Analyse-Livres & Culture pour tous
31 Août 2020
La structure de la pièce suit un plan choisi par Molière comprenant un prologue faisant d’éloge de Louis XIV, un premier acte qui pose quasiment en entier l’exposition de la situation. S’ensuit un 1er intermède sans lien avec l’intrigue, un deuxième acte qui met en présence Angélique avec le fiancé choisi par son père, un 2e intermède avec une mise en abyme, 3e acte purgeant les passions en trouvant son acmé avec le dernier intermède burlesque.
Repères : malade imaginaire : présentation
Dans l’article précédent, nous avons abordé la nature d’une comédie-ballet. Aujourd’hui, il sera question de présenter la structure détaillée de la pièce selon le plan choisi par Molière.
Le Malade imaginaire est une comédie-ballet en trois actes inégaux puisque les deux premiers visent à mettre en relief le plus important, le troisième. Voyons ceci dans le détail, si vous le voulez bien.
Un prologue en musique et en danse : le premier plus long que le second a été interdit compte tenu du monopole d’opéra de Lully exercé contre les héritiers de Molière. La comédie-ballet ne peut pas employer plus de 2 chanteurs et 6 musiciens.
Ce prologue sert à magnifier la puissance de Louis XIV qui revient d’une guerre contre les Hollandais. Le prologue est une pratique courante qui permet de faire l’éloge du protecteur des Arts.
Il faut presque tout l’acte 1 pour découvrir l’exposition de la situation. La première scène débute par une originalité, le monologue d’Argan, comme nous l’étudierons dans le détail.
Il faut attendre la scène 5 pour comprendre le nœud de l’intrigue : le mariage forcé d’Angélique par son père désireux de s’attacher un gendre ayant la qualité de médecin, Thomas Diafoirus, qui a l’avantage d’être à la fois un riche parti et désigné pour le soigner de sa maladie imaginaire. Le cœur d’Angélique bat, lui, pour Cléante.
On apprend aussi que Bélinde, la marâtre hypocrite, cherche à déshériter les filles de son mari avec la complicité d’un notaire complaisant.
Premier intermède
Polichinelle vient donner la sérénade à son amante, Toinette, qui est la servante de la famille. Il chante en italien, manière de railler Lully. Une danse s’ensuit avec la présence de violons. On assiste à une bagarre avec des archers. Le lien avec l’intrigue principale est vraiment lointain.
Cléante, l’amoureux d’Angélique, vient au logis pour faire valoir ses sentiments et s’opposer au mariage forcé. Sur l’initiative de Toinette, il se fait passer pour un maître de chant de la jeune fille. À la scène 5, a lieu la présentation du fiancé à Argan et à sa fille. Au cours de la scène, un petit opéra impromptu a lieu entre Cléante et Angélique qui se déclarent leur flamme au nez et à la barbe de tous. Une altercation à mots mouchetés a lieu entre Bélinde et Angélique suivie d’une consultation des deux médecins Diafoirus. De sa plus jeune fille, Louison, Argan apprend qu’un homme est entré chez Angélique. L’enfant feint de mourir pour éviter une correction ; le père s’en émeut. Arrive Béralde, le frère du malade imaginaire qui lui propose un petit divertissement pour le remettre de sa fatigue.
Deuxième intermède
Un spectacle exotique avec des danseurs égyptiens vêtus en Maure est censé divertir Le Malade imaginaire. Le lien avec l’intrigue est un peu plus étroit. On est dans une mise en abyme : le théâtre dans le théâtre. Les spectateurs regardent les comédiens assister à un autre spectacle.
Béralde est sollicité par Toinette pour empêcher le mariage forcé d’Angélique avec Thomas Diafoirus.
Argan et son frère discutent de ce projet avant de disserter sur la médecine dans un passage important que nous étudierons dans le détail (acte 3, scène 3).
Argan refuse le traitement proposé par monsieur Fleurant, l’apothicaire, ce qui met monsieur Purgon, le médecin dans une colère noire qui décide de ne plus le soigner.
Argan craint de mourir.
Béralde essaie vainement de le raisonner avant que Toinette ne se déguise en un médecin de passage pour le guérir. La scène conduit le faux médecin à prescrire de crever un œil et une amputation d’un bras, ce qui laisse Argan dans un désarroi achevé.
Toinette cherche aussi à guérir Argan de son aveuglement en lui proposant de simuler deux fois sa mort, d’abord auprès de sa femme puis de sa fille. Il prend conscience de la fausseté de Bélinde et de la sincérité d’Angélique. Le père consent au mariage avec Cléante.
Mais pour purger le désir d’Argan d’avoir un médecin attaché à sa personne, Béralde et Toinette lui proposent de devenir lui-même médecin au cours de la grande cérémonie d’intronisation.
Cette séquence s’articule parfaitement dans l’intrigue. Argan devient donc médecin selon un rituel qui fait référence au Bourgeois Gentilhomme. La cérémonie burlesque se compose de récit, de chants et de danse avec des tirades en faux latin.
Dans l’article suivant, nous verrons le sort qui a été réservé à la sortie de cette pièce.
Source :
Robert Garapon, le dernier Molière, société d’édition d’enseignement supérieur, 1977, pages 156 et suivants.
Repère à suivre : le sort réservé à la pièce