Analyse-Livres & Culture pour tous
23 Avril 2019
Le thème de Paris dans la littérature nous livre deux romans qui donnent à la Ville Lumière un aspect humain, une personnification avant d'offrir une déambulation libre ou choisie dans des quartiers fabuleux.
Repères : thème de Paris : étude
Dans l’article précédent, nous avons débuté l’étude consacrée à une folle échappée parisienne entre mystères et poésie au travers de la lecture croisée de deux romans emblématiques que nous avons préalablement présentés :
Nous avons abordé la question de la déambulation parisienne la nuit, puis de l’ambiance singulière qui y règne. Voyons aujourd’hui la géographie mise en exergue dans chacun des livres. En effet, la localisation des lieux est chaque fois extrêmement précise. Découvrons-là, ensemble.
Dans les dernières nuits de Paris, Soupault personnifie la capitale à de nombreuses reprises. Il en fait donc une protagoniste même de son roman. Paris, la nuit, c’est le lieu de tous les trafics, les plus vils. Dans la quête de cette femme, le narrateur s’en approche au point de faire des découvertes :
« C’est Paris que je croyais connaître et dont j’ignorais le sexe et le mystère, c’est Paris méconnu et retrouvé, Paris avec son haleine et ses gestes, Paris et sa nuit souple et silencieuse, Paris et ses plis, Paris et ses visages. » (Page 88)
La géographie empruntée par le livre reprend l’itinéraire employé par Georgette dans le cadre de son métier. On note l’opposition entre le mouvement et la position statique, ce qui rend le livre incroyablement original. Ainsi, chaque nuit, la prostituée est tenue de suivre une route précise, ce qu’elle fait bizarrement à vive allure. Curieuse manière, me direz-vous pour attirer le client, d’autant qu’elle s’arrête à l’occasion dans des hôtels de passe, devenus des lieux d’étapes. Le narrateur qui la suit donc dans ses pérégrinations est évidemment intrigué.
Quel est donc cet itinéraire ? Il consiste à partir de la rive gauche de la Seine, du boulevard St-Germain, pour parvenir à la gare d’Orsay, avant de traverser la Seine, puis les jardins du Trocadéro et de parvenir aux Champs-Elysées.
À cet endroit, Georgette reprend son activité, de manière plus classique, et finit ainsi la nuit de travail. Il est à noter que le second roman, les pêcheurs d’étoiles, offre une déambulation à la fois plus lente et surtout plus spontanée.
À la recherche de Biqui, Cendrars et Satie se trouvent embarqués dans une folle échappée où tous les arts sont convoqués : peinture, musique, littérature. Ils nous font ainsi découvrir le Tout-Paris artistique de l’entre-deux-guerres. Pour cela, ils choisissent un itinéraire tout à fait improvisé. Ils quittent le café du chien qui fume sis dans le 18earrondissement de Paris, pour retrouver Cocteau et ses amis à la Closerie des Lilas (Montparnasse).
Puis, ils bifurquent pour gravir les escaliers menant au grenier de l’Opéra. Au cours de la nuit, ils rendent aussi visite à la tombe d’Apollinaire située au cimetière du Père-Lachaise (20earrondissement).
Loin de s’en arrêter là, ils arrivent ensuite à la place de la Nation, qui est le repère des anarchistes ; ils y rencontrent Chagall. Ils iront en outre au jardin des Plantes (13e) louer les services d’une girafe.
C’est alors la fin de la nuit, émaillée de rires, de disputes, de bagarres. Il faut se séparer, mais un incident empêche les deux comparses, devenus amis, de revenir chez eux. Cette circonstance va faire de cette nuit d’ivresse, une nuit incomparable.
La notion du temps joue, en effet, un rôle important.
Repère à suivre : Paris, le thème du temps