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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Éléments de l'acte 3, scène 5 du mariage de Figaro (Beaumarchais)

Bac de français 2020 : voici les grands éléments qu'il faut noter de l'acte III, scène 5 du mariage de Figaro de Beaumarchais

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Repères :  comédie du valet : étude

 

Dans l’article précédent, nous avons présenté le contexte de la confrontation entre le maître et le valet à l’Acte III, scène 5. Il vous a été proposé de lire la scène, en tenant compte de la méthode des 6 GROSSES CLEFS ©. 

Il reste à relever les éléments suivants.

 

Grammaire

Il ressort de la lecture cursive que la scène comprend de nombreux apartés. C’est un procédé de double énonciation qui révèle l’état d’esprit des deux protagonistes de l’action. En l’occurrence, le public apprend tout de la ruse que met au point le comte. Pour ce faire, le maître convoque son valet. Pour Almaviva, il est important de sonder Figaro sur ce qu’il connaît de l’amour qu’il porte à Suzanne. Pour Figaro, il est question de ne pas trop en dire au comte et d’essayer au contraire de l’induire en erreur. Il s’agit donc d’un face à face crucial au cours duquel les deux protagonistes s’épient pour mieux se surprendre ainsi que les apartés le montrent. Il est important de noter que les apartés sont doubles, celui du maître entraîne celui du valet ou l’inverse. De ces apartés, découle surtout la mise en œuvre d’une lutte entre les deux personnages.

Il est à noter aussi que les types de phrases (interrogatives, exclamatives,) ainsi que les pronoms personnels sont éloquents dans l’entreprise du maître. On a à moult reprises le couple je/vous et il/je. À noter que le vouvoiement est utilisé par le comte qui se laisser aller à tutoyer son valet pour mieux le ferrer (L.73). En vain. On doit aussi noter les aposiopèses du texte sous forme de points de suspension. Le comte n’est pas avare de ce temps d’hésitation qui lui permet d’interroger de manière détachée son valet. (L.15, L.24, L.41, L.104). Le serviteur singe le maître en procédant de même ( L.26, L.63, L.96). Il peut s’agir aussi de débat intérieur (L. 121) comme celui de Almaviva, en se rendant à l’évidence que son amour pour Suzanne a été finalement percé à jour par Figaro.

 

Oppositions

La première opposition concerne celle du maître et du valet, celle des grands contre les petits (L.21, L.84,L.88). Mais une autre opposition remarquable est à noter, c’est celle entre le valet et l’homme. (L.79). Il s’agit pour Figaro de s’opposer au comte en tant que rival de Suzanne, mais aussi en tant qu’homme. Dépassant les codes de la comédie de valet, il acquiert une individualité propre que son rang de serviteur lui dénie. Pour se faire, Figaro s’exprime sur tous les sujets avec un avis tranché. Il mène une lutte contre un maître sur lequel il prend de l'ascendant par son esprit. Figaro cherche à avoir la répartie saillante face à l’autorité du maître qu’il attaque. On mesure l’insolence du valet dont le ton n’est jamais pris en défaut par le comte. Le duel oral n’est que plus vif entre les deux protagonistes. On retrouve deux autres oppositions qui en sont le corollaire : Londres/Espagne(L.60-63) et (L.96-97) En effet, la question est celle de savoir s’il part à Londres, c’est qu’il n’est pas informé des vues du comte sur Suzanne. S’il refuse d’aller à Londres, c’est qu’il craint pour la vertu de Suzanne face aux agissements du comte. On sait à la fin de la scène que le maître s’est fait une opinion sur la question. Il ne lui reste plus qu’à abattre son ultime carte, le procès. Nous y reviendrons. La dernière opposition a trait entre Marcelline et Suzanne, la vieille contre la jeune (L.4-6 et L.124-125).

 

La conjugaison

La scène est principalement au présent de l’indicatif que l’on croise aussi avec le mode de l’impératif et du conditionnel. C’est une large palette qui est utilisée par Figaro pour faire de l’esprit et riposter à son maître. Le présent de narration (L.30, L.64 et 65) vient achopper le présent de vérité générale. Dans la bouche de Figaro, c’est une véritable leçon de moralité qu’il dispense au maître. Il lui reproche son infidélité à la comtesse (L.71). Il sort du champ personnel pour avoir des opinions sur la politique. Et c’est ainsi qu’il raille l’esprit nécessaire pour s’élever socialement : « Médiocre et rampant ; et l’on arrive à tout. » (L.103). Dans l’art de l’insolence, Figaro ne s’arrête pas. Il utilise l’impératif qui joue également son office de conseil. « N’humilions pas l’homme qui nous sert bien, crainte d’en faire un mauvais valet. »  (L.78-79). C’est cette fois une leçon faite de façon détournée au comte sur sa manière de se comporter avec lui. La lutte se fait à fleurets mouchetés. Le comte emploie aussi le conditionnel pour émettre des hypothèses qui entrent dans ses vues. « Qui t’empêcherait de l’emmener à Londres ? » Le temps est enfin révélé sous forme d’axiome dit en italien par Figaro. C’est à la fois la preuve de l’étendue du savoir du valet et aussi une contestation du pouvoir du maître. « Le temps est galant homme »

 

Le champ lexical

C’est celui du jeu qui est le fil rouge du texte. On peut retrouver des termes de jeu de notamment de cartes ou de pions. On voit en effet : « voyons-le venir » « intrigue », « jouer, » « à mon tour » « cacher » « gagner ». « voilà » « souffler »etc. Il faut attendre la ligne 122 pour lire, « je l’enfile et le paye en sa monnaie ». La notion de jeu est à l’évidence ce qui caractérise le face à face entre les deux héros. Chacun le mène à la vue de l’autre.

On a relevé dans le schéma narratif de la scène que le comte est à l’offensive (L.15). Il débute ses questions par les raisons de la présence supposée de Figaro dans le cabinet de la comtesse. Le valet joue au plus fin en éludant sa réponse, ce qui contraint le maître à abandonner le sujet. (L.36) « Je m’emporte, et nuis à ce que je veux savoir. » Almaviva décide d’évoquer autrement le même sujet, en abordant la question du poste de courrier à Londres. Là encore, Figaro ne se laisse pas duper. « Voyons-le venir, et jouons serré. »  (L.38) Le serviteur trompe le maître qui croit avoir la réponse à sa question. « Il veut venir à Londres ; elle n’a pas parlé » (L.64). C’est alors que Figaro décide d’infirmer la position de son maître. « À mon tour …» (L.92) Il le fait tellement bien que le comte Almaviva se croit perdu. C’est effectivement la victoire de l’esprit. Mais il reste au maître une carte maîtresse, le procès. C’est en se fondant sur le droit, privilège réservé aux puissants, que le comte peut faire plier son valet. C’est la victoire du maître basée sur sa force.

 

Figures de style

Les nombreuses figures de style ont trait aux propos tenus par Figaro dans son face à face avec le comte. Dans le cadre de ses réparties, il use et abuse des répétitions « Ah ! ma femme ». Dans sa critique politique, le valet procède par le biais d’énumérations de détails souvent inutiles. Il s’agit de mettre à néant l’étude de la science politique. Il le fait par la succession de phrases non verbales, de verbes opposés, d’actions inverses (L.107 à L.116). Il utilise aussi de nombreux adjectifs qualificatifs souvent péjoratifs « Médiocre et rampant » (L.30, L.48, L.88). Cela donne une touche satirique à son argumentation. Les figures de style sont pour Figaro, le moyen de gagner du temps en dissuadant le comte de le sonder davantage aux hyperboles « Briser les ponts, enfoncez les cloisons » « un peu germaines ». Figaro dispose ainsi de ressources efficaces pour affronter le maître.

 

Dans l’article suivant, nous vous proposerons un plan de commentaire composé.

 

Repère à suivre : le plan du commentaire

 

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