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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Le plan du commentaire tiré de l’acte III, scène 5 du mariage de Figaro ( Beaumarchais)

 

 

Bac de français 2020 : il vous est proposé de découvrir le plan possible l’Acte III, scène 5 du mariage de Figaro de Beaumarchais.

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Repères :  comédie du valet : étude

 

Dans l’article précédent, nous avons effectué la lecture cursive de l’Acte III, scène 5, en tenant compte de la méthode des 6 GROSSES CLEFS ©.

 

Problématique

Il nous reste à proposer un plan possible qui réponde à la problématique suivante : comment le valet entrant en compétition avec le maître critique l’ordre social et politique.

Nous reprenons le schéma de plan prédéfini avec l’acronyme CIIGARE pour tenter d’élaborer une réponse structurée.

 

Plan possible

I. D’un interrogatoire serré…

 

A. L’interrogatoire du maître : types de phrases (interrogatives, exclamatives,) ainsi que les pronoms personnels (je/vous et il/je). À noter que le vouvoiement est utilisé par le comte qui se laisser aller à tutoyer son valet pour mieux le ferrer (L.73). Aposiopèses du texte sous forme de points de suspension. Le comte n’est pas avare de ce temps d’hésitation qui lui permet de questionner de manière détachée son serviteur. (L.15, L.24, L.41, L.104). Le valet singe le maître en procédant de même ( L.26, L.63, L.96). Il peut s’agir aussi de débat intérieur (L. 121) comme celui du comte en se rendant à l’évidence que son amour pour Suzanne a été finalement percé à jour par Figaro.

 

B. Les deux lieux forment le dilemme : Londres/Espagne(L.60-63) et (L.96-97). Éloignement physique de Figaro pour obtenir la place auprès de Suzanne au cœur de la confrontation. Sujet évoqué à deux reprises par le comte dans son interrogatoire. Deux réponses contraires apportées par le valet. Raffinement français/nourriture ordinaire anglaise etc…

 

C. La brillance de l’esprit de Figaro qui use des nombreuses figures de style a trait aux propos tenus par le serviteur dans son face à face avec le maître. Dans le cadre de ses réparties, il use et abuse des répétitions « Ah ! ma femme ». Les figures de style sont pour Figaro, le moyen de gagner du temps, en dissuadant le comte de le sonder davantage. Il recourt pour ce faire aux hyperboles « Briser les ponts, enfoncez les cloisons » « un peu germaines ». Figaro dispose ainsi de ressources efficaces pour affronter le comte.

Par ailleurs, il se sert d’une palette du temps pour affronter le comte : présent de l’indicatif croisé aussi avec le mode de l’impératif et du conditionnel. C’est une technique qui est employée par Figaro pour faire de l’esprit et riposter à son maître. Le présent de narration (L.30, L.64 et 65) vient achopper le présent de vérité générale. Dans la bouche de Figaro, c’est une leçon de moralité qu’il dispense au maître. (L.71). Il utilise l’impératif qui joue également son office de conseil. « N’humilions pas l’homme qui nous sert bien, crainte d’en faire un mauvais valet. »  (L.78-79). C’est cette fois une leçon faite de façon détournée au comte sur sa manière de se comporter avec lui. La lutte se fait à fleurets mouchetés. Le comte emploie aussi le conditionnel pour émettre des hypothèses qui entrent dans ses vues. « Qui t’empêcherait de l’emmener à Londres ? »

II. …À une critique politique

 

A. Confrontation entre maître et valet. Si les codes traditionnels sont certes utilisés, ils sont largement dépassés par l’insolence de Figaro. Champ lexical du jeu : on voit en effet : « voyons-le venir » « intrigue », « jouer, » « à mon tour » « cacher » « gagner ». « voilà » « souffler »etc…Il faut attendre la ligne 122 pour lire, « je l’enfile et le paye en sa monnaie ». La notion de jeu est à l’évidence ce qui caractérise le face à face entre les deux héros. Chacun mène son propre jeu à la vue de l’autre.

On a montré dans le schéma narratif de la scène que si le comte est à l’offensive (L.15), c’est le valet qui réussit à vaincre le maître sur le plan de l’esprit jusqu’à l’annonce du procès. C’est un affrontement d’esprit à l’avantage de Figaro. Le valet joue au plus fin en éludant sa réponse, ce qui contraint le maître à abandonner le sujet. (L.36) « Je m’emporte, et nuis à ce que je veux savoir. » Figaro ne se laisse jamais duper. « Voyons-le venir, et jouons serré. »  (L.38) Le valet trompe le maître. « Il veut venir à Londres ; elle n’a pas parlé » (L.64). C’est alors que Figaro décide d’infirmer la position de son maître. « À mon tour …» (L.92) Il le fait tellement bien que le comte Almaviva se croit perdu. C’est effectivement la victoire de l’esprit. Mais il reste au maître une carte maîtresse, le procès. C’est alors en se fondant sur le droit, privilège réservé aux puissants, que le comte peut faire plier son valet.

On reste dans le canon de la comédie de valet où le maître recouvre toujours son avantage. Il s’avère que ce n’est pas par son talent, mais par sa force. On relève l’opposition entre « petits » et « grands ».

 

B. La critique d’un homme libre : opposition entre le valet et l’homme. (L.79). Il s’agit d’une argumentation originale dans la comédie du valet. Figaro s’oppose au comte en tant que rival de Suzanne, mais aussi d’homme. Dépassant les codes habituels, il acquiert une individualité propre que son rang de valet lui dénie. Figaro a un avis sur tout. Pour ce faire, il s’exprime sur tous les sujets avec un avis tranché. Il tourne ainsi en ridicule l’anglais et la science politique. C’est lui qui occupe le temps face à un maître sans esprit.

Dans sa critique politique, le valet procède par le biais d’énumérations de détails souvent inutiles. Il s’agit de mettre à néant l’étude de la science politique. Il le fait par la succession de phrases non verbales, de verbes opposés, d’actions inverses (L.107 à L.116). Il utilise aussi de nombreux adjectifs qualificatifs souvent péjoratifs (L.30, L.48, L.88).

 

C. Du registre comique au registre polémique

Trois registres sont convoqués dans cette scène le comique, le satirique et le polémique. L’aspect comique résulte de la tentative avortée du maître de sonder son valet et du retournement de situation avec la brutalité de l’annonce du procès perdant de Figaro contre Marceline. La satire politique de la scène est originale puisqu’il s’agit d’une critique de la cour et des puissants. Figaro raille l’esprit nécessaire pour s’élever socialement : « Médiocre et rampant ; et l’on arrive à tout. » (L.103). Dans l’art de l’insolence, Figaro est devenu un maître. L’aspect polémique résulte aussi du temps qui est le refuge des petits. « Le temps est galant homme » : c’est la contestation du pouvoir du maître qui peut passer. On entre alors dans le registre des changements sociaux. Le maître sent la menace implacable et s’empresse de redresser son autorité, par la force, la seule chose qui reste aux puissants puisque l’esprit habite le peuple…

 

Vous pourrez regarder la scène jouée, ce qui vous permet de mesure l’affrontement moucheté entre le maître et le valet.

Dans l’article suivant, nous verrons le célèbre monologue de Figaro de l’acte V qui monte en puissance dans la contestation du pouvoir…

 

Repère à suivre  : le monologue de Figaro

 

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