Analyse-Livres & Culture pour tous
2 Novembre 2019
La ballade de Rikers Island de Regis Jauffret rapporte le récit d’un fait divers célèbre, celui de l’affaire DSK au Sofitel de New York. La parution de ce roman en 2014 a fait l’objet d’un procès pour diffamation retentissant.
Repères : fait divers : étude
Dans l’article précédent, nous avons abordé les enjeux qui se profilent derrière ce type de fiction. Aujourd’hui nous achèverons notre étude avec le volet judiciaire. Nous prendrons l’affaire célèbre dite du Sofitel de New York, romancée par Régis Jauffret, dans son opus intitulé, La ballade deRikers Island (2014).
Accusé de viol d’une femme de chambre, un personnage important du monde de la finance internationale, jamais nommé, est détenu dans la prison célèbre new-yorkaise. Il est décrit comme un obsédé sexuel, affamé de rencontres passagères. Ancienne journaliste de premier plan et richissime, sa femme se trouve dans le plus grand désarroi devant cette vie conjugale passablement en lambeaux. Mais occupée par les contingences judiciaires, elle se doit de faire bonne figure. Il est à noter que seule la victime est clairement nommée, Nafissatou Diallo.
Par l’adoption de différents points de vue interne, le romancier perce les non-dits de ces personnages, leurs doutes, leur part sombre aussi. Il joue sur le vrai et le faux. L’affaire est également restituée dans son contexte d’extrême médiatisation. C’est ainsi qu’il met en lumière les ressorts de la violence humaine. Tout s’oppose au caractère chantant et mélodieux du titre. Le terme ballade rappelle en outre la marche de la honte de DSK devant un parterre de journalistes à l’issue de sa garde à vue.
Cela a suffi pour que Dominique Strauss Kahn décide d’attaquer le romancier devant la justice pour diffamation le 16 janvier 2014, le jour de la parution du roman. Comme d’habitude, la procédure a suscité un fol engouement pour le livre qui a bénéficié d’une publicité inouïe dopant sa promotion.
DSK a fondé sa plainte sur la « scène de viol » qu’il a considérée comme diffamatoire. L’auteur dont on a vu précédemment la radicalité de son choix narratif a opposé à cette demande la liberté de création dans la mesure où son livre porte la mention roman.
Il a aussi développé une argumentation intéressante, souvent utilisée par les écrivains, et qui se résume par une formule savante : l’exception de littérature. Dans l’article suivant, nous chercherons à mettre en évidence le sens et la portée de cette expression.
Repère à suivre : l’exception de littérature