Analyse-Livres & Culture pour tous
17 Avril 2020
Il existe des amateurs de livres qui choisissent de ne posséder qu’un nombre précis d’ouvrages. Nous verrons les raisons de ce choix particulier et ses conséquences.
Repères : thème de la bibliothèque : présentation
Dans l’article précédent, nous avons évoqué un classement atypique au travers de livres volontairement occultés. Aujourd’hui, nous verrons qu’il existe bon nombre de bibliomanes qui choisissent de ne posséder qu’un nombre déterminé d’ouvrages ou ayant une exigence précise quant à l’augmentation du volume de livres. Là encore, nous nous demanderons les raisons de ces contraintes et les conséquences qui en découlent.
Certains lecteurs décident, en effet, de limiter strictement l’achat de leurs livres. Pour cela, ils se fixent des contraintes précises, du style n’acheter un livre que lorsque l’on n’a plus rien à lire. On s’engage alors dans une discipline vraiment stricte.
Walter Benjamin avoue entrer dans cette catégorie. Sa « bibliothèque n’a pas consisté en plus de deux ou trois rangées qui ne croissaient que d’un centimètre par an. »* On l’imagine mesurer l’évolution de sa bibliothèque un centimètre à la main. Il s’agit d’un cas de figure singulier, celui de posséder une bibliothèque raisonnée sans céder aux impulsions.
S’agissant du chiffre idéal, la première raison qui s’entend a trait à la place : je n’ai qu’une étagère et je ne peux que loger qu’un nombre précis de livres. Il s’agit donc d’une contrainte spatiale et on la conçoit aisément. Mais ce raisonnement n’est pas exclusif.
À côté de ce motif d’ordre pratique, d’aucuns ont entrepris de s’imposer délibérément une contrainte numéraire. Pourquoi ? Comment ?
Georges Perec dans son ouvrage, Penser/classer, évoque le cas d’un de ses amis qui a estimé à 361 le nombre de livres composant une bibliothèque « suffisante ». Il ne s’agit pas de lire que 361 livres, mais de n’en conserver que ce nombre.
Cet idéal implique une conséquence drastique. Tout livre nouveau exige la sortie d’un ancien de telle manière que la bibliothèque ne dépasse pas ce nombre précis. On imagine douloureusement les choix cornéliens qui s’imposent pour éliminer l’ouvrage devenu de trop.
On peut aussi noter la volonté remarquable de ne conserver que le meilleur des ouvrages…
Dans un prochain article, il sera question d’une autre approche atypique, celle qui consiste, cette fois, à ne posséder que des ouvrages remarquables…
Sources
*Walter Benjamin, je déballe ma bibliothèque, Rivages poches, page 46
** Perec, penser/classer, Hachette, 1985, page 39
Repère : bibliothèque d’ouvrages remarquables