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Analyse-Livres & Culture pour tous

Gazette littéraire

Le rejet des puissants et des structures sociales  

Le thème du populisme dans la littérature nous conduit à voir le rejet des puissants et des structures sociales.

 

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Repères : thème du peuple : étude 

Il a été présenté dans l’article précédent la problématique de l’étude, qui se définit comme suit : comment décrire la colère du peuple et les ressorts populistes sous-jacents ?  Nous tenterons d’y répondre au travers de la lecture des deux romans suivants :

 

  • L’Or, de Blaise Cendras, roman publié en 1925
  • La guerre des pauvres, d’Éric Vuillard, récit publié en 2019.

 

Après avoir abordé la question du peuple évoqué par chacun des deux auteurs, puis le caractère soudain de l’insurrection populaire, il convient de voir le contenu du discours qui a conduit à une telle manifestation de violence. On note un rejet viscéral des structures sociales.

 

Rejet du droit

Dans l’Or de Cendrars, on a vu que la foule haineuse se soulève à l’issue de la décision de justice qui donne raison à un seul homme, Sutter. Mais quel était donc l’objet du procès, source de toute colère ? 

 

Faisant valoir ses droits, Suter revendique la propriété exclusive de tout le territoire sur lequel ont été édifiées toutes les villes. Il formule, en outre, une demande indemnitaire de plus de 25 millions au gouvernement de l’État de Californie pour avoir bénéficié des infrastructures et 50 millions au gouvernement fédéral pour ne pas voir su maintenir l’ordre public lors de la ruée vers l’Or. Mais surtout, il rappelle ses droits sur l’or extrait et réclame la tenue d’une commission pour évaluer sa part d’or à compter du jugement à venir. C’est ce point qui pousse les habitants à recourir à des avocats pour lutter contre ces prétentions. L’examen de l’affaire dure quatre années.  

 

Entre-temps, on emploie des méthodes malhonnêtes pour tenter de gagner : « Le pays entier jubile en apprenant que les principales pièces du procès sont détruites, notamment les originaux des actes (…) » (page 133). Tout est permis lorsqu’on est sûr du nombre.

 

Dans ce contexte explosif, l’annonce de la victoire de Suter sur les deux instances gouvernementales est le prélude à une remise en cause brutale des institutions du pays. On brûle ainsi le palais de justice, le greffe, les archives avant de détruire toutes les possessions de Suter. 

 

« La populace veut lyncher le juge Thompson. Le lendemain, tout le pays est en révolution et aussitôt les bandes s’organisent.

Les autorités sont impuissantes. » (page 146)

 

On comprend bien que la révolte se cristallise sur la contestation des principes du droit et de la justice. Le peuple considère que la décision rendue est inique. De leur point de vue, la possession prévaudrait sur la propriété. La loi du nombre joue donc à plein. On comprend que Suter, en dépit de ses efforts, n’ait jamais vu son affaire évoquée à Washington. Trop d’intérêts économiques et politiques sont en jeu…

 

Il reste à analyser la critique des puissants dans l’ouvrage de Éric Vuillard.

Rejet des puissants

Dans ce récit, c’est l’opinion publique qui est prise à partie. Comment ? Par ses manifestes traduits ou en lui parlant dans sa langue ; dans les deux cas, pour critiquer sévèrement le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel.

 

Attaquant l’Église dont il ne supporte plus la pompe, Müntzer décide de dire sa messe en allemand et non plus en latin. Il choque de ce fait les savants et les théologiens, il effraie aussi les puissants. Une foule immense se presse pour l’entendre. Scandale ! Que dit-il ? Il condamne les riches et leurs vices. Il affirme que Dieu n’est pas du côté des grands du monde, mais du côté des pauvres.

 

Le prédicateur sonne l’heure où les puissants vont devoir enfin s’abaisser vers le peuple :

« Il ordonna au comte de Mansfeld de « s’humilier devant les petits. » C’est qu’il n’avait jamais entendu ça le comte ! Müntzer déclare que les oiseaux vont dévorer la chair des princes. » (page 45)

C’est aussi le moment de la révolte civile.« Chers frères, assez d’attente et d’hésitation ! Il est temps ! (… ) Ne flattez pas vos princes, sinon vous vous condamnerez à la ruine avec eux. » (page 44)

 

Müntzer rejette également toute forme de pouvoir temporel ; il rêve d’un monde sans privilège social où « l’égalité des âmes » (page 19) serait la norme. Mais allant plus loin, c’est l’utopie d’une fin de l’État où l’on assisterait au partage des biens (page 31). On voit bien la radicalité de la contestation.

 

Dans l’article suivant, il sera question des revendications morales portées par ces révoltes.

 

Repère à suivre : la revendication morale de la révolte populaire

 

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