Analyse-Livres & Culture pour tous
6 Décembre 2019
Lorsque le silence est le révélateur d’une culpabilité, d’un châtiment que l’on s’impose.
Repères : thème du silence : étude : forme de langage
Dans l’article précédent, nous avons évoqué la question du silence dans la littérature au travers d’un grand écrivain, Aharon Appelfeld, victime de la Shoah. Nous poursuivons avec le traumatisme ressenti sur plusieurs générations. Le dernier ouvrage de Santiago H. Amigorena.
La courte préface de l’auteur place le silence au cœur de ce roman. Il est en effet mentionné : « Il y a vingt-cinq ans, j’ai commencé à écrire un livre pour combattre le silence qui m’étouffe depuis que je suis né. »
Nous voici plongés dans la peau du grand-père du narrateur, Vincente, juif polonais, exilé en Argentine en 1928. Dans ce pays prospère, il a fait sa vie avec femme et enfants. Il est heureux, car il est loin des siens restés en Europe. Son passé est aboli et son identité juive gommée. La montée du nazisme et la fermeture du ghetto de Varsovie changent la donne.
Devant les périls, Vicente se reproche de ne pas avoir écrit à sa mère. Il lui envoie quelques dollars, mais cela ne suffit pas. Il s’en veut d’avoir manifesté de l’indifférence et culpabilise de n’avoir pas cherché vraiment à la faire venir en Argentine. Face aux nouvelles alarmantes, il est assommé par son impuissance.
Cette culpabilité le conduit progressivement à ne plus pouvoir vivre comme avant. L’homme change dans sa physionomie, il vieillit. Il décide d’instinct de se taire. Il peine à vivre alors pourquoi parler ? Sa famille est désemparée par ce silence que rien ne peut rompre, ni l’affection qui leur porte, ni la nécessité du quotidien. Le silence se veut aussi thérapeutique :
« le silence, comme le jeu, espérait-il, l’aiderait à apaiser ses tourments. » (page 122) Mais c’est la descente en enfer qu’un évènement ne poussera pas à son terme. Le silence devient un châtiment que l’on s’impose.
Repère à suivre : la synthèse