Analyse-Livres & Culture pour tous
24 Octobre 2019
Le thème du fait divers dans la littérature trouve son apogée dans le roman au XIXe siècle. Il reste qu’il fait figure de source d’inspiration ou simplement de prétexte narratif lorsqu’il est inventé.
Repères : fait divers : étude
Dans l’article précédent, nous avons abordé l’argumentation. Découvrons aujourd’hui l’importance qu’a revêtue le fait divers dans le roman.
Du XIXe siècle à nos jours, le fait divers nourrit la littérature au point de devenir un nouveau genre. Notre présente étude se fonde sur une problématique précise : en quoi le fait divers se situe-t-il entre source d’inspiration, simple prétexte ou nouveau genre littéraire ?
Nous verrons que les écrivains du XIXe siècle ont puisé à la source des faits divers pour faire naître une fiction romanesque. Ainsi sans le dire explicitement, des auteurs se sont servis de ce matériau pour créer des personnages ou des situations. Nous reviendrons ainsi sur le cas de Madame Bovary, héroïne dont Flaubert a revendiqué la pure originalité.
Nous poursuivrons aussi avec le personnage de Vidocq, auteur de faits divers, qui a fait surgir des personnages puissants tels que Vautrin chez Balzac et Jean Valjean chez Hugo. Nous verrons en outre comment Zola s’est emparé du fait divers pour donner du vrai à son roman : il s’agit pour lui d’assumer cette part du réel. Cette fascination pour le fait divers ne se dément pas au XXe siècle avec Mauriac et Thérèse Desqueyroux, et l’étranger de Camus.
Il existe d’autres auteurs qui ont créé de toutes pièces un fait divers comme pur ressort de leur roman. On pense ainsi à L’honneur perdu de Katharina Blum d’Henrich Böll ou Une chanson douce de Leila Slimani. Il reste que le fait divers, bien réel, est bien ancré dans la littérature française depuis la fin du XXe siècle
C’est un nouveau genre qui se fait jour avec cette appropriation du fait divers. C’est Truman Capote qui a inauguré en 1965 ce genre dans son livre De sang-froid où il analyse les motivations des meurtriers d’une famille du Kansas. On peut ainsi parler de romans non fictionnels. Cette terminologie place le roman du côté du détail, du particulier à des kilomètres de l’universel.
On verra l’enjeu de ce nouveau genre avec notamment l’Adversaire d’Emmanuel Carrère et La ballade de Rikers Island de Regis Jauffret. Cette dernière œuvre a connu des démêlés sérieux avec la justice. Nous nous demanderons alors si nous assistons à une redéfinition de la littérature sous le règne d’une nouvelle censure ?
Source :
https://books.openedition.org/psn/1673?lang=fr
repère à suivre : Flaubert et madame Bovary