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20 Avril 2020
L’éducation de Montaigne tournée vers les textes de l’Antiquité l’a porté d’abord vers le stoïcisme, puis vers le scepticisme, avant d’aboutir à une philosophie finalement très libre.
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Dans l’article précédent, nous avons présenté l’originalité de son œuvre maitresse, les Essais. Arrêtons-nous un temps sur les influences philosophiques de Montaigne.
L’éducation de Montaigne tournée vers les textes de l’Antiquité l’a porté d’abord vers le stoïcisme, puis vers le scepticisme, avant d’arriver à une philosophie très libre.
Le stoïcisme est la doctrine qui distingue des choses sur lesquelles nous pouvons agir et les autres.
Pour vivre heureux et libre, il ne faut pas lutter contre ce qui ne dépend pas de nous. Au contraire, il nous faut l'accepter, tout en nous abstenant de vices et de passions.
Montaigne est sensible à cette philosophie en raison de plusieurs évènements :
La question de la souffrance et de la mort est posée dans les Essais.
La plus célèbre de ses réflexions se trouve dans le titre du chapitre 20 du premier livre intitulé, « que philosopher, c’est apprendre à mourir. »
Il connaît une autre phase vers 1576 qui le conduit à embrasser le scepticisme.
Il s’agit d’une tout autre perspective aux termes de laquelle les hommes sont empêtrés dans leur propre ignorance : ils ne sont pas d’accord entre eux et ne savent en fait rien.
Montaigne est frappé par l’inanité des connaissances humaines et par le dogmatisme notamment religieux.
Il développe une argumentation sceptique, c’est-à-dire empreinte de doute, formalisée par cette question célèbre : « Que sais-je ? » (chapitre 12 du livre II).
Là encore, ce n’est pas la position définitive de l’auteur.
Le relativisme de Montaigne exprime donc l’idée fondamentale que tout change. Le monde est en perpétuel devenir, rien n’est fixe. C’est pour ces raisons que Montaigne ne parle que de lui-même :
« Le monde n’est qu’une branloire* pérenne : Toutes choses y branlent** sans cesse, la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Ægypte : et du branle*** public, et du leur. La constance même n’est autre chose qu’un branle plus languissant. »
Montaigne, Essais, livre 3, chapitre 2
*balançoire
** se balancent
*** mouvement
Montaigne aboutit après l’expérience stoïcienne et sceptique à une philosophie libre prônant une sagesse à taille humaine, acceptant la faiblesse de l’homme tout autant que sa grandeur.
« les plus belles vie sont, à mon gré, celles qui se rangent au modèle commun et humain, mais sans miracle et sans extravagance. » (livre 3, chapitre 13).
Il vous sera proposé de découvrir dans le prochain article les deux textes, objets de notre étude.
Sources :
Lagarde et Michard, XVIe, pages 218- 227
Histoire de la littérature française, Lanson, Montaigne, Hachette
http://coursphilosophie.free.fr/philosophes/montaigne.php
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