16 Mai 2019
Le thème du peuple dans la littérature nous conduit à découvrir un courant littéraire populiste. Né en 1929, il a été créé par Léon Lemonnier. Quel est donc l'objet de cette école de pensée ?
Repères : thème du peuple : présentation
Dans l’article précédent, nous nous sommes intéressés au populisme, terme employé de nos jours sans réel discernement. Aujourd’hui, nous reviendrons sur l’émergence d’un courant littéraire populiste, en France, dans les années 1920. Un manifeste a été publié avant la création d’un prix en 1931.
Le courant populiste est né à la suite de la publication d’un manifeste en date du 27 août 1929 sous la plume d’un écrivain, Léon Lemonnier. Quelle en est la philosophie ? Il s’agit d’une dénonciation du genre littéraire qualifié de bourgeois et de psychologique.
Derrière cette revendication, il est question de focaliser la narration sur des héros issus du peuple. On assiste à l’émergence d’un nouveau courant littéraire, s’opposant au naturalisme de Zola, qui ambitionne de révolutionner le genre du roman né au XIXe siècle et figé depuis.
De quelle manière ?
Par la seule description de la réalité. Parcourons un extrait de cette proclamation de principe évocatrice du changement de perspective :
« Nous en avons assez des personnages chics et de la littérature snob ; nous voulons peindre le peuple. Mais avant tout, ce que nous prétendons faire, c’est étudier attentivement la réalité. Nous nous opposons, en un certain sens, aux naturalistes. Leur langue est démodée et il convient de n’imiter ni les néologismes bizarres de certains d’entre eux, ni leur façon d’utiliser le vocabulaire et l’argot de tous les métiers. Nous ne voulons point non plus nous embarrasser de ces doctrines sociales qui tendent à déformer les œuvres littéraires. Il reste deux choses. D’abord de la hardiesse dans le choix des sujets : ne pas fuir un certain cynisme sans apprêt et une certaine trivialité –j’ose le mot– de bon goût. Et, surtout, en finir avec les personnages du beau monde, les pécores qui n’ont d’autre occupation que se mettre du rouge, les oisifs qui cherchent à pratiquer des vices soi-disant élégants. Nous voulons aller aux petites gens, aux gens médiocres qui sont la masse de la société et dont la vie, elle aussi, compte des drames. Nous sommes donc quelques-uns bien décidés à nous grouper autour d’André Thérive, sous le nom de “romanciers populistes”. Le mot, nous l’avons dit, doit être pris dans un sens large. Nous voulons peindre le peuple, mais nous avons surtout l’ambition d’étudier attentivement la réalité. Et nous sommes sûrs de prolonger ainsi la grande tradition du roman français, celle qui dédaigna toujours les acrobaties prétentieuses, pour faire simple et vrai.»
Léon Lemonnier, L’Œuvre, août 1929.
À l’issue de ce manifeste, un prix littéraire est donc créé. Dans l’article suivant, nous découvrirons le titre de l’œuvre pour la première fois récompensée à ce titre.
Repère à suivre : le prix du roman populiste