30 Mars 2019
Dans l'écharpe rouge, Yves Bonnefoy parle de sa vocation d'écrivain, de sa culpabilité et de sa sublimation au travers de son œuvre. Lorsque l'autobiographie résout des difficultés. Une leçon d'art et de vie...
Repères : thème de l’autobiographie : étude
Dans l’article précédent, on comprend la cause de l’inachèvement de l’œuvre fragmentaire de « l’écharpe rouge ». La vocation poétique précoce de l’auteur a fait surgir un rapport particulier avec les mots.
L’auteur a consacré sa vie à la poésie qui n’a jamais été éloignée de son rapport avec son père. Il le dit : « J’étais sollicité de préserver dans ma vie à venir des emplois de mots dont mon père se sentirait incapable. Je parlerais cette langue plus avertie et lui n’en percevrait que le bizarre dehors, ce qui ne pourrait que le renfermer plus encore dans le discours triste de l’atelier, du souci quotidien, du journal qu’il tentait de lire, le soir venu. » (page 127)
Pourtant avec le temps, le poète prendra ses distances avec ces mots. Une ambivalence se fera jour. On peut concevoir que la culpabilité sourde le taraudait. Il confesse certes une affection, mais aussi « méfiance, sentiment d’un apport, mais aussi d’un leurre. » (page 133)
Le statut de l’écriture est double dans cette œuvre, à la fois, le siège de la vocation précoce du poète et la culpabilité sous-jacente du fils ainsi que l’on a tenté de le mettre en évidence. C’est aussi le moyen de sublimer l’erreur et la faute.
Il faut parvenir au chapitre 7 intitulé le tiers silence pour ce faire : « Maintenant je me crois autorisé à comprendre qu’avoir déçu une attente n’est pas nécessairement une faute. Ou plutôt que l’on peut réparer celle-ci. » (page 151)
Le rôle de l’écriture revient à fixer des événements mis enfin à jour, mais aussi à en rendre compte. C’est le projet de cette autobiographie lumineuse qui résout un nœud. C’est une œuvre de réconciliation, de témoignage et de paix.
Repère à suivre : la synthèse