Analyse-Livres & Culture pour tous
16 Mars 2020
Bac 2020 : certains éléments biographiques de la vie d’Apollinaire (1880-1918) sont utiles pour la compréhension d’Alcools : son idylle en Rhénanie avec Annie Playden ; Paris et sa rencontre avec le peintre Marie Laurencin et le cercle avant-gardiste de Montparnasse et du Bateau-Lavoir de Montmartre composé notamment de Picasso, Derain et de Max Jacob.
Repère : thème de la modernité poétique : présentation
Dans l’article précédent, nous avons présenté le tableau de la poésie avant la publication, en 1913, du recueil Alcools d’Apollinaire ; aujourd’hui nous allons apporter des éléments biographiques utiles à la compréhension de cette poésie.
Apollinaire, de son vrai nom, Wilhelm (soit Guillaume en allemand) Apollinaris (prénom d’origine grec) de Kostrowitzki est né à Rome le 26 août 1880 d’une aristocrate polonaise exilée et d’un officier italien. Il passe sa jeunesse à Monaco où il fait ses études.
Après un séjour de deux ans à Paris, le jeune Kostrowitzki occupe en 1901 un emploi de précepteur de la famille Milhau. Il réside en Allemagne ainsi qu’en Autriche et en Bohème (Tchéquie).
Il vit dans une partie de l’Allemagne, la Rhénanie, région en bordure ouest de Rhin. Ce souvenir donnera lieu à la suite de poèmes intitulée Rhénanes. Il s’agit à la fois de l’évocation de la nature, mais aussi des contes et légendes de ce pays. C’est également outre Rhin qu’Apollinaire est tombé amoureux de la gouvernante anglaise qu’il rencontre chez les Milhau. Si le jeune homme s’éprend d’Annie Playden, cette dernière se heurte au caractère ombrageux du futur poète.
Cette idylle rhénane devient londonienne puisqu’Apollinaire viendra dans le quartier de Clapham à Londres la demander en mariage. C’est une démarche sans lendemain, ce qui donnera lieu à la suite de poèmes de la chanson du Mal-Aimé.
Il faut noter pour clore ce sujet que la jeune Anglaise émigre aux États-Unis et n’a jamais su son rôle de muse avant qu’elle ne l’apprenne en 1946 dans le cadre d’une correspondance avec Robert Goffin, poète belge, obsédé par cette femme. Dans un article de presse*, Annie a donné des détails éloquents sur la cruauté du poète qui n’aimait visiblement pas qu’on lui résiste… Cette idylle s’achève donc en 1902.
Arrive le temps de la bohème à Paris.
Apollinaire fréquente les milieux avant-gardistes à Montparnasse et se lie avec les artistes du Bateau-Lavoir à Montmartre. On y trouve Derain, Picasso et aussi l’homme de lettres, Max Jacob. Apollinaire assiste à l’éclosion du fauvisme, aime l’art nègre, impose l’art naïf du Douanier-Rousseau et élabore avec Picasso l’esthétique cubiste, ce qui nous intéresse particulièrement dans le recueil Alcools.
Il rencontre la peintre Marie Laurencin en 1907 avec laquelle il vit une passion orageuse jusqu’en 1912, date de leur séparation. C’est à cette femme qu’il pense dans le célèbre poème Le Pont Mirabeau publié dans le recueil Alcools.
Le poète se trouve mêlé à l’affaire en 1911 du vol de la Joconde et sera ainsi emprisonné à la Santé, ce qui donnera lieu à évocation dans la suite de poèmes À la santé, en fin de recueil.
C’est dans une symbiose avec la peinture qu’Apollinaire publie son premier recueil, l’Enchanteur pourrissant en 1909, illustré par Derain. Il s’agit d’une poésie d’inspiration arthurienne (légende du roi Arthur) mettant en son centre un dialogue entre Merlin et la fée Viviane.
En 1910, le poète rassemble ses contes dans un deuxième recueil intitulé l’Hérésiaque et Cie.
En 1911, il renoue avec la collaboration artistique avec le bestiaire illustré, cette fois, par Raoul Dufy.
C’est dans ce contexte que le recueil Alcools est publié en 1913.
Notons qu’Apollinaire est décédé le 9 novembre 1918 de la grippe espagnole, soit 2 jours avant l’armistice. Son œuvre est entrée dans le domaine public français en 2013 puisqu’il bénéficie d’une protection de 95 ans (50 ans durée ordinaire + 30 ans pour les artistes morts pour la France et 6 ans et 152 jours pour la Première Guerre mondiale) en sa qualité de mort pour la France.
Dans l’article suivant, avant de pénétrer de plain-pied dans le recueil, il faut aborder des notions incontournables pour comprendre les références du poète.
sources :
Guillaume Apollinaire, Alcools, Marie-Jeanne Durry, société d’édition d’enseignement supérieur (1964) pages 23 et suiv.
*Apollinaire et Annie Playden, Merc. de France avril 1952
Castex et Surer XXe siècle.
Repère à suivre : références mythiques dans Alcools d’Apollinaire