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27 Mai 2022
Aux termes d'un procès inique, Olympe de Gouges est condamnée à mort le 3 novembre 1793. Son exécution sert d'exemple aux femmes qui se voient détournées de la politique avec la fermeture des clubs féminins et l'interdiction de toute prise de parole en tribune. La révolution française constitue bien pour les femmes une source de désillusions amères.
repères : Olympe de Gouges : conclusion
Dans l'article précédent, nous avons évoqué les ambiguïtés d'Olympe de Gouges, aujourd'hui, nous allons évoquer la fin tragique de cette femme extraordinaire avant de dresser le bilan de la révolution pour les femmes.
Le 20 juillet 1793, Olympe de Gouges est arrêtée à la suite de la rédaction d'un nouveau pamphlet intitulé les trois urnes ou le salut de la patrie par un voyageur aérien. Elle y propose de réunir les assemblées primaires pour délibérer sur la forme de gouvernement à établir : monarchie, république une ou république fédérative.
Ce texte, jugé contre-révolutionnaire, est à l'origine des poursuites policières et judiciaires contre son auteure. Cette dernière est mise au secret, vivant dans des conditions de détention épouvantable (promiscuité avec ses gardes, absence d'hygiène, de soins médicaux etc...).
Dans l'adversité, Olympe de Gouges se débat en prison ; elle continue à écrire encore et toujours ; elle rappelle notamment les termes de la DDHC et de son article 7 portant sur l'interdiction de toute détention arbitraire. Elle s'en prend même à Robespierre.
L'affaire prend décidément un tour sérieux, ce qui la conduit devant le tribunal révolutionnaire le 2 novembre 1793.
Olympe de Gouges se voit refuser la présence d'un nouvel avocat, le premier ayant abandonné sa cause ; malade, la prévenue est contrainte de se défendre toute seule devant une salle d'audience qui lui est particulièrement hostile.
Aux termes d'un procès inique, elle est condamnée à la peine de mort.
Le 3 novembre 1793, elle avance, pleine de dignité, jusqu'à l'échafaud situé à l'emplacement actuel de la place de la Concorde ; avant d'être exécutée, Olympe de Gouges s'exclame devant l'assemblée : " Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort!"
L'exécution d'Olympe de Gouges et celle, le lendemain, de madame Rolland, servent d'exemple aux femmes qui se voient détournées de la politique.
Ainsi les clubs féminins sont fermés, les prises de paroles des femmes en tribune interdites. La femme, qui fait peur, se voit invitée à réoccuper l'espace de son foyer.
De ce point de vue, la révolution française constitue pour les femmes une source de désillusions amères. Après avoir pris part aux luttes révolutionnaires, elles ont perdu le peu de droits qu'elles possédaient pour devenir les grandes perdantes de ces temps troublés. Elles le resteront pendant plus d'un siècle et demi.
Il faudra attendre le début du XXe siècle pour que l'œuvre d'Olympe Gouges soit mise à jour et 1944 pour que la femme accède à ses droits civiques.
Sources :
Olivier Blanc, Olympe de Gouges, De la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne à la guillotine, Texto, pages 209 et suiv.
https://ledroitcriminel.fr/le_phenomene_criminel/crimes_et_proces_celebres/gouges_proces.htm
Jacques Solé, la Révolution en questions, Points Histoire page 299 et suiv.