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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Le rôle de la lumière dans la “Peau de chagrin” (Balzac)

 

La lumière joue un rôle de révélateur au sens propre et au sens figuré dans la Peau de chagrin : l'éclairage si important la nuit et dans les lieux clos révèle le caractère artificiel des mœurs de l’époque. Au sens figuré, la lumière permet de constater la déperdition d’énergie vitale de l’homme dans ses excès.

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Litteratus

 

Nous allons montrer les éléments à partir desquels Balzac conçoit sa propre vision du roman énergétique selon le plan suivant :

Plan :

   Un roman de l’énergie selon Balzac :

a.définition de la Peau de chagrin : 

-nature et rôle de la Peau de chagrin (Balzac)

-analyse linéaire du pacte entre Raphaël et la Peau (première partie)  

b.l’énergie de la lumière :

- le rôle de la lumière  

- analyse linéaire du lendemain de l’orgie (deuxième partie) 

c. l’énergie du désir :

- le rôle "énergivore" du désir,

- la passion destructrice,

- l’analyse linéaire de la mort de Raphaël (troisième partie)  

d. les registres fantastique et tragique

Aujourd’hui, dans la perspective énergétique du roman de Balzac, nous mettrons en évidence le thème de la lumière qui renvoie à l’exercice d'un sens essentiel dans cette œuvre, la vue.

Lumière

Dans le texte précédent relatif à la conclusion du pacte, on a montré le rôle déterminant du toucher dans la mise en œuvre d’une force mécanique produisant l’énergie que Raphaël épuise par l’excès de ses désirs.

Dans l’extrait que nous analyserons dans l’article suivant, la vue sera omniprésente, comme elle l’est finalement dans tout ce roman. Quel est le lien avec l’énergie me direz-vous ?

Dans l’esprit de l’écrivain, la vision témoigne de l’existence d’une autre source d’énergie : la lumière. La lumière joue ainsi un rôle de révélateur au sens propre et au sens figuré.

Lieux clos

Tout d’abord, elle est représentée matériellement, selon les lois de la physique. 

La Peau de chagrin se situe ainsi, à quelques exceptions près, la nuit et dans des lieux clos. L'éclat de la nature est rarement brossé par Balzac à l’exception du passage en Auvergne. On a donc affaire à un théâtre de lumière et d’ombre sur lequel l’écrivain fonde son récit. Cela lui permet de la diriger vers ce qu’il cherche à montrer au sens figuré : l’énergie dépensée.

Illusion d’optique

Balzac s’intéresse à l’énergie vitale de l’homme : qu’est-ce qui le fait avancer ?

Il considère que l’homme agit en se fondant sur ses désirs en général et sur un désir en particulier : la possession. Mais il ne s’agit pas de n’importe quelle possession qui, en soi, n'a rien de blâmable.

Non, ce que l’écrivain cherche à montrer, c’est la recherche de l’ostentatoire. On pense ainsi aux biens tels que l’or, l’argent, les bijoux, des femmes (…) qui sont des signes extérieurs de richesse et donc des marqueurs sociaux déterminants dans la société de son temps.

La Peau de Chagrin révèle le caractère particulièrement factice de l’univers du jeu et de la vie mondaine. L’auteur le suggère par le contraste entre la lumière et l’ombre produisant un clair obscur, à l’aide de l’éclairage des bougies. 

La lumière tamisée modifie ainsi le réel. L’éclat des personnes et des objets est produit par une illusion d’optique. Cette lumière particulière sert à montrer le caractère artificiel des désirs, moteurs de l’action de l’homme du monde. 

Energie

Cette lumière met à jour la dépense d’énergie vitale de l’homme. Cette énergie est décrite dans ses excès de vins, de mets servis au cours du banquet chez Taillefer, lequel tourne à l’orgie. 

La sexualité débridée avec les courtisanes constitue également dans son esprit une source de déperdition d’énergie puisqu’il ne s’agit pas de sentiment et qu’il n’y a pas de bonheur à venir comme nous le verrons dans l’article consacré aux passions énergivores…

On peut conclure que l’énergie dépensée est décrite au travers de la lumière jetée sur les mœurs de la capitale : la meilleure illustration est la scène du lendemain de l’orgie que nous étudierons de manière linéaire dans l’article suivant.

repère à suivre : le lendemain de l’orgie (Deuxième partie) 

 source : Agnès Guglielmetti, feu et lumière dans la “Peau de chagrin” de Balzac, les réseaux symboliques du vocabulaire des sensations, Lettres modernes Minard  n° 182, 1978

 

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