Analyse-Livres & Culture pour tous
6 Mai 2024
Opération Nana : durant sept jours, la Gazette vous propose un entraînement au commentaire composé avec un extrait du chapitre 7 de ce célèbre roman de Zola. Cet exercice repose sur la maîtrise d'une méthode simple qui vous aidera à trouver facilement des éléments d'analyse. Il s'agit de la méthode des 6 Grosses clefs débouchant, elle-même, sur l'utilisation d'un plan type qui vous fera gagner du temps. Aujourd'hui, voyons les aspects grammaticaux qui font souvent défaut aux candidats alors qu'ils sont déterminants...
repères : temps des examens : exercices
Retrouvez le flash mémo pour tout comprendre sur la méthode : Il s’agit de colorier le texte de six manières à l'aide du moyen mnémotechnique des 6 Grosses clefs. L'entraînement est décomposé en 7 étapes pour que vous puissiez suivre pas à pas la méthode :
Vous ne devez faire en aucun cas un catalogue, ce qui vous oblige à colorier l'essentiel : je vous rappelle que vous devez donc rechercher ce qui change et ce qui surprend (original). Voici donc la correction de la partie grammaire :
Alors, il leva les yeux. Nana s’était absorbée dans son ravissement d’elle-même. Elle pliait le cou, regardant avec attention dans la glace un petit signe brun qu’elle avait au-dessus de la hanche droite ; et elle le touchait du bout du doigt, elle le faisait saillir en se renversant davantage, le trouvant sans doute drôle et joli, à cette place. Puis, elle étudia d’autres parties de son corps, amusée, reprise de ses curiosités vicieuses d’enfant. Ça la surprenait toujours de se voir ; elle avait l’air étonné et séduit d’une jeune fille qui découvre sa puberté. Lentement, elle ouvrit les bras pour développer son torse de Vénus grasse, elle ploya la taille, s’examinant de dos et de face, s’arrêtant au profil de sa gorge, aux rondeurs fuyantes de ses cuisses. Et elle finit par se plaire au singulier jeu de se balancer, à droite, à gauche, les genoux écartés, la taille roulant sur les reins, avec le frémissement continu d’une almée dansant la danse du ventre.
Muffat la contemplait. Elle lui faisait peur. Le journal était tombé de ses mains. Dans cette minute de vision nette, il se méprisait. C’était cela : en trois mois, elle avait corrompu sa vie, il se sentait déjà gâté jusqu’aux moelles par des ordures qu’il n’aurait pas soupçonnées. Tout allait pourrir en lui, à cette heure. Il eut un instant conscience des accidents du mal, il vit la désorganisation apportée par ce ferment, lui empoisonné, sa famille détruite, un coin de société qui craquait et s’effondrait. Et, ne pouvant détourner les yeux, il la regardait fixement, il tâchait de s’emplir du dégoût de sa nudité.
Nana ne bougea plus. Un bras derrière la nuque, une main prise dans l’autre, elle renversait la tête, les coudes écartés. Il voyait en raccourci ses yeux demi-clos, sa bouche entr’ouverte, son visage noyé d’un rire amoureux ; et, par derrière, son chignon de cheveux jaunes dénoué lui couvrait le dos d’un poil de lionne. Ployée et le flanc tendu, elle montrait les reins solides, la gorge dure d’une guerrière, aux muscles forts sous le grain satiné de la peau. Une ligne fine, à peine ondée par l’épaule et la hanche, filait d’un de ses coudes à son pied.
Trois paragraphes sont à noter, il y a donc 3 mouvements principaux :
Deux personnages sont au centre de la scène, Nana, une jeune femme à sa toilette « elle » et un homme qui l’observe, « Muffat » « il ». C’est lui le narrateur.
L’auteur privilégie le point de vue interne de Muffat puisque tout se déroule principalement dans sa tête « Alors, il leva les yeux. » Il émet des hypothèses « le trouvant sans doute drôle et joli », des jugements « reprise de ses curiosités vicieuses », mais aussi des conclusions « Tout allait pourrir en lui, à cette heure. »
Mais ce même point de vue interne est aussi accordé à Nana qui se voit elle-même, « Ça la surprenait toujours de se voir ; »
Le choix de ces deux points de vue permet de mettre en relief la psychologie des personnages, le sujet qui regarde et l’objet qui est regardé.
L’auteur propose une description minutieuse qui s’effectue par le regard de Muffat.
Cette longue scène descriptive s’effectue par le jeu de l’alternance de propositions simples « Nana s’était absorbée dans son ravissement d’elle-même. » avec des propositions complexes, « Il voyait en raccourci ses yeux demi-clos, sa bouche entr’ouverte, son visage noyé d’un rire amoureux ; et, par derrière, son chignon de cheveux jaunes dénoué lui couvrait le dos d’un poil de lionne. » Cela donne un rythme lent à la vision qui couvre le corps et l’attitude de Nana.
Des appositions nombreuses fourmillent aussi dans le texte, « Ployée et le flanc tendu » « Lentement, ». Le regard posé par Muffat s’effectue dans l’extrême détail. Cela en dit long sur sa fascination vis-à-vis de la jeune femme.
La description comporte aussi des connecteurs temporels « alors » « et » « puis ». On est dans l’addition des détails que consigne méthodiquement Muffat.
Enfin, l’homme est dépassé par le spectacle, car il peine à nommer les choses. « C’était cela », « Tout allait pourrir ».
Travail
Il vous reste à colorier pour le prochain exercice les oppositions en noir en tenant compte des repères suivants :