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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

La rançon du succès : George Sand et l’argent

George Sand a dû travailler toute sa vie comme une acharnée pour des motifs économiques. Devant subvenir aux besoins de ses enfants (même adultes) et de bon nombre d'amis, elle s'est lancée dans de nombreux projets d'écriture. 

 

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Repères :  George Sand  : vie littéraire

 

Dans l’article précédent, nous avons vu avec quelle œuvre George Sand a connu son premier succès littéraire, découvrons aujourd’hui la rançon de la gloire pour celle qui vivra désormais du fruit de son travail, c’est tellement rare qu’il faut le souligner. Mais à quel prix ! C’est le moment de d’évoquer la question de l’argent dans la vie de l’auteure. 

 

Les éditeurs

 Avec Indiana, George Sand voit les éditeurs de revue s’intéresser à elle. Une concurrence a lieu entre la Revue de Paris et la prestigieuse Revue des deux mondes. C’est cette dernière qui remporte le contrat avec l’auteure qui se croit heureuse. Elle est loin d’imaginer qu’elle se trouve -pendant 44 années- aliénée à sa table de travail pour produire toujours plus de textes dans un temps limité. Elle vend en avance les droits de ses romans, elle écrit des nouvelles, plus faciles à placer. Elle se lance par la suite dans la rédaction de pièces de théâtre. Puis de fil en aiguille, elle tire parti de la matière de sa vie pour écrire, écrire et encore écrire. C’est ainsi que les textes autobiographiques sont publiés que ce soit sous forme de ses fameuses lettres d’un voyageurs, que de récit un hiver à Majorqueou son roman, Elle et lui,s’agissant de sa relation avec Musset. Mais nous y reviendrons. Quelle est donc cette impérieuse nécessité qui la conduit à livrer autant d’ouvrages ?

 

L’argent

C’est en effet l’argent qui est le nerf de la guerre dans l’existence de George Sand. Il faut souligner que cette dernière assume seule depuis la séparation judiciaire avec Casimir la charge financière de sa personne, mais aussi celle de Nohant, de ses deux enfants qu’elle soutiendra toute sa vie et de ses nombreux amis. En un mot, George Sand a le cœur sur la main et répond toujours aux sollicitations. Cette situation conduit à la voir écrasée par son travail d’écrivain. Elle se dispute notamment avec Buloz son éditeur pour des questions d’argent. C’est une pression immense qui pèse sur ses épaules ainsi qu’on le comprend dans sa correspondance. Dans la lettre que vous pourrez lire,  George Sand a 54 ans et négocie avec son éditeur encore et encore…

 

« Nohant, 25 janvier 1858.

 

Cher ami, 

Je reçois des épreuves du libraire qui imprime Bois-Doré ; ce doit être la partie qui n’a pas été composée par la Presse et corrigée par moi. Comme ce libraire m’envoie deux exemplaires de ladite épreuve, je les ai corrigées toutes deux et je vous en envoie une, afin que vous n’ayez plus à vous en tourmenter.  Pourtant, si fait, il faut que vous voyiez si la fin de ce que j’ai corrigé pour la Presse il y a deux mois, et le commencement de ce que je vous envoie aujourd’hui s’accordent bien.

Je m’étonne de n’avoir pas de vos nouvelles. Où en sommes-nous de nos derniers accords sur le Château des Étoiles ? Je sais bien que tout ce qui dépend de vous à mon égard sera accordé. Mais êtes-vous toujours le maître ?

J’avance beaucoup dans mon travail et je crains de vous arriver trop vite dans ma demande d’argent. Pourtant comment faire ? Il est bien entendu que, si cela ne se peut pas, vous me le direz bientôt et vous n’en annoncerez pas moins un roman de moi, que je vous ferai plus tard, quand vous en aurez besoin.

Bonsoir et bonne santé. Maurice m’a dit que vous faisiez une pantomime. Diable ! monsieur, vous allez sur mes brisées ! j’en ai fait beaucoup autrefois. Mais j’ai été dépassée par d’autres auteurs sur le théâtre de Nohant. Je retiens la vôtre : nous vous la jouerons quand vous viendrez ici.

À vous de cœur. »

 

Si elle n’écrit pas, elle ne peut plus subvenir à ses besoins et à ceux de ses proches. Nécessité fait donc loi. C’est ce qui explique son impressionnante bibliographie comprenant le plus souvent quatre œuvres par an. À sa mort, on ne sera pas étonné de voir que la publication de ses œuvres continue que ce soit une partie de sa correspondance, ses manuscrits inédits. Le nom de George Sand fait indubitablement vendre…

 

Dans l’article suivant, il sera question de pénétrer dans sa mythique mansarde bleue…

 

Repère à suivre : la mansarde bleue


 

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