Analyse-Livres & Culture pour tous
22 Octobre 2021
Dans son roman intitulé Réparer les vivants, Maylis de Kerangal décrit la chaîne humaine qui se met en place au cours d'une transplantation d’organes. Cette opération chirurgicale constitue un acte de « réparation », un acte de résilience à l’état pur.
Repères : résilience : littérature résiliente
Il a été question de voir le sens et la portée d’une littérature résiliente dans un genre particulier, le roman. Les axes d’analyse suivants ont été proposés :
Dans l’article précédent, le combat que mène le personnage pour sa propre survie a été abordé, découvrons aujourd’hui le dernier point, l’accomplissement de soi, la résilience. Pour cela, il vous sera proposé de découvrir le roman, Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal.
Ce roman décrit la longue chaîne humaine qui se met en place lors d'une transplantation d’organes.
Le point de départ du roman a lieu avec l’accident de voiture de Simon. Transporté à l'hôpital, le diagnostic tombe : le jeune surfeur, à l'avenir radieux, est atteint de séquelles irréversibles. Il est désormais en état de mort cérébrale. C’est une situation épouvantable à laquelle sont confrontés ses parents, Marianne et Sean. Ces derniers sont immédiatement pris en charge par l’équipe médicale. À elle, la mission d'annoncer cette terrible nouvelle, à elle d'aller plus loin au risque de heurter leur sensibilité.
À cette annonce, en effet, s’ajoute pour la famille une question autrement plus douloureuse : celle du don d'organes. L'accepter ou le refuser alors que le temps du deuil n'a même pas débuté. L'immédiateté du choix bouscule, heurte et révolte. Et c'est avec une humanité remarquable qu'ils vont pourtant y consentir.
Du donneur aux receveurs, le processus de la transplantation d’organes est très bien mis en scène. On y voit une longue chaîne d’intervenants dans toute la France, en un temps extrêmement court, 24 heures. La coordination entre les hôpitaux s’organise avec un personnel hautement qualifié, conscient de l’enjeu.
Pour les receveurs, c’est aussi un moment d’espoir après des mois, voire des années d’attente, d'oscillation entre le découragement et la peur de mourir. Une telle transplantation équivaut à une réparation : on assiste à la restauration de corps abîmés par le don gratuit et anonyme d’un mort. Le sentiment de gratitude engage tout leur être.
Pour la famille endeuillée, ce don magnifique tend à sublimer sa perte, à la dépasser pour donner un nouveau sens à la vie. On peut dire que c'est un acte de résilience à l’état pur.
Dans l’article suivant, nous entrerons dans ce que j’ai appelé la résilience littéraire : la résilience littéraire : sens et portée
Réparer les vivants de Maylis de Kerangal, Verticales
repère à suivre : la résilience littéraire