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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Retour à Nohant pour George Sand

En 1836, George Sand retourne à Nohant qui redevient son bien en propre après le jugement de séparation avec Casimir. Le domaine de Nohant comprend une ferme, des métairies, parc, bois. C'est aussi un lieu où elle créa des lieux de culture, théâtres...

 

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Repères :  George Sand  : vie littéraire

 

Dans l’article précédent, nous avons visité le domaine de Nohant que George Sand récupère définitivement à l’issue de la procédure de séparation judiciaire avec Casimir.  Nous sommes en 1836. Elle y vivra de manière alternée avec ses résidences de Paris ou de Palaiseau (avec son dernier compagnon Alexandre Manceau). 

 

Domaine

Il faut se reporter à l’ouvrage de Michèle Perrot* pour retrouver l’écrivain dans son cadre naturel. À l’époque de George Sand, Nohant est un domaine d’une taille importante dans le Berry. Il est composé d’une demeure de maître que George répugne à appeler château, un corps de ferme, un parc, des bois et des métairies.  

 

Nature

George Sand est une terrienne qui magnifie la terre. Il n’est pas rare qu’elle jardine elle-même. La nature est clairement son élément ; elle aime se baigner dans la rivière. Ce thème sandien a été déjà évoqué dans le cadre de ces colonnes, avec La Petite Fadette.

 

George Sand n’a pas son pareil pour parler ainsi du Berry ; 

« Le Berry n’est pas doué d’une nature éclatante. Ni le paysage ni l’habitant ne sautent aux yeux par le côté pittoresque, par le caractère tranché. C’est la patrie du calme et du sang-froid. Hommes et plantes, tout y est tranquille, patient, lent à mûrir. N’y allez chercher ni grands effets ni grandes passions. Vous n’y trouverez de drames ni dans les choses ni dans les êtres. Il n’y a là ni grands rochers, ni bruyantes cascades, ni sombres forêts, ni cavernes mystérieuses… des brigands encore moins ! Mais des travailleurs paisibles, des pastoures rêveuses, de grandes prairies désertes où rien n’interrompt, ni le jour ni la nuit, le chant monotone des insectes ; des villes dont les mœurs sont stationnaires, des routes où, après le coucher du soleil, vous ne rencontrez pas une âme, des pâturages où les animaux passent au grand air la moitié de l’année, une langue correcte qui n’a d’inusité que son  ancienneté, enfin tout un ensemble sérieux, triste ou riant, selon la nature du terrain, mais jamais disposé pour les grandes émotions ou les vives impressions extérieures. Peu de goût, et plutôt, en beaucoup d’endroits, une grande répugnance pour le progrès. La prudence est partout le caractère distinctif du paysan. En Berry, la prudence va jusqu’à la méfiance."

George Sand, Promenades autour d’un village

https://fr.wikisource.org/wiki/Berry/1

 

Maison

Notons que si la maison de Nohant n’a jamais été décrite dans l’œuvre de George Sand, elle fait partie de la vie de l’auteure qui n’a eu de cesse de la réaménager pour tenir compte de l’évolution de besoins de sa famille. Ainsi les pièces sont réaffectées pour chacun au fil des années. Le bureau de l’écrivain se situe, chaque fois, dans sa chambre à coucher puisqu’on sait qu’elle y travaille la nuit. Avant de s’abandonner à sa plume, elle aime les soirées où l’on lit à haute voix lorsqu’elle est à sa couture. On y écoute aussi de la musique comme au temps de Chopin ainsi que nous le verrons ci-après.

 

Théâtres

George Sand crée en outre des espaces pour loger le théâtre de marionnettes de Maurice. Elle lui offre encore un somptueux atelier cathédral ; il y abrite ses collections naturalistes. 

George Sand redistribue la chambre de Solange après son mariage pour y accueillir une scène. À Nohant, maître et serviteurs s’attribuent ainsi spontanément des rôles. On répète sérieusement les pièces que l’auteure proposera au public de la capitale. C’est dans ces conditions que les villageois sont conviés aux représentations. 

 

Bohème

À Nohant, George Sand souhaite offrir une retraite à ses amis artistes. On y mène une vie de Bohème. On crée, on vit, on rit. Sa générosité est sans limites, car Delacroix, lui-même, se voit attribuer un atelier qu’il n’utilisera que brièvement.

Elle y attire ses amis parisiens : Balzac, Fromentin, Théophile Gautier, Liszt, Tourgueniev. Flaubert, lui, ne trouvera pas l’occasion de venir du vivant de l’auteure.

Nohant renvoie aussi au paradoxe de George Sand à la fois baronne châtelaine et socialiste : sa conception de la propriété l’empêche de se restreindre ou de faire des économies. Elle ne veut que le transmettre à Maurice. À la fin de sa vie, on l’appellera néanmoins la bonne dame de Nohant, âge où elle se retire auprès de ses petits-enfants enterrés dont elle se sent si proche.

 

Dans le prochain article, nous verrons la question du féminisme de George Sand.

 

*George Sand à Nohant, Michèle Perrot, Seuil 2018

 

Repère à suivre : le féminisme de George Sand 

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