Analyse-Livres & Culture pour tous
14 Avril 2020
Traditionnellement, on classe les livres par auteurs et par lettres alphabétiques, mais il existe des rangements plus imaginatifs…
Repères : thème de la bibliothèque : présentation
Dans l’article précédent, nous avons cherché s’il existait un emplacement idéal pour une bibliothèque personnelle, voyons aujourd’hui le sujet du classement.
Une question doit se poser aussitôt : doit-on classer ou non ses livres ?
Derrière cette question, il s’agit de constater l’organisation sous-jacente. Il existe des méthodes traditionnelles de classement et d’autres plus originales.
Traditionnellement, on range les livres par auteurs et par lettres alphabétiques. C’est un moyen commode pour les retrouver. Il faut dans cette hypothèse laisser du « mou » aux étagères pour accueillir les nouveaux livres, sous peine de devoir tout déplacer constamment ou pire, ranger les livres en double ou triple rangées lorsque ce n’est pas les uns sur les autres. Dans ma bibliothèque, je dois avouer que les livres rangés à la lettre M débordent littéralement…
Mais il existe une sérieuse objection à ce rangement.
En procédant ainsi, on mélange les genres de littérature. Que dire si le policier et la poésie se côtoient ?
Quel rapport entre le théâtre et la géopolitique pour les faire cohabiter ? Cela n’a aucun sens.
Il faudrait les classer par genre, puis par lettres alphabétiques pour faire taire cette objection. Cependant, il en existe d’autres liées à la phobie de ce classement qui se révèle particulièrement lent et méthodique. Il n’y a en effet pas plus fastidieux que ce rangement assez peu imaginatif. Pourquoi faudrait-il les ranger ainsi ?
Georges Perec propose dans son ouvrage, Penser/classer* différentes manières de ranger les livres. Outre l’ordre alphabétique, il propose aussi un classement par pays ou continent, par couleurs, par date d’acquisition, par date de parution, par formats, par genres, par périodes littéraires, par langues, par priorité de lecture, par reliures, par séries.
Essayons de les regrouper par critères :
-critère esthétique,
- critère linguistique,
- critère historique.
On pense évidemment moins à ce critère lorsque l’on parle de bibliothèque. Peut-être parce que le livre nous est précieux par son contenu. On en oublierait son aspect formel. Pour autant, devons-nous l’éluder ? À mon avis, non.
On peut valablement considérer le livre sous son aspect esthétique.
Ainsi, on peut sérieusement décider de se livrer à un classement par couleurs. Il existe en réalité un vaste nuancier de couleurs dans les éditions actuelles. On a la possibilité d’avoir la collection blanche (Gallimard et les poches folio), mais aussi la noire (polars), la rouge (Grasset), la jaune (Verdier) etc…
On peut en outre les ranger par formats, les petits ensemble et les grands entre eux. Les ouvrages anciens compte tenu de leur reliure peuvent cheminer de concert. On ajoute que le classement par séries forme un bel aspect.
C’est vraiment un critère intéressant, car il croise les données géographiques et la langue. On peut ainsi diviser sa bibliothèque en autant de régions du monde qu'il est possible d'en créer. Cela lui donne une ouverture phénoménale. On peut aménager une région nord-américaine comme une région du Maghreb ou de l'Asie. On peut faire cohabiter les textes non traduits avec ceux traduits.
Il demeure le critère historique qui peut lui aussi permettre un classement intelligent. On peut ainsi faire cohabiter les auteurs de la même époque, partageant des courants littéraires. On les classe par dates de parution et on embrasse l’histoire de la littérature sans peine.
Dans la proposition de Perec, je n’ai pas rangé deux catégories, les livres en fonction de leur date d’achat ou de prêt et de leur priorité de lecture. Pourquoi ? Parce que ces deux critères totalement atypiques nous offrent la possibilité de « jouer » avec nos bibliothèques ainsi que nous le verrons dans l’article suivant.
Source :*Hachette, 1985, page 39
Repère à suivre : le classement atypique des livres