la cour à une femme ?

Le comte.

Cela signifie que cette femme vous plaît, et qu’on est bien aise de le lui dire.

La marquise.

À la bonne heure ; mais cette femme, cela lui plaît-il, à elle, de vous plaire ? Vous me trouvez jolie, je suppose, et cela vous amuse de m’en faire part. Eh bien, après ? Qu’est-ce que cela prouve ? Est-ce une raison pour que je vous aime ? J’imagine que, si quelqu’un me plaît, ce n’est pas parce que je suis jolie. Qu’y gagne-t-il à ces compliments ? La belle manière de se faire aimer que de venir se planter devant une femme avec un lorgnon, de la regarder des pieds à la tête, comme une poupée dans un étalage, et de lui dire bien agréablement : Madame, je vous trouve charmante ! Joignez à cela quelques phrases bien fades, un tour de valse et un bouquet, voilà pourtant ce qu’on appelle faire sa cour. Fi donc ! Comment un homme d’esprit peut-il prendre goût à ces niaiseries-là ? Cela me met en colère, quand j’y pense.

Le comte.

Il n’y a pourtant pas de quoi se fâcher.

La marquise.

Ma foi, si. Il faut supposer à une femme une tête bien vide et un grand fonds de sottise, pour se figurer qu’on la charme avec de pareils ingrédients. Croyez-vous que ce soit bien divertissant de passer sa vie au milieu d’un déluge de fadaises, et d’avoir du matin au soir les oreilles pleines de balivernes ? Il me semble, en vérité, que, si j’étais homme et si je voyais une jolie femme, je me dirais : Voilà une pauvre créature qui doit être bien assommée de compliments. Je l’épargnerais, j’aurais pitié d’elle, et, si je voulais essayer de lui plaire, je lui ferais l’honneur de lui parler d’autre chose que de son malheureux visage. Mais non, toujours : Vous êtes jolie, et puis : Vous êtes jolie, et encore jolie. Eh, mon Dieu ! on le sait bien. Voulez-vous que je vous dise ? vous autres hommes à la mode, vous n’êtes que des confiseurs déguisés.

Le comte.

Eh bien ! madame, vous êtes charmante, prenez-le comme vous voudrez.

On entend la sonnette.

On sonne de nouveau ; adieu, je me sauve.

Il se lève et ouvre la porte. (...)"

 

Alfred de Musset, Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée (1845)

https://fr.wikisource.org/wiki/Il_faut_qu%E2%80%99une_porte_soit_ouverte_ou_ferm%C3%A9e_(Charpentier,_1888)

analyse méthodique de Musset et plan

Romain Gary

Lorsqu'il avait dix ans, alors qu'il jouait dans les environs de la ferme où il vit, le narrateur a rencontré une jeune fille dont il est immédiatement tombé amoureux : Elisabeth de Bronicka, surnommée Lila, en vacances dans une maison de famille. Quatre années plus tard, il est invité chez elle; l'extrait s'ouvre au moment où, après ces retrouvailles, il rentre chez lui.

    "Je rentrai chez moi résolu à devenir “quelqu'un”, et ce dans les plus brefs délais, de préférence avant le départ de mes nouveaux amis (1), ce qui se traduisit par une forte fièvre : je dus garder le lit pendant plusieurs jours. Au cours de mon délire, je découvris en moi le pouvoir de conquérir les galaxies et recueillis des lèvres de Lila un baiser en guise de re- merciement. Je me souviens qu'au retour d'une planète particulièrement hostile, après une expédition au cours de laquelle j'avais fait cent mille prisonniers nubiens(2) - j'ignorais le sens du mot nubien, mais il me paraissait convenir admirablement à ces prédateurs interstellaires- j'avais revêtu, afin d'offrir mon nouveau royaume en hommage à Lila, un costume si chargé de pierreries, qu'il y eut soudain parmi les plus brillantes étoiles une véritable panique, à la vue de cet intense rayonnement qui montait d'une terre n'ayant tenu jusque-là qu'une place très modeste parmi les années-lumière.

Ma maladie prit fin de la plus douce des façons. Il faisait très sombre dans ma chambre ; les volets étaient fermés, les rideaux tirés, car on craignait que la rougeole (3) ne se déclarât brutalement après ces quelques jours d'hésitation et, à cette époque, un des aspects du traitement était de garder le malade dans le noir, afin de protéger ses yeux. Le docteur Gardieu se montrait d'autant plus inquiet que j'avais déjà quatorze ans et la rougeole avait du retard. Il devait être midi, à en juger par la lumière qui s'engouffra dans la chambre lorsque la porte s'ouvrit et Lila apparut, suivie par le chauffeur, Mr. Jones, les bras chargés d'une énorme corbeille de fruits ; derrière elle venait mon oncle, qui ne cessait de mettre en garde Mademoiselle contre le risque de fatale contagion. Lila resta un moment à la porte et, malgré mon extrême émoi (4), je ne pus m'empêcher de sentir ce qu'il y avait de prémédité dans cette pose qu'elle gardait sur fond de clarté, jouant d'une main avec sa chevelure. S'il s'agissait bien de moi dans cette visite, il y avait là avant tout un moment théâtral, celui d'une jeune fille amoureuse qui vient se pencher sur le lit d'un mourant, ce qui, sans exclure  réellement l'amour et la mort, les faisait néanmoins passer au rang d'accessoires. Pendant que le chauffeur déposait sur la table la corbeille de fruits exotiques, Lila garda encore quelques instants sa pose, puis traversa vivement la chambre, vint se pencher sur moi et m'effleura la joue d'un baiser, cependant que mon oncle rappelait une fois de plus à Made- moiselle la puissance saisissante et néfaste des microbes dont mon corps était peut-être chargé.

- Tu ne vas quand même pas mourir de maladie ? me demanda-t-elle, comme si elle attendait de moi quelque tout autre et admirable façon de quitter la terre.

-Ne me touche pas, tu vas peut-être l'attraper.

Elle s'assit sur le lit.

- À quoi ça sert d'aimer quelqu'un, si on a peur de l'attraper ?

Une vague de bonne chaleur me monta à la tête.”

Romain GARY [1914-1980], Les Cerfs-volants, Chapitre VI, 1980.

______________

1. mes nouveaux amis : le narrateur désigne ainsi la famille de Lila qu'il vient de rencontrer.

2. nubiens: peuple d'Afrique du Nord-Est.

3. rougeole: maladie infantile potentiellement mortelle, que l'on craignait particulièrement avant la généralisation de la vaccination.

4. émoi : émotion vive, trouble, agitation.

 

repère à suivre : entraînement Gary 

OBJET D’ETUDE : La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècl

 

Michel de Montaigne [1553-1592], Essais, « Sur l’inégalité entre les hommes», Livre I, Chapitre 42, translation en français moderne du texte de l’édition de 1595 par Guy de Pernon, 2016, pp. 379-389.

Fin observateur de la nature humain, Michel de Montaigne confronte souvent sa pensée à celle des Anciens. Dans les lignes qui suivent, il invite le lecteur à réfléchir avec lui et à remettre en cause une mauvaise habitude des hommes.

Mais à propos de l’appréciation des hommes, il est étonnant de voir que, nous mis à part, il n’est aucune chose qui ne soit estimée autrement qu’en vertu de ses qualités propres. Nous vantons un cheval parce qu’il est vigoureux et adroit.

Nous vantons un cheval pour sa vitesse,

pour les palmes facilement remportées,

et ses victoires dans le cirque qui l’applaudit (1) ,

Mais nous ne le vantons point pour son harnais (2) . Nous vantons un lévrier (3) pour sa rapidité, non pour son collier ; un faucon dressé pour son vol, et non pour ses courroies et ses lacets (4) . Pourquoi, s’agissant d’un homme, ne procédons-nous pas de même en l’estimant pour ce qui lui appartient en propre ? Il mène grand train, il a un beau château, tant de crédit et tant de rente : tout cela est extérieur et non en lui-même. Vous n’achetez pas un chat sans le voir ; si vous marchandez un cheval, vous lui ôtez ses harnais, vous l’examinez nu et à découvert. Et s’il est couvert, comme on le faisait autrefois quand on le vendait aux Princes, ce n’est que sur les parties les moins importantes, pour qu’on n’aille pas s’intéresser à la beauté de son poil ou à la largeur de sa croupe, mais que l’on considère surtout ses pattes, ses yeux, ses pieds, qui sont les éléments les plus importants.

La coutume, pour les rois qui achètent un cheval,

Est de l’examiner couvert, pour que, comme trop souvent,

S’il a belle tête et le pied mou, il ne se laisse attirer

Par une belle croupe, une jolie tête, une fière encolure (5) .

Lors pourquoi, pour juger un homme, le jugez-vous tout enveloppé et comme empaqueté ? Il prend bien soin de ne nous montrer que les éléments qui ne sont pas les siens, et nous cache ceux par lesquels seulement on peut vraiment estimer sa valeur. Ce que vous recherchez, c’est le prix de l’épée, non de son fourreau ; et peut-être bien que vous n’en donnerez pas un sou quand vous l’aurez dégainée. Et comme le disait plaisamment un Ancien : « Savez-vous pourquoi vous estimez qu’il est grand ? C’est que vous comptez aussi la hauteur de ses patins (6) .»  Le socle ne fait pas partie de la statue. Mesurez cet homme sans ses échasses (7) ; qu’il mette à part ses richesses et ses titres, qu’il se présente en chemise : son corps est-il apte à ses fonctions, sain et plein d’entretien ? Quelle âme a-t-il ? Est-elle belle, élevée, et bien pourvue de tous ses éléments ? Est-elle riche de par elle-même, ou tient-elle cela d’autrui ? La chance y est-elle pour quelque chose ? Est-ce que, les yeux grands ouverts, elle affronte les épées que l’on tire ? Est-ce qu’elle se moque de savoir par où la vie peut s’en aller, par la bouche ou par le gosier ? Est-ce qu’elle est sûre d’elle-même, calme et contente de son sort ? C’est là ce qu’il faut voir, c’est par là que l’on peut juger des différences extrêmes qu’il y a entre nous.

Cet homme est-il sage et maître de lui ?

La pauvreté, la mort, les fers, ne le font-ils trembler ?

Peut-il tenir tête à ses passions, mépriser les honneurs,

Rond et poli comme une boucle sur laquelle tout glisse,

Et contre laquelle échouent toujours les coups du sort ?(8)

Un tel homme est alors cinq cents brasses (9) au-dessus des royaumes et des duchés ; il est à lui-même son empire.

__________________________

  1. Citation de Juvénal, poète satirique romain du la fin du 1 er siècle et du début du IIe siècle ap. J.-C.
  2.  Harnais : équipement qui permet de lier un cheval à un dispositif à tracter.
  3. Lévrier : race de chien longiligne et très musclé, au corps souple et léger, bâti pour la course.
  4. Ses courroies et ses lacets : éléments dont se servent les fauconniers pour immobiliser leur oiseau de proie.
  5. Citation de Horace, poète latin [65 ab. J.-C. – 8 av. J.-C.].
  6. Citation de Horace, poète latin [65 av. J.-C. – 8 av. J.-C.]
  7.  Échasses : pièces longilignes, généralement en bois, que l’on ajoute sous les pieds pour gagner en hauteur.
  8. Citation de Horace, poète latin [65 av. J.-C. – av. J.-C.]
  9. Cinq cents brasses : signifie ici qu’un tel homme est très au-dessus. La brasse est une unité de mesure.

repère à suivre : analyse, correction, plan et problématique (en cours)

Jules BARBEY D’AUREVILLY, L’Ensorcelée, extrait du chapitre 1, 1854

Ce texte évoque la lande normande de Lessay, paysage désertique dans lequel se déroule le récit.

Placé entre la Haie-du-Puits et Coutances, ce désert normand, où l’on ne rencontrait ni arbres, ni maisons, ni haies, ni traces d’homme ou de bêtes que celles du passant ou du troupeau du matin dans la poussière, s’il faisait sec, ou dans l’argile détrempée du sentier, s’il avait plu, déployait une grandeur de solitude et de tristesse désolée qu’il n’était pas facile d’oublier. La lande, disait-on, avait sept lieues1 de tour. Ce qui est certain, c’est que, pour la traverser en droite ligne, il fallait à un homme à cheval et bien monté2 plus d’une couple d’heures. Dans l’opinion de tout le pays, c’était un passage redoutable. Quand de Saint-Sauveur-le-Vicomte, cette bourgade jolie comme un village d’Écosse et qui a vu Du Guesclin3 défendre son donjon contre les Anglais, ou du littoral de la presqu’île, on avait affaire à Coutances et que, pour arriver plus vite, on voulait prendre la traverse, car la route départementale et les voitures publiques n’étaient pas de ce côté, on s’associait plusieurs pour passer la terrible lande ; et c’était si bien en usage qu’on citait longtemps comme des téméraires, dans les paroisses, les hommes, en très petit nombre, il est vrai, qui avaient passé seuls à Lessay de nuit ou de jour.

On parlait vaguement d’assassinats qui s’y étaient commis à d’autres époques. Et vraiment, un tel lieu prêtait à de telles traditions. Il aurait été difficile de choisir une place plus commode pour détrousser un voyageur ou pour dépêcher4 un ennemi. L’étendue, devant et autour de soi, était si considérable et si claire qu’on pouvait découvrir de très loin, pour les éviter ou les fuir, les personnes qui auraient pu venir au secours des gens attaqués par les bandits de ces parages, et, dans la nuit, un si vaste silence aurait dévoré tous les cris qu’on aurait poussés dans son sein. Mais ce n’était pas tout.

 Si l’on en croyait les récits des charretiers qui s’y attardaient, la lande de Lessay était le théâtre des plus singulières apparitions. Dans le langage du pays, il y revenait. Pour ces populations musculaires, braves et prudentes, qui s’arment de précautions et de courage contre un danger tangible5 et certain, c’était là le côté véritablement sinistre et menaçant de la lande, car l’imagination continuera d’être, d’ici longtemps, la plus puissante réalité qu’il y ait dans la vie des hommes. Aussi cela seul, bien plus que l’idée d’une attaque nocturne, faisait trembler le pied de frêne6 dans la main du plus vigoureux gaillard qui se hasardait à passer Lessay à la tombée.

1 Une lieue : unité de longueur valant 4 kilomètres.

2 Un homme à cheval et bien monté : qui voyage en montant un bon cheval.

3 Du Guesclin : célèbre guerrier du XIVe siècle.

4 Dépêcher : en finir avec quelqu’un en le tuant.

5 Tangible : perceptible.

6 Pied de frêne : bâton de bois utilisé pour assommer ou tuer quelqu’un.

 

repère à suivre : analyse, plan et problématique

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