Analyse-Livres & Culture pour tous
25 Octobre 2019
Vidocq a été une source d’inspiration romanesque auprès de Balzac qui a créé le personnage de Vautrin dans la Comédie humaine et de Hugo avec Jean Valjean dans les Misérables.
Repères : fait divers : étude
Dans l’article précédent, il a été question de la source d’inspiration d’Emma Bovary dans deux faits divers que Flaubert ne pouvait pas ne pas connaître. Nous resterons au XIXe siècle avec la personnalité emblématique de Vidocq qui a permis la création de deux héros de fiction plus vrais que nature, Vautrin et Jean Valjean.
Qui est donc Vidocq ? C’est un homme du Nord poursuivi pour ses larcins, ses travestissements et ses faux ; cette dernière condamnation lui vaut d’être envoyé au bagne duquel il s’échappe. C’est ainsi que Vidocq s’est acquis une solide réputation, de dur à cuir dans le milieu.
Il est également connu pour avoir proposé ses services à la police dont il occupera le poste de chef de la Brigade de sûreté sous la Restauration. Il reste que ce personnage n’atteindra la pleine notoriété qu’en 1828. À cette date, il entre en littérature et le fait divers avec lui. L’homme devient un mythe…
On assiste alors à l’émergence d’un fait d’intertextualité. On se souvient que l’intertextualité signifie réécriture d’un mythe.
En 1828, Vidocq publie en effet ses mémoires ; ce livre connaît alors un immense succès ; ce dernier est durable, car dix ans plus tard, Balzac cherche toujours à le rencontrer. À cette date, le romancier est en pleine élaboration du père Goriot qui est résolument de facture réaliste. C’est dans ces conditions que sortira de son imagination Vautrin, le forçat échappé, qui deviendra ensuite le faux prêtre Herrera dans les Illusions perdues et dans Splendeurs et misères de courtisanes. Notons que l’auteur s’est attaché plus au parcours spectaculaire de Vidocq qu’à sa personnalité.
Sur ce point, Balzac a conçu un héros tout en force, mais aussi tout en ambiguïté. On pense à Félicien Marceau* qui a mis en évidence l’homosexualité de Vautrin, présenté laconiquement par son concepteur comme celui qui « n’aime pas les femmes ».On apprécie la périphrase.
Vidocq entre à nouveau dans le champ de l’intertextualité avec Victor Hugo dans les Misérables.On pense ainsi à l’épisode du vol d’argenterie de Vidocq ; Hugo l’a repris dans le livre premier dans le cadre duquel Jean Valjean rencontre Mgr Bienvenu. On relève en outre que le héros de Hugo a connu lui aussi le bagne, etc.
Que ce soit sous la plume de Balzac ou de Hugo, le recours aux faits divers permet de nourrir profondément la fiction qui doit coller au réel pour paraître universel. Mais c’est avec Zola que la recherche du vrai devient prioritaire ainsi que nous le verrons dans l’article suivant.
Sources :
Marceau, Balzac et son monde, Gallimard
https://www.revuedesdeuxmondes.fr/article-revue/balzac-vidocq-et-sanson/
https://laregledujeu.org/2018/12/29/34694/qu-est-ce-que-la-litterature-homosexuelle-2/
repère : Zola et la recherche du vrai