Analyse-Livres & Culture pour tous
31 Octobre 2022
Pour le bac, nous devons examiner le rapport que Colette entretient avec la nature, mais aussi, de manière plus globale, avec ce qui constitue l’extériorité. Le monde colettien n’est pas purement descriptif, ni introspectif : c’est un monde entre les deux qui résulte d’un exercice de remémoration d’un passé réinterprété et idéalisé sous sa plume. Il n’est propre qu'à elle-même.
repère : bac : présentation générale
Dans le cadre de notre dossier consacré à Colette, nous vous proposons une présentation et une analyse de l'œuvre selon la progression suivante :
1.présentation des œuvres :
2.analyse linéaire des passages suivants :
Aujourd'hui nous nous intéresserons au programme officiel du bac.
Les programmes officiels précisent un axe d’analyse défini par la notion de la célébration du monde. Mais qu’entend-on exactement par là ?
La célébration renvoie à l’émerveillement, à un sentiment de glorification et de joie.
Cette contemplation n’est rendue possible que par l’exercice des cinq sens : la vue, l'ouïe, le toucher, l’odorat et le goût : on verra dans l’analyse des textes l’importance des trois premiers sens chez Colette.
Qu’est-ce que ces sens ont à nous dire ? Colette y puise la source de sa connaissance du monde : l'expérience sensorielle est de l’ordre de la curiosité et du plaisir et non de la théorie abstraite.
On verra à cet égard l’importance de l’enfance, siège de cette première expérimentation.
Voyons le terme "monde" dans l’esprit de Colette.
Le monde, au sens colettien du terme, comprend un large inventaire à la Prévert partant des astres aux minéraux, en passant par les végétaux et les animaux.
On sait que l’auteure éprouve pour la nature un véritable attachement, de nombreuses pages et sujets de son œuvre lui sont dédiés. Mais le monde, certes empreint d’éléments de la nature, recouvre un sens beaucoup plus large dans son esprit.
Il s’agit de tout ce qui forme son rapport à l’extérieur. Dans son livre, les Vrilles de la vigne, le monde concerne ainsi à la fois l’univers urbain, tel Paris, mais aussi la campagne du Nord de la France, voire le bord de mer ou la forêt…
Peu importe au fond puisque nous devons comprendre qu’il s’agit moins de décrire une réalité que l’impression intérieure que cela suscite en elle, avant sa réécriture littéraire : nous sommes donc appelés à cheminer avec elle : de partir de l'extérieur pour avancer dans son intimité et sa création.
Nous sommes en droit de nous demander en quoi cette démarche serait originale par rapport à celle initiée par ses contemporains.
Originalité
Le critique littéraire, Thierry Maulnier, disait de Colette qu’elle possède un “art inimitable de nous faire participer, par le moyen de l’écriture à la possession de la vie”.
Nous verrons que Colette fait preuve de singularité dans son rapport au monde. Il n’est pas purement descriptif (extérieur), ni introspectif (intérieur) : c’est un monde entre les deux.
L’auteure donne à voir un monde totalement recréé par un travail d’écriture littéraire, sur la forme et sur le fond.
Elle s’appuie sur un exercice de remémoration d’un passé révolu, à qui elle redonne vie comme a pu le faire Marcel Proust, qui admirait l’auteure.
Mais elle procède d’une manière originale au travers de l’utilisation de paradoxes mis en scène et de l’utilisation de registres littéraires contrastés comme nous le verrons ensemble.
Dans l’article suivant, nous nous intéresserons au genre littéraire de ces deux œuvres.
repère à suivre : le genre littéraire