Analyse-Livres & Culture pour tous
27 Octobre 2019
Âgé de 21 ans, Mauriac est fasciné par un fait divers à Bordeaux à tel point qu’il suit durant des semaines sur les bancs du tribunal le procès. C’est l’affaire Henriette Canaby dont il finit par s’emparer pour son roman Thérèse Desqueyroux plus de vingt ans plus tard.
Repères : fait divers : présentation
Dans l’article précédent, nous avons évoqué le roman naturaliste. Voyons aujourd’hui un auteur du XXe siècle qui s’est souvenu d’un fait divers pour l’élaboration de son œuvre célèbre, Thérèse Desqueyroux (1927).
C’est à Bordeaux, ville natale de Mauriac, que se tient le 16 juin 1905 le procès d’Henriette Canaby, poursuivie pour l’empoisonnement de son époux avec de l’arsenic. Cette dernière est acquittée du fait de l’absence de preuves tangibles et des querelles d’expert. Mais elle l’est aussi du fait d’un improbable soutien : celui de son mari, ce qui n’est pas banal en un tel cas. À l’issue du jugement, Henriette Canaby quitte son mari et part habiter à Paris. Dans le livre de Mauriac, le fait divers se transforme en un roman psychologique.
Dans cette œuvre, tout se rejoue après l’ordonnance de non-lieu : l’épouse qui rentre au domicile évoque cette vie conjugale à la fois étouffante et insatisfaisante. Un questionnement se fait jour en elle. Un long monologue s’ensuit, mais la réalité la rattrape.
Elle réalise que son mari, qui n’a cherché qu’à sauver les apparences, la maintient dans ses griffes ; Thérèse est captive ; elle se sent piégée dans ce mariage de pure forme. Sans avenir, elle se laisse dépérir avant qu’elle n’obtienne une séparation de fait et de vivre seule à Paris. Demeure une incommunicabilité totale entre les époux…
On voit bien dans quel cadre la narration a puisé à la source pour en faire un tout autre récit. Il existe parallèlement des œuvres dans lesquelles le fait divers, apparemment imaginaire, constitue le fondement du roman…
Source :
L'affaire des Chartons, Céline Bertrand
Repère à suivre : sur la trace de L’étranger de Camus