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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Charlotte (Foenkinos) : l'obsession d'un écrivain

Charlotte de David Foenkinos retrace le parcours artistique et familial de Charlotte Salomon, artiste allemande au destin tragique.

Charlotte Salomon, nazisme, intolérance, exclusion, amour, patrie, famille, art et guerre, Foenkinos
Autoportrait, Charlotte Salomon

 

Repères : thème  de la résilience : art/résilience

Dans l'article précédent, vous avez pu découvrir la conclusion du dossier consacré au thème littérature et résilience avec le testament français d'Andreï Makine. Entrons aujourd'hui dans un autre cadre qui lie art et résilience en compagnie de David Foenkinos qui a publié en 2014 un roman poignant, Charlotte. Cette œuvre est le fruit d'une obsession de l'auteur.

Obsession 

Ce roman retrace le parcours artistique et familial de Charlotte Salomon, élaboré grâce aux recherches précises qu'a effectuées David Foenkinos. Ce dernier se déplace ainsi à Berlin mais également dans le sud de la France afin de retracer son parcours ; il veut comprendre le personnage et sa vie.

Charlotte devient alors une obsession : il se rend à Berlin, apprend l’allemand, il erre dans son quartier berlinois « SavignyPlatz », il visite son appartement et son école, il écoute sa musique et encore se rend dans la résidence à Villefranche-sur-Mer où Charlotte Salomon s'est cachée des nazis.

Le roman est écrit comme des vers libres ; chaque phrase est découpée, ce qui donne au texte une allure de long poème doté d’un certain rythme.

« J’ai tenté d’écrire ce livre tant de fois.

Mais comment ?

Devais-je être présent ?

Devais-je romancer son histoire ?

Quelle forme mon obsession devait-elle prendre?

Je commençais, j’essayais, puis j’abandonnais.

Je n’arrivais pas à écrire deux phrases de suite.

Je me sentais à l’arrêt à chaque point.

Impossible d’avancer.

C’était une sensation physique, une oppression.

J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer.

Alors, j’ai compris qu’il fallait l’écrire ainsi. »

(p.82 édition Folio)

Ainsi, l’auteur explique la singularité de la forme de son roman et l’ultime nécessité « d’aller à la ligne pour respirer », car il se trouve empêché de faire autrement. Ce n'est pas un roman comme les autres...

Réception 

À sa sortie, Charlotte est un vrai succès en librairie avec plus de 400.000 exemplaires vendus. Encensé par la presse pour son style littéraire particulier et la manière dont il transporte le lecteur au rythme des phrases, le roman est également critiqué pour la naïveté de sa prose, faussement simpliste.

Un projet singulier

Le projet d’écriture de David Foenkinos est sans ambiguïté : faire connaitre une artiste méconnue.

Il se fonde sur les gouaches et les petits textes de Charlotte Salomon qui deviennent sa source d'inspiration.

Il est fréquent qu’un roman soit adapté au théâtre ou au cinéma, mais le processus inverse et plutôt rare voire exceptionnel : il s’agit ici d’une adaptation d’une série de dessins. 

Charlotte a donc la particularité d’être un roman issu d’une œuvre picturale préexistante, elle-même singulière parce qu'elle combine images peintes et textes.

Le projet est ambitieux, il faut désormais tout mettre en mots.

Problématique

Se pose donc la question de la mise en écriture : comment peut-on être fidèle à cette œuvre ?

Comment se positionner en tant qu'écrivain ? Comment traiter les personnages que l’on ne voit qu’en apparence ? Comment traiter l’intime ?

Jusqu’où ce roman s’approprie-t-il l’œuvre picturale de Charlotte Salomon ?

repère à suivre : Leben oder Theater de Charlotte Salomon.

 

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