Le genre littéraire de « Mémoires d’Hadrien » (Yourcenar) : un roman togé

Un roman togé est une création littéraire de Marguerite Yourcenar à partir de la toge d’un citoyen romain; on peut le définir comme un traité ou un essai philosophique ou éthique. Il se veut mi méditatif, mi narratif. 

Repères : mémoires d’Hadrien : présentation

Dans l’article précédent, nous avons analysé le pacte autobiographique souscrit dans cette œuvre atypique. Aujourd’hui, nous verrons son genre littéraire. Marguerite Yourcenar désigne expressément son livre de roman togé.

Mais que signifie ce terme ?

Il s’agit d’un concept créé de toute pièce par l’auteure. La toge est le vêtement du citoyen romain que nous pouvons encore nous représenter. Pourquoi ce nom ? 

Le vêtement habille l’homme qui justement dans cette entreprise tend à se dévoiler compte tenu de sa maladie et de l’annonce de sa mort. 

Le tissu imposé à l’homme social recouvre en réalité l’homme nu.

Le livre se trouve à la jonction des deux versants du même homme.  

Conséquence

Pour l’auteure, il s’agit d’un monologue intérieur.

Ne comportant pas de dialogues, il est adressé par Hadrien à son petits-fils, mais en réalité il s’adresse à un lecteur idéal. Marc-Aurèle, le destinataire affiché de la lettre n’est donc qu’un prétexte. 

Hadrien part en réalité en quête de lui-même.

Un roman togé constitue un discours écrit, mûrement réfléchi, qui n’a donc rien de spontané. Loin de la légende officielle, le héros effectue un effort intellectuel pour remettre en ordre sa vie, la réinterpréter et lui trouver un sens. 

L’écriture s’appuie sur une rigueur intellectuelle, sur une progression logique avec des phrases bien construites.

Un roman togé aboutit à un traité ou un essai philosophique ou éthique.

Le roman togé se veut mi méditatif, mi narratif. 

Dans l’article qui suit, nous traiterons de la composition de l’œuvre.

source : Rémy Poignault, l’oratio togata dans Mémoires d’Hadrien, Lectures de Marguerite Yourcenar Mémoires d’Hadrien, Bruno Blanckeman ed, Rennes, PUR 2014

Repère à suivre : la composition de l’œuvre