Analyse-Livres & Culture pour tous
16 Mars 2020
Bac 2020 : Le pluriel du titre, Alcools, d'Apollinaire renvoie à la violence du monde interlope des bas-quartiers avec l’alcoolisme proprement dit, mais aussi la prostitution, la petite délinquance avec les blessures et le sang, mais également à la soif de la vie, à l’élan qui nous pousse à adhérer à la poésie.
Repères : thème de la modernité poétique : présentation
Dans l’article précédent, nous avons rappelé les nombreuses références au sacré qui figurent dans Alcools, nous verrons aujourd’hui les raisons qui ont poussé Apollinaire à nommer ainsi son recueil.
Dans les premiers temps, le poète a nommé son recueil Eau de Vie. C’est un titre qui n’a pas été choisi au hasard ; il est au contraire dans la lignée des Fleurs du mal de Baudelaire.
On a vu dans un article précédent l’influence de ce courant symboliste chez Apollinaire. Le premier titre en est une parfaite illustration. On perçoit le jeu de mots entre l’alcool que représente cette boisson et toute la palette de sens que peut prendre la métaphore de l’eau pour vivre.
Mais Apollinaire a changé de perspective en renommant son recueil Alcools.
Avec ce nom unique, le titre est raccourci à l’extrême. Il n’y a pas de déterminant et il est au pluriel. Que veut-il nous dire ?
Les références au vin constitue le fil rouge de l’œuvre. Apollinaire situe son opus dans des lieux déterminés. Il ancre son recueil non dans l’univers bourgeois, mais dans les bars et hôtels bon marché. On y voit une référence textuelle à une culture expressément populaire et c’est un des éléments de la modernité du recueil qui pose le doigt sur une réalité ordinaire. L’art s’invite dans la banalité d’un débit de boissons.
Si Apollinaire a donc recours à un terme renvoyant au monde de l’ivresse, pourquoi utilise-t-il le pluriel ?
L’ivresse intègre la violence dans le monde interlope des bas quartiers avec l’alcoolisme proprement dit, mais aussi la prostitution, la petite délinquance avec les blessures et le sang. L’alcool procure la brûlure, un feu, une déchéance.
Cependant si l’on parle d’alcool, on évoque également la soif qui constitue un élan vital : aimer la vie, à s’y brûler pour renaître par la poésie.
C’est donc le sens du pluriel de ce titre.
Nous voici maintenant aptes à comprendre la structure du recueil qui offre quelques particularités.
Repère à suivre : composition du recueil Alcools d’Apollinaire