Dans l’article précédent, on a montré que l’Antiquité avait glorifié le silence au point de lui créer des autels.
Silence de Dieu
Dans l’univers de la Bible, le silence revêt aussi une importance capitale, mais on ne le divinise pas. Le silence s’avère celui de Dieu face aux bavardages des hommes impies. Dans le livre de Job, il revêt un rôle important.
Job
Le point de départ de ce livre de l’Ancien Testament est le pari lancé entre Satan et Dieu. Il s’agit d’éprouver Job, « homme intègre et droit, craignant Dieu et se détournant du mal » (Job, 1. 8-9) sans qu’il meure. C’est ainsi que Job perd progressivement de tous les biens qu’il possède et de ses enfants. Il est atteint par la maladie.
Abandonné de tous, l’homme se révolte devant tant d’injustice. Il attaque ainsi Dieu en excipant de ce silence et de l’indifférence à ses maux :
« Je crie vers toi, et tu ne me réponds pas ;
je me tiens debout, et tu me lances ton regard.
Tu deviens cruel contre moi,
tu me combats avec la force de ta main.
Tu me soulèves, tu me fais voler au-dessus du vent,
et tu m’anéantis au bruit de la tempête.
Car, je le sais, tu me mènes à la mort,
au rendez-vous de tous les vivants.
La bible, le livre de Job, traduction Louis Segond. Job 30. 20-23
Pourquoi le mal ? Qu’ai-je fait pour mériter cela ? se demande Job. La question du mal est, en effet, au cœur de ce récit qui rappelle que la vie nous conduit à vivre avec bon nombre de souffrances. Dieu finit par rompre son silence et discute avec lui ; il ouvre la voie à une communication libre.
Foi
D’ailleurs, Job reconnaît à la fin du livre qu’il n’avait qu’une connaissance formelle de Dieu : « Mon oreille avait entendu parler de Toi, mais maintenant mon œil t’a vu. » (Job 42.5 ».On est passé d’une religion prescriptive à une religion de foi. C’est par le silence de Job dans ses épreuves que ce dernier a interpelé Dieu. Cette interpellation est à l’origine de ce dialogue de vie.
Dans l’article suivant, nous verrons la pensée chrétienne de ce silence chez Pascal.