22 Avril 2020
Dans l’univers des lecteurs impénitents, on ne compte plus le cas de livres non restitués ; il s’agit d’oubli le plus souvent. En réaction, bon nombre de personnes préfèrent offrir un ouvrage plutôt que de prêter leur exemplaire. On peut les comprendre…
Repères : thème de la bibliothèque : présentation
Dans l’article précédent, nous avons évoqué la bibliothèque des livres à lire et à l’opposé, celle des livres non lus. Nous verrons aujourd’hui la bibliothèque composée d’ouvrages d’une provenance douteuse.
Souvenez-vous, il vous est déjà arrivé d’emprunter des livres dont on vous a conseillé la lecture et d’oublier de les restituer. À l’inverse, qui ne se reproche pas d’avoir vanté les mérites de tel ouvrage que vous n’avez jamais revu dans vos rayonnages ? Dans ce dernier cas, on oublie même à qui nous l’avons prêté…
Nous avons tous été coupables ou victimes de cette situation. Certains sont allés plus loin en dérobant les livres. Jean Genet par exemple a connu la prison notamment pour de pareils larcins (ex. vol d’une édition de luxe des fêtes galantes de Verlaine). Notre homme avait du goût…
Pour ma part, j’ai perdu ainsi les livres suivants :
Que celui ou celle qui s’en souvient me retourne mon exemplaire avec mes remerciements anticipés…
Soyons justes, la confession doit s’effectuer dans les deux sens, j’avoue avoir en ma possession des ouvrages qui ne m’appartiennent pas vraiment:
Et peut-être d’autres…
Je suis disposée à les restituer si je savais seulement à qui je les ai indûment empruntés…
On parle dans ce cas de non-restitution, car il s’agit d’oubli le plus souvent. Dans l’univers des lecteurs impénitents, ce n’est pas un épiphénomène. Bon nombre de personnes préfèrent offrir un livre plutôt que de prêter leur exemplaire. Je peux les comprendre…
Cette indélicatesse paraît finalement assez banale. Pour tenter de se prémunir contre cette situation de fait, d’aucuns ont même choisi de noter sur leurs ex libris* ce qui suit :
« La peste soit des gens qui, par désinvolture, conservent les livres qu’ils vous ont empruntés ! J’ai perdu tous les miens dans semblable aventure : il ne me reste plus que ceux qu’on m’a prêtés. »
Il reste toujours l’humour et le rachat des livres perdus…
Certains bibliomanes constituent, avec ce type de procédé, une bibliothèque composée exclusivement d’ouvrages « empruntés ». Il s’agit d’une perspective originale du monde qui entre en ligne de compte. On peut y voir une bibliothèque des désirs multiples. Il est possible qu’il n’y ait pas d’unité entre les ouvrages.
Mais qu’importe !
*vignette précisant le nom du propriétaire. Traduction latine « faisant parti de mes livres »
Repère à suivre : bibliothèque désordonnée