Analyse-Livres & Culture pour tous
30 Septembre 2019
Nohant, lieu mythique est aussi le siège de beaucoup d'évènements douloureux subis par George Sand comme en ce mois de juillet 1847, notamment la brouille avec sa fille et la séparation consécutive avec Chopin.
Repères : George Sand : vie littéraire
Dans l’article précédent, nous avons le rapport que George Sand entretient avec la musique et notamment avec Chopin avec lequel elle vit une passion de neuf années riches en composition pour lui, mais aussi pour elle. Tout ceci avant le drame de Nohant…
Si Chopin conçoit une très grande partie de son répertoire à Nohant, George Sand apprend également beaucoup au contact du compositeur. Elle publie en 1842 Consuelo, l’histoire de cette cantatrice admirée qui perd sa voix. Elle aime ce milieu ainsi que l’on peut le noter dans les maîtres sonneurs, le château des désertes etc…
La musique est un des fils rouges de son œuvre, tout comme nous verrons le théâtre dans un article à venir. Le couple travaille donc ensemble. Mais la jalousie de Chopin ternit leur relation qui s’épuise graduellement. George Sand éloigne des amis pour lui complaire et notamment le comédien Bocage et son éditeur Hetzel.
C’est aussi un être compliqué, bourré de paradoxes comme le dit George Sand, elle-même, dans un portrait au vitriol :
« Chopin voulait toujours Nohant, et ne supportait jamais Nohant. Il était l’homme du monde par excellence, non pas du monde trop officiel et trop nombreux, mais du monde intime, des salons de vingt personnes, de l’heure où la foule s’en va et où les habitués se pressent autour de l’artiste pour lui arracher par d’aimables importunités le plus pur de son inspiration. C’est alors seulement qu’il donnait tout son génie et tout son talent. C’est alors aussi qu’après avoir plongé son auditoire dans un recueillement profond ou dans une tristesse douloureuse, car sa musique vous mettait parfois dans l’âme des découragements atroces, surtout quand il improvisait ; tout à coup, comme pour enlever l’impression et le souvenir de sa douleur aux autres et à lui-même, il se tournait vers une glace, à la dérobée, arrangeait ses cheveux et sa cravate, et se montrait subitement transformé en Anglais flegmatique, en vieillard impertinent, en Anglaise sentimentale et ridicule, en juif sordide. C’était toujours des types tristes, quelque comiques qu’ils fussent, mais parfaitement compris et si délicatement traduits qu’on ne pouvait se lasser de les admirer. »
Histoire de ma vie, Sand
https://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_de_ma_vie_(Sand,_édition_Gerhard)/Texte_entier3
La brouille avec Solange
Chopin, qui n’a pas d’enfant, se plaît véritablement dans cette intimité familiale, il gâte affreusement Solange pour laquelle il tient lieu de père putatif. Cette attitude finit par peser à Maurice. George Sand s’en aperçoit aussi. Elle décide volontairement de ne pas consulter son amant sur le choix du fiancé de sa fille, le sculpteur Auguste Clésinger. D’ailleurs, Chopin n’est pas invité au mariage qui est célébré en juin 1847, en raison des convenances sociales : la présence du père véritable, Casimir Dudevant, empêche évidemment celle du musicien, qui en conçoit néanmoins de l’amertume.
Un mois après le mariage, les choses vont se troubler. À court d’argent, Clésinger demande à George Sand d’hypothéquer Nohant. Pour elle, il n’en est pas question, le bien doit revenir à son fils. Le ton monte et la dispute se fait jour entre Maurice et son beau-frère. S’interposant, George Sand est frappée par son gendre. Contre toute attente, Solange prend le parti de son mari contre sa propre mère. C’est la brouille qui provoque la séparation du couple Sand/Chopin.
Informé de la situation, Chopin choisit, en effet, le camp de Solange, en tenant à subvenir aux besoins du couple qui connaîtra des années durant la gêne. C’est ainsi que prennent fin les neuf années de liaison. Les deux anciens amants ne se reverront qu’une fois. Le compositeur mourra peu de temps en octobre 1849.
La crise de Nohant est aussi le signe pour George que le mariage de sa fille avec Clésinger est un échec. Elle sait d’avance qu’elle va devoir la soutenir financièrement. Elle propose à l’édition un nouveau texte, ce sera le récit autobiographique de l’Histoire de ma vie.
L’année 1847 est décidément une année bien sombre sur le plan personnel…
Dans un article à suivre, nous aborderons la passion de George Sand pour le théâtre.
Repère à suivre : George Sand et le théâtre