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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

Le fait divers dans la presse

 

 

L’essor de la presse au XIXe siècle doit beaucoup aux faits divers érigés en rubrique. On assiste aussi à l’émergence de journaux spécialisés.

 

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Repères : fait divers : présentation

 

Dans l’article précédent, nous avons vu la définition au fait divers et ses conséquences. Découvrons aujourd’hui le lien qui existe avec la Presse. C’est en 1838 que le mot « fait divers » apparaît. Avec ce vocable nouveau, on y loge toutes les informations qui ne peuvent figurer dans les autres rubriques. C’est une catégorie fourre-tout. 

 

Fourre-tout

C’est rapidement une catégorie qui plaît aux lecteurs. On y adjoint des dessins, des caricatures pour donner un aspect sensationnel à l’affaire. Cela marche ; on s’arrache les journaux. Pour preuve de leur succès, on retrouve dans de nombreux ouvrages littéraires la passion française pour le fait divers. Les personnages de Zola lisent cette rubrique comme l’auteur qui s’abreuvait lui-même à cette source pour nourrir ses romans ainsi que nous le verrons. 

 

Affaire Troppmann

Un cas en particulier joue un rôle décisif, c’est l’affaire Troppmann de 1869. De quoi s’agissait-il ? D’un meurtre crapuleux d’une famille entière à Pantin par un vil escroc qui finit condamné à mort.

 

Maxime Du Camp rapporte des anecdotes sur cette affaire :

 

« Le jour où, selon l’expression consacrée, Troppmann « monta » à la cour d’assises, il se passa un fait curieux qui prouve, une fois de plus, combien la confusion des idées est profonde dans ces cervelles malsaines. Depuis son arrestation au Havre, il n’avait point été rasé ; on craignait tout de son énergie, on redoutait qu’il ne se jetât sur le rasoir et ne se fit une blessure mortelle. Son avocat demanda qu’il parût devant le jury tel qu’il était le jour du crime et, par conséquent, qu’on lui enlevât la barbe, qu’il ne portait pas alors. Après quelques difficultés, on fit droit à cette exigence, dont le but se devinait aisément ; en effet, Troppmann, dont l’apparence trompeuse était chétive et grêle, avait l’air d’un enfant de quinze ans lorsqu’il était rasé, et l’on pouvait essayer de démontrer aux jurés qu’un si faible jeune homme n’avait jamais pu commettre tout seul les crimes qu’on lui imputait et que du reste il avait avoués à ses compagnons pendant son séjour à Mazas. Pour le raser on prit toutes les précautions imaginables, on le revêtit d’une camisole de force, on l’attacha sur une chaise et l’on plaça des agents à sa droite, à sa gauche, derrière lui, de façon à le saisir et à l’immobiliser s’il faisait un mouvement trop vif en sentant le rasoir glisser sur son cou. Avec sa figure impudente et ironique, Troppmann souriait de la défiance dont il était l’objet, et il n’était pas sans ressentir quelque orgueil d’être un si important personnage. Haussant dédaigneusement les épaules et dirigeant vers moi ses petits yeux verdâtres, il me dit : « Malgré toutes leurs simagrées, j’aurais bien pu mourir, car j’ai des inventions qu’ils ne connaissent pas ; mais je n’ai pas voulu me tuer, pour ne point déshonorer ma famille. »

Maxime du Camp, Paris, ses organes, des fonctions et sa vie dans la seconde moitié du XIXe siècle.

https://fr.wikisource.org/wiki/Paris,_ses_organes,_ses_fonctions_et_sa_vie_dans_la_seconde_moitié_du_XIXe_siècle/XIV

 

Conséquences

La presse s’empare de l’affaire. Le petit journal voit son tirage exploser avec ses 500.000 exemplaires vendus ; il retrace l’exécution du condamné avec force détails.

 

Peu à peu, des journaux vont se spécialiser. Le fait divers étant rattaché à la justice, on verra l’essor de la gazette des tribunaux qui narratise les évènements de manière attractive :

« Affreux accident. On écrit de la Côte-d'Or, que jeudi dernier, vers 2 heures après midi, MM. Paquet et Vincent, tous deux instituteurs, le premier à Courtes, le second à Servignat, profitant de leur congé du jeudi, étaient allés se promener, accompagnés de leurs femmes, au bord de la Reyssouze, sur le territoire de Servignat. 

Il faisait très chaud les deux instituteurs eurent l'idée de prendre un bain; quand ils ''en furent sortis, Mmes Paquet et Vincent se baignèrent à leur tour, pendant que les maris jouaient au milieu d'un pré riverain avec la petite Bile de M. Vincent, à peine âgée de trois ans. 

Tout à coup, un cri perçant se fait entendre ce sont Mmes Paquet et Vincent qui se noient, M. Paquet, tout habillé sur le bord de la rivière, se précipite au secours; il est bon nageur, mais il est aussitôt enveloppé, étreint par les deux désespérées qui l'engloutissent avec elles. 

M. Vincent, qui reste seul sur la berge et qui sait à peine nager, n'hésite pas à son tour à se lancer à l'eau; il a rencontré sa femme, il est lui aussi englouti à diverses reprises, et ne doit son salut qu'au peu de résistance de sa chemise restée aux mains de sa femme; il peut la ramener cependant et la sortir de la rivière, mais il était trop tard, l'asphyxie était complète. »

Journal la Presse, Faits Divers 11 juillet 1873

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5143746/f3.image.texteImage

 

Dans l’article suivant, nous verrons le lien entre le fait divers et la littérature

 

Source : http://expositions.bnf.fr/presse/arret/08.htm

 

 

Repère à suivre : le lien entre le fait divers et la littérature

 

 

 

 

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