Analyse-Livres & Culture pour tous
1 Septembre 2020
Il vous est proposé un plan pour un commentaire composé du monologue d’Argan dans Le Malade imaginaire de Molière. La Gazette a développé sa méthode fondée sur un acronyme C.I.I.G.A.RE.
Repères : malade imaginaire : étude
Dans l’article précédent, nous avons analysé de manière précise le monologue d’Argan en suivant la méthode des 6 GROSSES CLEFS ©, aujourd’hui, il vous sera proposé le plan d’un commentaire composé.
Nous lisons cette pièce en entier avec la problématique suivante : comment Molière entreprend-il, par le spectacle et la comédie, de corriger les mœurs dans Le Malade imaginaire ?
S’agissant de la problématique propre à cette scène, il est possible de se demander en quoi le monologue d’Argan, loin d’être une scène d’exposition classique, dresse le portrait original d’un être décrit par sa seule maladie.
La Gazette vous propose un plan pour un commentaire composé à bâtir pour une épreuve écrite.
La Gazette a développé une méthode fondée sur un acronyme C.I.I.G.A.RE
A/ C pour le cadre spatio-temporel:
Scène dans une chambre : personnage assis devant une table pur faire ses comptes.
Temporalité : passé, présent, futur
Scène avec l’emploi des 5 sens.
Opposition entre la scène statique du début et pleine de mouvement avec la cloche à la fin.
Opposition entre une scène statique et le mouvement des paroles donnant de la vivacité à la scène.
B/ I pour intérêt majeur du texte :
Un monologue avec l’introduction d’un dialogue imaginaire avec le pharmacien. Le malade fait des additions de traitements sans jamais nommer la maladie, mais seule mention des organes concernés : foie, sang, digestion, détails scatologiques. Beaucoup d’énumération d’adjectifs épithètes qui sont soit opposés, soit redondants, soit sans rapport avec la maladie. Énumérations de verbes destinées à expliquer les effets recherchés jamais atteints. On relève l’emploi ironique de « bon » à plusieurs reprises.
Refus du paiement (tournures de phrases) et négociations en proposant à quatre reprises un rabais. Temps au passé nécessaire à la remémoration des traitements. Calcul erroné et conclusion paradoxale des calculs : Argan s’aperçoit qu’il a moins été soigné : c’est aussi le temps de solder les comptes et c’est le futur qu’emploie « Je le dirai à Monsieur Purgon. »
C/ I pour impressions laissées aux lecteurs
Évolution d’un personnage en pleine maîtrise de ses factures à un être angoissé : Gradation : à la maîtrise certaine d’un homme tatillon « il faut être aussi raisonnable » qui devient un malade sourcilleux « Mettez trois livres », au malade mécontent « Je le dirai à Monsieur Purgon », à l’homme angoissé « toujours seul » et enfin au quasi-mourant, « mourir ». Il passe de la plainte à la colère « on me laisse toujours seul » à « j’enrage. »
A/ G comme genre :
Comédie autour d’un faux malade, hypocondriaque.
satire de la médecine : champ lexical de la médecine et cf. le nom des deux professionnels de la santé.
Exagération des traitements qui est source du ridicule de la médecine et du ridicule du malade. Opposition entre les traitements par voie orale et par voie rectale, les breuvages sont alternés ou combinés sans logique. Recours aux sens : toucher, goût, odorat. Champ lexical du corps.
Le corps ne devient plus qu’une chose dont l’art ménager serait le remède. Le malade a perdu son statut d’humain, il est chosifié.
Animalité de la maladie « pour expulser et évacuer la bile de Monsieur », comme un animal que l’on voudrait faire déguerpir, « pour chasser les vents de Monsieur ». Registre satirique.
B/ A comme analyse de l'argumentation de l'auteur :
Influence malfaisante de la médecine qui entraîne l’homme à se soigner de manière dangereuse au lieu de l’aider à se délivrer de l’angoisse naturelle de la mort.
Ignorance de l’homme : cf. malade qui ne conteste les factures non en fonction de leur raison d’être qu’en raison de leur coût. Pouvoir de la médecine sur des êtres fragiles.
C/ Re comme Registre :
satirique pour la comédie médicale : pathétique pour l’homme livré à son angoisse devant la mort. Corriger les mœurs par le rire : argument humaniste de Molière.
Dans l’article suivant, nous entrerons dans le cadre des différents types de comiques.