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Analyse-Livres & Auteurs-Culture

Paris, les barricades et la littérature

La ville de Paris s'associe aux barricades dressées par le Peuple contre le pouvoir. L'Histoire donne de nombreux exemples. Chateaubriand raconte ses souvenirs en sa qualité de témoin oculaire de la nuit du 29 juillet 1830.

Paris, les barricades,  littérature, thème, Chateaubriand, juillet 1830

Repères : thème de Paris : présentation

 

Nous avons vu, dans le précédent article, que de 1789 à 1870 les aspirations à la liberté gouvernent les passions françaises à Paris. Il sera aujourd’hui question de remarquer que la contestation du pouvoir s’effectue sur les barricades et les armes à la main. 

Chateaubriand

Découvrons, dans un extrait d’un témoin oculaire, un épisode des événements de 1830. Chateaubriand nous raconte la nuit du 29 juillet 1830 et le climat qui prévaut : 

« J’ai laissé les troupes, le 29 au soir, se retirer sur Saint-Cloud. Les bourgeois de Chaillot et de Passy les attaquèrent, tuèrent un capitaine de carabiniers, deux officiers, et blessèrent une dizaine de soldats. Le Motha, capitaine de la garde, fut frappé d’une balle par un enfant qu’il s’était plu à ménager. Ce capitaine avait donné sa démission au moment des ordonnances ; mais, voyant qu’on se battait le 27, il rentra dans son corps pour partager les dangers de ses camarades. Jamais, à la gloire de la France, il n’y eut un plus beau combat dans les partis opposés entre la liberté et l’honneur. 

Les enfants, intrépides parce qu’ils ignorent le danger, ont joué un triste rôle dans les trois journées : à l’abri de leur faiblesse, ils tiraient à bout portant sur les officiers qui se seraient crus déshonorés en les repoussant. Les armes modernes mettent la mort à la disposition de la main la plus débile. Singes laids et étiolés, libertins avant d’avoir le pouvoir de l’être, cruels et pervers, ces petits héros des trois journées se livraient à des assassinats avec tout l’abandon de l’innocence. Donnons-nous garde, par des louanges imprudentes, de faire naître l’émulation du mal. Les enfants de Sparte allaient à la chasse aux ilotes. »

Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand 

https://fr.wikisource.org/wiki/Mémoires_d’outre-tombe/Troisième_partie/Livre_XV

 

S’agissant de la révolution de février 1848, de nombreuses personnalités appartenant au monde littéraire se passionnent pour les événements.

Ainsi George Sand écrit dans la presse, Lamartine participe au gouvernement provisoire, Hugo est élu député en juin 1848 ; il fait un discours célèbre sur la misère l’année suivante (9 juillet 1849). Il reviendra sur les événements avec le célèbre roman, les Misérables.

Insurrection ouvrière

Dans le même temps, la fermeture des Ateliers nationaux créés à Paris en février 1848 pour les ouvriers au chômage soulève la population au mois de juin 1848.

 

Qu’est-ce qu’une insurrection ?

 

Spectateur de la violence des luttes, le poète Robert-Victor la met en mots :

 

« Dans la grande cité quelle rumeur profonde ! 
C'est le rappel qui bat, c'est le canon qui gronde. 
La discorde intestine, excitant ses flambeaux, 
Prépare une pâture au festin des corbeaux. 
La patrie est en proie à d'horribles batailles , 
Et de ses propres mains déchire ses entrailles. 
Français contre Français! je l'ai vu, j'en frémis. 
Le plomb vole et se croise entre des coeurs amis. 
Quels flots de sang! Le frère, en immolant son frère, 
Foule d'un pied hardi le cadavre d'un père; 
Paris se suicide... 0 monstruosité! 
Un peuple entier s'égorge avec férocité... »

 

Robert-Victor, Le martyre des barricades (1848)

 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5425129w/f3.image.texteImage

 

Achevons avec la Commune de 1870, voyons ce que Hugo rapporte de cette insurrection sur les barricades. Il prend le parti des enfants : 

 

« Sur une barricade, au milieu des pavés 
Souillés d’un sang coupable et d’un sang pur lavés, 
Un enfant de douze ans est pris avec des hommes. 
— Es-tu de ceux-là, toi ? — L’enfant dit : Nous en sommes. 
— C’est bon, dit l’officier, on va te fusiller. 
Attends ton tour. — L’enfant voit des éclairs briller, 
Et tous ses compagnons tomber sous la muraille. 
Il dit à l’officier : Permettez-vous que j’aille 
Rapporter cette montre à ma mère chez nous ? 
— Tu veux t’enfuir ? — Je vais revenir. — Ces voyous 
Ont peur ! Où loges-tu ? — Là, près de la fontaine. 
Et je vais revenir, monsieur le capitaine. 
— Va-t’en, drôle ! — L’enfant s’en va. — Piège grossier ! 
Et les soldats riaient avec leur officier, 
Et les mourants mêlaient à ce rire leur râle ;
Mais le rire cessa, car soudain l’enfant pâle, 
Brusquement reparu, fier comme Viala, 
Vint s’adosser au mur et leur dit : Me voilà. 

La mort stupide eut honte, et l’officier fit grâce. »

Hugo, l'Année terrible, 

https://fr.wikisource.org/wiki/L’Année_terrible/Sur_une_barricade,_au_milieu_des_pavés

 

Ces révolutions donneront lieu aussi à de profondes désillusions comme nous le verrons dans l’article suivant.

 

Repère à suivre : les profondes désillusions

 

 

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