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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

L’Ancien Régime et Olympe de Gouges

Bac 2022 : L’Ancien Régime qu'Olympe de Gouges a connu ne raisonne pas sur un principe de séparation des pouvoirs. C’est au contraire l’unité qui prévaut dans le cadre de la monarchie. Cette dernière repose sur le mariage mystique entre le roi et la Nation, sur une hiérarchie précise assise sur des ordres et des corporations, et enfin sur le renforcement de l’administration royale.

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repères : Olympe de Gouges : présentation

Biographie

Olympe de Gouges, née le 7 mai 1748, s’est mariée à dix-sept ans, a eu un fils avant de devenir veuve en 1766.

Pour conserver sa liberté, elle n’a jamais souhaité se remarier. Notons que de ce fait, elle a pu venir librement à Paris et se lancer dans une carrière littéraire sans craindre la tutelle éventuelle d’un mari. 

Ses écrits pour le théâtre débutent à partir de 1784. En 1785, Olympe de Gouges échappe de peu à une lettre de cachet avec sa pièce Zamore et Mirza ou l’heureux naufrage qui aborde la question de l’esclavage. 

Au détour de ces quelques éléments biographiques, on voit que son action s’inscrit dans la cadre historique de l'Ancien Régime qu’il faut définir avec notamment le régime monarchique.

Monarchie

La monarchie absolue a été érigée en principe sous Louis XIV à la suite des évènements de la Fronde qui a fait vaciller le régime. Lorsqu'on parle de monarchie, il ne faut pas s'imaginer un régime sans limites. Pour comprendre cette donnée, il faut se remettre dans le contexte de l’époque. 

La monarchie repose sur :

  • le mariage mystique entre le roi et la Nation
  • une hiérarchie précise reposant sur les ordres et les corps,
  • le renforcement de l’administration royale.

Précisons les choses, si vous le voulez bien. 

Le roi et la Nation

La monarchie repose sur une constitution coutumière, c'est-à-dire non écrite qui consacre le mariage entre le roi et la Nation de droit divin. Cela signifie que cette union est matérialisée par le sacre, c’est-à-dire par un sacrement religieux engageant le souverain vis à vis de Dieu.

C’est à Dieu seul que le roi doit des comptes : il n’y a donc pas d’intermédiaire entre le roi et Dieu.

Le pape exerce un pouvoir temporel sans exercer de pouvoir sur le roi de France. C’est le sens du terme gallicanisme.

Il en résulte aussi que le roi ne doit rendre aucun compte à ses sujets qui ne peuvent pas le sanctionner.

Il en découle donc que les intérêts de la Nation sont indissociables de ceux du roi et que ce dernier a donc pour vocation au sens religieux du terme de promouvoir le bonheur de son peuple. 

Pour ce faire, le souverain dispose d’un pouvoir à la fois exécutif mais aussi législatif, les deux étant nécessaires à l’exercice de ce pouvoir de droit divin. À côté de cette union mystique entre le souverain et la Nation se trouve une hiérarchie sociale fondée sur les ordres et sur des corps.

Les ordres 

Issue de la hiérarchie féodale avec le roi en haut de la pyramide, la monarchie se fonde sur trois ordres : la noblesse, le clergé et le tiers état.

Cette organisation se trouve appelée à délibérer dans les états généraux et dans les différentes assemblées locales se réunissant dans les villes ou les villages et ce jusqu'au XVIIe siècle.

On vote exclusivement par ordre et non au regard de la majorité de suffrages exprimés. Ainsi on compte 1 voix par ordre. 

Intéressons-nous maintenant à ce “collège électoral”.

La noblesse et le clergé représentent à eux deux 1 million de Français alors que le tiers état représente 24 millions de Français.

Les deux premiers, qui ont le plus souvent des intérêts similaires, votent ensemble contre le tiers état, comme c’est le cas lorsqu'il s’agit de voter une augmentation d’impôts et de taxes qui sont à recouvrer sur ce dernier ordre.

Pour le tiers état, notons que le droit de vote appartient au chef du foyer qui peut être à cette occasion une veuve.

Les corps

Par ailleurs, les métiers sont réunis en corporations qui s’organisent aussi par l’intermédiaire d’assemblées délibératives avec des phénomènes de cooptations et de votes propres à chaque confrérie. 

Organisation politique et économique

Il faut donc avoir en tête que l’organisation politique est fondée sur des ordres appelés à s’unir pour voter.

Sous l’Ancien Régime, on ne raisonne pas sur un principe de séparation. C’est l’unité qui est célébrée même si elle est symbolique.

Il faudra attendre le siècle des Lumières et Montesquieu pour voir apparaître la notion de séparation des pouvoirs comprise comme la séparation de l’exécutif et du législatif dont les pouvoirs se contrebalancent. 

Le renforcement de l’administration royale

Au XVIIe siècle, la monarchie devient absolue, non parce que le roi dispose de pouvoirs qui se seraient accrus, mais parce que l’Etat s’est renforcé en ayant une emprise sur tout le territoire. Le pouvoir royal a imposé sa propre administration au détriment des instances représentatives locales qui pouvaient restreindre le champ d’action du souverain.

Le progrès de l’Etat provient particulièrement d’un effort de rationalisation dans l’exercice des pouvoirs. Dans tout le royaume sont ainsi envoyés des intendants qui créent une administration locale efficace chargée de collecter l’impôt, de ramener à l’obéissance tout potentat local récalcitrant et de rendre plus sûrs les territoires du royaume. 

Par ailleurs,  Louis XIV n’a plus voulu que ne se répète l’épisode de la Fronde (1648-1653) qui a vu le pouvoir législatif du roi se vider au profit du parlement composé des Grands du Royaume. Il a ôté toute velléité politique à la noblesse en la mettant au pas. Cette dernière s’est vu réduite à exercer un simple rôle de représentation et de paraître à Versailles tandis que le roi l’entretient financièrement en lui versant pensions et  charges révocables selon son bon vouloir. On parle à ce sujet de comédie sociale comme l’a justement montré La Bruyère dans les Caractères.

Nous verrons dans l’article suivant le début de la Révolution française.

source : Harouel, Barbey, Bournazel, Thibaut-Payen, Histoire des institutions de l’époque franque à la Révolution, pages 12 et suiv


repère à suivre : Le début de la Révolution française et Olympe de Gouges

 

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