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16 Mars 2020
Bac 2020 : parcours Alcools, modernité poétique ? La problématique au cœur du recueil d’Apollinaire nécessite un retour en arrière sur l’état de la poésie à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.
Repère : thème de la modernité poétique : présentation
Dans l’article précédent, nous avons décrit le sommaire de ce numéro consacré à une œuvre magistrale d’Apollinaire, Alcools, voyons aujourd’hui le tableau de la poésie avant la publication en 1913 de ce recueil.
Né durant la 2e partie du XIXe siècle, le mouvement symboliste se fonde sur le mystère des choses qui gouverne la vie. Dans cette perspective, la poésie ne dit pas le monde, elle le révèle non pas dans sa réalité visible, mais au moyen de symboles.
C’est un parti-pris non de la réalité, mais du rêve et de sa fonction idéale. Ce mouvement s’oppose au courant romantique (lyrisme) et aux Parnassiens (l’art pour l’art), il convoque l’irréel pour ne pas dire le subconscient.
Les premiers initiateurs de ce mouvement sont Nerval pour le poids du rêve dont nous avons déjà parlé dans ces colonnes et Baudelaire pour ses correspondances entre deux choses.
Au cours d’une seconde génération, le mouvement symboliste s’est nourri de poètes tels que Verlaine avec la musique particulière de ses mots ou Mallarmé avec son hermétisme.
On trouve aussi une pléiade de poètes moins connu comme Charles Cros.
Puis une école s’est formée à la suite du manifeste de Jean Moréas en 1886 afin de structurer cette pensée. Cela n’a pas empêché les poètes de s’affranchir des règles et notamment de l’alexandrin.
Certains, c’est intéressant pour la suite de notre étude consacrée à la modernité dans Alcools d’Apollinaire, prônent l’utilisation du vers libre. Par ailleurs, la longueur des vers comme l’organisation des strophes est laissée à l’appréciation du poète. La rime est également atténuée pour être une simple assonance (les sons des voyelles eu, oin, in, etc…) ou disparaître totalement.
Le premier à inaugurer ces vers libres, c’est le poète Jules Laforgue ainsi que nous l’avions constaté dans un de ses poèmes dans nos colonnes.
On cherche à suivre le rythme sincère des émotions et du rêve qui sont donc déliés de toute contingence stylistique.
L’école romane de Jean Moréas cherchera bien à assagir les poètes en les invitant à revenir à la tradition de l’alexandrin cher à son cœur.
Mais enfin, tout est posé pour permettre à un auteur comme Apollinaire de s’emparer de ce mouvement pour créer une poésie singulière.
À côté de ces mouvements et de ces écoles, apparaissent de nouveaux courants foisonnant en ce début du XXe siècle. On trouve le mouvement naturaliste qui s’oppose au symbolisme avec, comme son nom l’indique, le retour aux sources de la nature mère avec Bouhélier et Monfort. Un autre mouvement dit unanimiste se fait jour avec Jules Romains, version collectiviste du groupe social dans la pensée du poète.
Enfin, on trouve le mouvement fantaisiste français qui crée le poème de circonstance, vérité simple, souvent court, plein d’effets spirituels et enlevés, pittoresque, bouffon ou mélancolique.
Dans cette catégorie, le plus doué est… Guillaume Apollinaire.
Dans l’article suivant, nous verrons qui est ce poète au travers de quelques éléments biographiques utiles pour pénétrer dans le recueil Alcools.
Sources :
Lagarde et Michard XXe siècle.
Castex et Surer XXe siècle.
https://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/%EF%BF%BDcole_fantaisiste/173235
Repère à suivre : biographie d'Apollinaire