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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Les ambiguïtés d'Olympe de Gouges

Olympe de Gouges,

Olympe de Gouges,

Les ambiguïtés d'Olympe de Gouges concerne la qualification de la femme, son attachement à la royauté et la question du droit de vote.

repère : Olympe de Gouges : analyse

Les ambiguïtés d'Olympe de Gouges tiennent essentiellement à ses choix et à son attitude durant la période révolutionnaire. Précisons si vous le voulez bien. 

La femme

On a vu dans un précédent article que la femme est à ses yeux essentiellement la mère, éventuellement, la fille ou la sœur, mais jamais l'épouse dont le statut juridique n'est jamais évoqué. La cellule familiale reste la grille de lecture dans laquelle elle situe la femme. Il n'est pas mentionné la femme sans attache par exemple, ce qui peut surprendre pour des lecteurs du XXIe siècle.

Par ailleurs, l'indépendance d'esprit d'Olympe de Gouges l'a empêchée de s'agréger à d'autres femmes formant des clubs. S'en étant toujours éloignée, elle a ainsi mené un combat manifestement solitaire alors qu'elle en appelle au combat de toutes les femmes dans ses écrits. 

Le "féminisme", terme employé ici de manière anachronique (le terme sera inventé au XIXe siècle), d'Olympe de Gouges s'ancre dans un refus de toute forme de violence avec les hommes ; elle prône en fait l'harmonie entre les deux sexes. C'est un combat intellectuel et politique qu'elle mène. 

On peut aussi souligner son attachement à la royauté.

Monarchie constitutionnelle

Olympe de Gouges proclame son attachement à la république tout en soutenant la royauté. Sa déclaration comporte ainsi une dédicace à la Reine. Par ailleurs, elle a cherché à défendre Louis XVI, étant hostile à sa condamnation et à son exécution. Cela peut paraître contradictoire. Il faut indiquer que l'auteure soutient la royauté constitutionnelle et pas forcément la personne même de Louis XVI ou de Marie-Antoinette. C'est donc davantage l'institution royale qui constitue à ses yeux un gage de stabilité contrebalançant l'agitation parlementaire.

Droit de vote

Une autre ambiguïté est à relever : elle soutient le texte du 3 septembre 1791 qui fait naître la monarchie constitutionnelle. Or cette constitution institue le suffrage censitaire en excluant notamment les femmes.

On rappelle que les femmes se voient appelées citoyennes, ce qui n'est que justice compte tenu de l'importance de leur rôle durant le début de la révolution. Elles assistent communément aux débats parlementaires, y participent en montant en tribune pour discourir ; elles écrivent et ouvrent des clubs pour se faire entendre, elles cherchent à mobiliser l'opinion. 

Mais il s'agit d'une citoyenneté sans droits.

On peut voir que dans la DDFC, publiée 11 jours plus tard, aucune remise en question n'est faite par Olympe de Gouges.

L'auteure se borne à reprendre la formulation de la DDHC en ce que les femmes peuvent être des représentantes de la nation au même titre que les hommes, formule large qui contraste avec la formule célèbre qu'elle a expressément ajoutée : “ ...droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune” (article 10). 

Cette précision met en avant le droit de s'exprimer à la tribune et non spécifiquement celui de voter. On a vu que les femmes exerçaient déjà ce droit devant les parlementaires, ce n'est donc pas une avancée.  

Lorsqu'Olympe de Gouges souhaite une mesure, elle l'indique expressément comme le droit au divorce notamment qui sera légalisé en 1792. 

On peut donc noter cette ambiguïté sur le droit de vote des femmes qui peut se comprendre compte tenu des autres sujets de préoccupation de l'auteure (mariage, filiation naturelle etc...) dûment nommés.

Dans l'article suivant, nous verrons la fin tragique d'Olympe de Gouges et les conséquences pour les femmes

repère : La mort d'Olympe de Gouges et le sort des femmes

 

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