Analyse-Livres & Culture pour tous
30 Septembre 2019
A côté de la musique, George Sand éprouve une passion pour le théâtre. Elle réorganise Nohant de manière à créer un théâtre de marionnettes pour Maurice et un théâtre pour lui permettre de rôder ses pièces.
Repères : George Sand : vie littéraire
Dans l’article précédent, nous avons le rapport que George Sand entretient avec la musique et notamment avec Chopin, découvrons le lien qu’elle noue avec le théâtre.
Avec la musique, le théâtre est une véritable passion. Elle aime ce milieu de la création depuis son jeune âge. Ce n’est pas un hasard que son premier roman, Rose et Blanche, porte sur l’univers des comédiens. Mais c’est par le genre romanesque qu’elle aborde sa passion. Ses succès font l’objet d’adaptation pour la scène comme Indiana, par exemple. Enfin, elle se lance sans filet dans l’écriture d’une pièce. Pour elle, c’est la poursuite de son œuvre. Le théâtre joue un rôle pédagogique. C’est un engagement toujours social qu’elle mène au travers de son art.
On est en 1840, elle écrit Cosima, un drame en 5 actes qui narre le récit d’une jeune Florentine mal mariée qui est troublée par un séducteur. La pièce est jouée au théâtre français alias la Comédie française. Mais le public n’est pas au rendez-vous. On s’ennuie ; la pièce est un échec. La critique est assassine. Prenez celle de Leconte de Lisle :
« (…) Lorsqu’un écrivain s’est élevé au rang qu’occupe l’auteur de Lélia ; lorsque pendant huit années chacune de ses productions lui a conquis une renommée brillante et méritée, on ne descend pas impunément de ce haut degré : une erreur est une chute. N’avons-nous pas vu un long poème de M. de Lamartine déterminer la décadence imminente de son génie ?
Il serait donc à désirer que George Sand oubliât ou fît oublier cette première tentative par un chef-d’œuvre dramatique. Pour un semblable talent, la forme n’est qu’une habitude, car il doit être primitivement original. Nous sommes donc bien loin de partager l’opinion de ceux qui conseillent au brillant écrivain de rentrer dans son domaine, le roman, et d’y rentrer pour n’en plus sortir, car il ne saurait appartenir à qui que ce soit de désespérer le génie. »
Critique de Leconte de Lisle dans la Variété, mai 1840
https://fr.wikisource.org/wiki/George_Sand_—_Cosima_(Leconte_de_Lisle)
Pour George Sand, l’échec est cuisant. Dépitée, elle se réfugie en effet dans le roman. Elle attendra 1849 pour voir se produire avec succès François le Champi. Elle a confié cette comédie à un de ses amis, Bocage, qui dirige le théâtre de l’Odéon, le lieu d’excellence sous la 2e République. C’est lui qui a mis en scène la pièce d’une main de maître. Il récidivera en 1851 avec Claudie, jeune paysanne séduite et abandonnée.
À Paris, les sujets champêtres y sont admirés. C’est un nouveau style qui plaît. En dépit de critiques qui trouvent trop de rusticité, sa carrière est lancée. Elle n’arrêtera plus d’en proposer. On compte 31 pièces écrites, dont 25 jouées. C’est là encore une performance d’auteur incroyable puisque dans le même temps, elle poursuivait son ardente activité de romancière…
On a vu que Nohant était l’arrière-scène de la scène parisienne : on y répète ses pièces ; on y rode les mises en scène. Cette passion pour le théâtre, elle la vit avec son grand amour, Alexandre Manceau, graveur de son état, avec lequel elle vivra 15 ans. Ce dernier se pique lui aussi de jouer en amateur à Nohant. Ils partagent donc cet attrait pour les comédies champêtres.
Cette frénésie d’écriture pour la scène comble aussi le besoin d’une femme qui a connu de grands chagrins avec la perte de deux de ses petits-enfants et qui a besoin de la vitalité des planches pour survivre.
Dans l’article à venir, nous aborderons le goût de George Sand pour les voyages.
Source : https://libretheatre.fr/theatre-de-george-sand/
Repère : George Sand et les voyages.