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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Le pacte autobiographique des « Mémoires d’Hadrien »  (Yourcenar)

Suivant la doctrine de Philippe Lejeune, Marguerite Yourcenar a dû faire coïncider dans son pacte autobiographique l’auteur avec le personnage principal, un empereur Hadrien imaginé par elle. Elle a ainsi choisi de recourir à la 1e personne du singulier.

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Repères : mémoires d’Hadrien : présentation

Dans l’article précédent, nous avons analysé le projet voulu et pensé de manière originale par Marguerite Yourcenar dans Mémoires d’Hadrien. Aujourd’hui, nous nous intéresserons au pacte autobiographique souscrit dans cette œuvre atypique.

Nous avons défini dans le cadre d’une thématique consacrée à l’autobiographie les conditions du pacte défini par Philippe Lejeune que nous allons reprendre. 

Définition

Le « pacte autobiographique » s’analyse en un contrat implicite passé entre l’auteur et le lecteur. L’objet de la convention entre les deux parties s’articule autour du récit d’une vie offert par le premier et accepté par le second. Pour qu’il y ait véritablement une autobiographie, il faut au sein du récit une triple identité entre :

  • le narrateur,
  • le personnage,
  • l’auteur.

On voit bien la difficulté de respecter la convention dans l’hypothèse de mémoires fictifs.

Comment l’auteure a-t-elle donc procédé ?

Je

Marguerite Yourcenar a dû faire coïncider l’auteur avec le personnage principal, un empereur Hadrien reconstruit par elle. 

Elle a choisi de recourir à la 1e personne du singulier pour le motif suivant :

"Si j’ai choisi d’écrire ces Mémoires d’Hadrien à la première personne, c’est pour me passer le plus possible d’intermédiaire, fût-ce moi-même. Hadrien pouvait parler de sa vie plus fermement et plus subtilement que moi. "  (CDN p.330) 

L’écrivaine a donc cherché à s’effacer. (CDN page 343)

On notera néanmoins que dans cet écrit fictif, bon nombre de points communs entre le héros et Marguerite Yourcenar sont à noter qu’il s’agisse de leurs études classiques, des voyages entrepris par eux, de leurs mêmes lectures (philosophiques, médicales, poétiques, éthiques etc…). 

Mais l’auteure a toujours réfuté cette idée :

« Grossièreté de ceux qui vous disent : « Hadrien, c’est vous ! » (CDN p.341)

On peut donc qualifier cette œuvre comme d’une reconstitution biographique par le biais d’une approche psychologique.

Mais le projet de Marguerite Yourcenar ne se limite pas au 2e siècle, même si ce siècle a de l’importance à ses yeux. Il porte en lui une autre ambition.

Universel

En agissant ainsi, Marguerite Yourcenar tente de dépasser le seul personnage historique, elle veut toucher l’essence de l’être humain : 

« Mais si l’on fait parler le personnage en son propre nom, comme Hadrien, (...) on se met à la place de l’être évoqué ; on se trouve alors devant une réalité unique, celle de cet homme-là, à ce moment-là, dans ce lieu-là. Et c’est par ce détour qu’on atteint le mieux l’humain et l’universel. » (Marguerite Yourcenar, YO, p.64)

Dans l’article suivant, nous verrons le genre littéraire de ce livre : roman togé

Sources

Marguerite Yourcenar, Carnets de notes de Mémoires d'Hadrien, folio (CDN)

Mathieu Galay, les yeux ouverts, LDP (YO)

repère à suivre : un roman togé

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