Analyse-Livres & Culture pour tous
5 Février 2020
Bac de français 2020 : il vous est proposé de découvrir l’évolution de l’opposition entre maître et du serviteur dans le genre dramatique et son introduction dans le genre romanesque.
Repères : comédie du valet : étude
Dans l'article précédent, nous avons présenté une synthèse de la comédie du valet dans le mariage de Figaro, de Beaumarchais. Nous verrons aujourd'hui que c'est un genre qui poursuit sa fortune au gré des auteurs.
Deux tendances sont à noter, celle traditionnelle qui reprend les codes de la comédie du valet, et celle plus inventive qui fait entrer le valet dans le drame, parallèlement à son introduction dans le roman.
Le valet poursuit son exposition pour devenir un être doté d’une individualisation propre.
Le théâtre du XIXe siècle reprend certains codes de la comédie de valet, ce dernier pouvant être balourd ou persiflant. On pense à Feydeau, à Labiche etc…
Nous nous intéresserons au dépassement de ce genre au travers de son entrée dans la dramaturgie. Il sort donc de la comédie du valet.
L’exemple du drame de Ruy Blas de Victor Hugo est intéressant. Cet ancien domestique, élevé au rang de ministre d’Etat par la reine, demeure fidèle à ses origines plébéiennes. Dans une scène célèbre, il fait la leçon aux puissants. (Acte III, scène 2)
Pas question d’affrontement moucheté, l’ancien valet attaque les puissants avec force et violence. Si le fond reste sensiblement une critique de la société gérée par les grands de ce monde, Ruy Blas dénonce la corruption et prend la défense des plus faibles.
Dans cette pièce de théâtre, Jean Genet vise à mettre en scène deux sœurs dont le mimétisme confine à la folie notamment dans leur rapport d’amour/haine avec madame. Il ne s’agit pas d’un « plaidoyer sur le sort des domestiques » comme le dit l’auteur lui-même, mais d’une construction scénique vide de sens. On voit que le couple valet/maître dépasse le cadre de cette opposition classique pour devenir un genre prétexte à une vision du monde creuse.
Le thème du maître et du valet a également investi le champ romanesque.
Dans ce journal, la bonne Célestine, pose un regard acéré sur la bourgeoisie qu’elle sert. Pour Octave Mirbeau, c’est l’occasion de brosser un tableau sans complaisance des mœurs de Paris et de la province au début du XXe siècle.
Flaubert dresse le portrait d’une bonne dont la vie n’est faite que de dévouement pour la famille qui l’emploie. Sans vie propre, elle devient sourde et sombre dans une folie mystique.