Analyse-Livres & Culture pour tous
3 Avril 2023
La Gazette poursuit votre entraînement à la méthode des 6 GROSSES CLEFS, afin de vous permettre d'améliorer vos compétence au bac de français. Aujourd’hui, troisième étape : les cinq sens figurant dans l'incipit d'un Cœur simple de Flaubert.
repère : bac : méthode des 6 GROSSES CLEFS©
Poursuivons ensemble l’entraînement à la méthode des 6 GROSSES CLEFS, avec l'incipit d'un Cœur simple de Flaubert :
Gr : grammaire C : Conjugaison
OS : oppositions le : champ lexical
SE : les 5 sens FS : figures de style
Vous avez déjà effectué la première et la deuxième étapes, concentrons-nous aujourd’hui sur l'analyse des cinq sens, c’est-à-dire sur les mots qui convoquent la vue, l'ouïe, l'odorat, le toucher, le goût.
Vous devrez les colorier en orange.
Il peut s'agir d'un verbe ( ex: attraper le bras), d'un adjectif (ex :lumineux), d'un nom (les yeux) etc...
Dans la méthode, c'est la partie la plus facile à trouver.
Avant de commencer :
Il est intéressant de rechercher le type de sens utilisé dans le texte. Dans une description, ce sera la vue, s'il s'agit d'une scène d'amour, le toucher, s'il s'agit d'un repas (ex : le goût) etc...
C'est la combinaison des différents sens qui doit vous intéresser puisque c'est cela qui sera un marqueur de singularité.
Si vous ne trouvez que des termes rappelant la vue, vous devez considérer que ce procédé n'est pas très original, car l'écrivain se fonde généralement sur ce sens pour procéder à ses descriptions, mais regardez néanmoins les coloris mis en valeur par le texte : qu'est-ce que cela donne comme impression ? joie, tristesse etc...
Ne coloriez que les mots qui apportent du changement aux sens aux couleurs. Pas de catalogue.
Cherchez à comprendre pourquoi tel sens est utilisé dans la configuration du texte : avec du bon sens, vous trouverez.
Durée de l'exercice : ne pas dépasser 10 minutes
Bonne chance !
Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pont-l’Évêque envièrent à Mme Aubain sa servante Félicité.
Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le ménage, cousait, lavait, repassait, savait brider un cheval, engraisser les volailles, battre le beurre, et resta fidèle à sa maîtresse, — qui cependant n’était pas une personne agréable.
Elle avait épousé un beau garçon sans fortune, mort au commencement de 1809, en lui laissant deux enfants très jeunes avec une quantité de dettes. Alors, elle vendit ses immeubles, sauf la ferme de Toucques et la ferme de Geffosses, dont les rentes montaient à 5,000 francs tout au plus, et elle quitta sa maison de Saint-Melaine pour en habiter une autre moins dispendieuse, ayant appartenu à ses ancêtres et placée derrière les halles.
Cette maison, revêtue d’ardoises, se trouvait entre un passage et une ruelle aboutissant à la rivière. Elle avait intérieurement des différences de niveau qui faisaient trébucher. Un vestibule étroit séparait la cuisine de la salle où Mme Aubain se tenait tout le long du jour, assise près de la croisée dans un fauteuil de paille. Contre le lambris, peint en blanc, s’alignaient huit chaises d’acajou. Un vieux piano supportait, sous un baromètre, un tas pyramidal de boîtes et de cartons. Deux bergères de tapisserie flanquaient la cheminée en marbre jaune et de style Louis XV. La pendule, au milieu, représentait un temple de Vesta, — et tout l’appartement sentait un peu le moisi, car le plancher était plus bas que le jardin.
Au premier étage, il y avait d’abord la chambre de « Madame », très grande, tendue d’un papier à fleurs pâles, et contenant le portrait de « Monsieur » en costume de muscadin. Elle communiquait avec une chambre plus petite, où l’on voyait deux couchettes d’enfants, sans matelas. Puis venait le salon, toujours fermé, et rempli de meubles recouverts d’un drap. Ensuite un corridor menait à un cabinet d’étude ; des livres et des paperasses garnissaient les rayons d’une bibliothèque entourant de ses trois côtés un large bureau de bois noir. Les deux panneaux en retour disparaissaient sous des dessins à la plume, des paysages à la gouache et des gravures d’Audran, souvenirs d’un temps meilleur et d’un luxe évanoui. Une lucarne, au second étage, éclairait la chambre de Félicité, ayant vue sur les prairies.
Elle se levait dès l’aube, pour ne pas manquer la messe, et travaillait jusqu’au soir sans interruption ; puis le dîner étant fini, la vaisselle en ordre et la porte bien close, elle enfouissait la bûche sous les cendres et s’endormait devant l’âtre, son rosaire à la main. Personne, dans les marchandages, ne montrait plus d’entêtement. Quant à la propreté, le poli de ses casseroles faisait le désespoir des autres servantes. Économe, elle mangeait avec lenteur, et recueillait du doigt sur la table les miettes de son pain, — un pain de douze livres, cuit exprès pour elle, et qui durait vingt jours.
En toute saison elle portait un mouchoir d’indienne fixé dans le dos par une épingle, un bonnet lui cachant les cheveux, des bas gris, un jupon rouge, et par-dessus sa camisole un tablier à bavette, comme les infirmières d’hôpital.
Son visage était maigre et sa voix aiguë. À vingt-cinq ans, on lui en donnait quarante ; dès la cinquantaine, elle ne marqua plus aucun âge ; — et, toujours silencieuse, la taille droite et les gestes mesurés, semblait une femme en bois, fonctionnant d’une manière automatique.
Flaubert, un Cœur simple
repère à suivre : le quiz pour vous aider dans l'analyse